Le raphia coute cher, contrairement aux pagnes ordinaires.

Publié le 17 août, 2020

Le raphia est un genre de palmier que l’on rencontre dans les milieux marécageux. Tissé, puis brodé, ce tissu naturel africain propre aux Didas en Côte d’Ivoire, est désormais utilisé pour des modèles modernes…

Il était généralement confiné dans les cérémonies traditionnelles. Notamment lors de la célébration de mariages, les fêtes de générations… Aujourd’hui, le raphia, tissus issus du palmier fait l’objet de touches particulières. De ces touches ressortent des modèles modernes dont des démembrés pour hommes, des bustiers pour femmes et bien d’autres.

Une visite de Voie Voix De femme chez la modéliste Levry Adele Kodjo, à Angré 8ème Tranche, à Abidjan-Cocody ce jeudi 13 août 2020, a permis de découvrir et de comprendre le mode de confection de ces produits merveilleux. Dans son art, la modéliste fait ressortir les dessins de la larme et du dé dans ses créations afin de maintenir sa culture. « Je découpe généralement l’étoffe lorsque je mélange le raphia au tissu.  Ensuite, je crée les modèles en attachant le pagne autour de moi-même. C’est une matière tellement précieuse que je ne veux perdre aucun morceau », explique la responsable de la structure Gnigbely (raphia en Dida). Elle exerce ce métier depuis dix ans. Un métier qu’elle a appris à l’issue d’une formation de modéliste qui a duré trois ans, auprès d’une styliste reconnue. Elle a obtenu le premier prix Côte d’Ivoire Tourisme en 2015.

Quant à sa matière première, elle vient de l’intérieur du pays, plus précisément du département de Divo. Levry Adèle Kodjo est également membre de la Fédération ivoirienne du textile traditionnel et elle travaille avec un tisserand.

Avec ses pagnes raphia, cette quinquagénaire offre ses services aux cérémonies de mariages. C’est elle qui habille les mariés. « J’ai habillé plusieurs artistes pendant leur mariage dont le zouglouman Soum Bil », se souvient l’artisane. Avant la COVID-19, elle recevait entre trois et quatre mariés chaque weekend. Mais la pandémie a fait chuter les choses.

Le raphia coute cher, contrairement aux pagnes ordinaires. A Gnibgéli, la tenue de raphia pour couple coute 350 000 FCFA. La location est fixée à partir de 150 000 FCFA. Il y a trois ans, fallait payer plus cher. La tenue pour le gros pagne estimé à 3 yards était à 450 000FCFA.

Ce prix élevé est dû au coût de production. Il est difficile de d’obtenir la matière. C’est au terme d’un travail fastidieux qu’on l’acquiert. « Le palmier pousse dans les marécages dans notre région. Il faut monter dans ces palmiers. Il y a des piquants et mêmes des serpents parfois. Rares sont les gens qui savent extraire le raphia. Il faut aller couper le rameau et enlever la partir dur, le balaie et la lamelle.   Il y a une technique pour extraire la fibre donc déjà c’est du boulot. On utilise ses fibres en touffe.  Les tisserands attachent la touffe à un arbre et ils tissent par croisée à l’aide d’une cuillère jusqu’à ce que ça sorte », détaille Levry Adèle Kodjo.

Pour la conservation des vêtements, la détentrice du premier prix Côte d’Ivoire tourisme 2015, conseille : « Le tissu s’effrite quand on le porte trop. Il faut le changer un an après utilisation. C’est un pagne qui ne se lave pas. Les pagnes tissés ne se lavent pas. C’est seulement ce qui est fait en fil qu’on lave. Je nettoie mes bustiers à sec ».

A cause de sa cherté, beaucoup optent pour la location de vêtements. « Lorsque je me mariais en 2017, mon époux et moi utilisions de vêtements de raphia loués. Nous n’avons pas payés moins de 200 000 FCFA. Si on devait acheter je n’imagine même pas le coût », s’en souvient Catherine Z., résidante à Marcory.

Marina Kouakou

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