Le Handball ivoirien a plus que jamais besoin de mecènes comme par le passé.

Publié le 12 octobre, 2020

Le handball féminin est à la croisée des chemins en Côte d’Ivoire. En effet, l’Africa, le RAC, Bandama Handball club (HBC) et la nouvelle reine du handball des dames en Côte d’Ivoire, Habitat HBC d’Abobo ne brillent plus sur le continent.

Pourtant les Dames faisaient la fierté de la Côte d’Ivoire sur le continent au nouveau de la petite balle. En effet, l’Africa des Namama Fadiga, Mariam Koné et autres ont remporté trois Coupe d’Afrique des clubs Champions (1991, 1992 et 1996 ), deux titres pour l’équipe féminine de l’ASC Bouaké (1983 et 1984 ) et un titre pour l’USC Bassam en 1989.

Au niveau de la Coupe d’Afrique des clubs Champions, les Aiglonnes du président Paul Gogoua totalisent 9 titres quand le Rombo Sports de Kpouêbo de feu le président Dicko Souleymane avait brillé sur le continent avec 4 titres. C’est dire que le handball féminin était un véritable pourvoyeur de trophées pour la Côte d’Ivoire.

Mais que s’est-il passé pour que le handball féminin soit, à présent, à la traîne ? Pour Aka Julienne, ancienne handballeuse et entraîneur du Rombo Sport de Kpouêbo, beaucoup de choses rentrent en ligne de compte. « Avant, il y avait des dirigeants financièrement puissants tels que Paul Gogoua à l’Africa, Dicko Souleymane du Rombo, Charles Legré du RAC. Ils avaient les moyens pour aller chercher des joueuses à l’international. C’est ainsi qu’on voyait des Congolaises, des Camerounaises et d’autres nationalités sur les pelouses des stades ivoiriens Cela faisait que le championnat était attractif. En notre temps, nous avons aussi bénéficié des bourses sport-étude donc on pouvait se donner au handball sans pression », se souvient Mme Aka.

Et de poursuivre : « Aujourd’hui les joueuses ne sont plus à l’aise. Pour avoir un terrain d’entraînement, c’est tout un problème. Il y a aussi le fait que certains entraîneurs veulent sortir avec les joueuses ».

L’avis d’Aka Julienne est également partagé par Noël Séka, président de Bingerville Handball Club. « Le Handball a plus que besoin de financement. Mais malheureusement, il n’est pas subventionné et cela a un impact négatif sur son évolution », explique le président Séka.

Il assure qu’il continuera de se battre pour soutenir ses équipes. « Je crois en cette discipline. Mais il faut que les pouvoirs publics nous soutiennent », plaide le président de Bingerville Handball Club.

Le coach de ce club, Koné Lacina ne veut surtout pas tomber dans le désespoir bien qu’il regrette que les jeunes filles athlètes qui se passionnent pour ce sport soit laissées à leurs seules charges. « C’est nous qui nous battons pour les encourager et les soutenir », confie le coach. Avant de plaider en faveur d’un retour des mécènes dans cette discipline, qu’il qualifie de sport intelligent. « Il faut que tout le monde s’intéresse au handball. Il faut que les Ivoiriens s’intéressent à ce sport qui forme nos filles », plaide Koné Lacina.     

Malgré les difficultés, le président de Bingerville Handball Club, Noël Séka, reste optimiste.

Pour Sigui Eva, capitaine de Bandama HBC le problème se trouve ailleurs. « Je pense que la formation n’a pas suivi. Au temps de nos devancières, la discipline bougeait mais il n’y avait pas de formation. Ce qui a fait que, quand elles ont pris leur retraite, la Côte d’Ivoire a reculé au niveau africain. Ce n’est que durant ces trois dernières années que les équipes ont commencé à former », fait-elle remarquer.

Faut-il le rappeler, la Fédération Ivoirienne de Handball (FIHB) contrairement au football n’accorde pas de subvention aux clubs. Ce sont les présidents de clubs qui se débattent comme de beaux diables pour trouver des financements pour faire fonctionner leurs clubs. La FIHB, elle, apporte une assistance au niveau de la formation des cadres et techniciens. « Nous avons un véritable problème de formation au niveau des formateurs. Si nous voulons améliorer notre discipline, il faut revoir la copie car le handball avance à grands pas. Nous avons donc sollicité la Confédération Africaine de Handball (CAHB) pour une formation qui fera beaucoup de bien à nos coaches qui doivent actualiser leurs connaissances pour mieux faire face à certaines situations sur le terrain », explique le colonel Aboubacar Karaboué président de la FIHB.

Des handballeuses « sauvées » par le handball

Pourtant, elles sont bien nombreuses, ces anciennes joueuses qui occupent aujourd’hui des hautes responsabilités dans l’administration ivoirienne. Qui, de la vieille époque ne se souvient pas des exploits de Kandia Kamissoko Camara, l’actuelle ministre de l’Education nationale et de la formation professionnelle ? On peut également citer Mme Koné née Mariam Koné, actuelle directrice de l’Office national des sports (ONS), Namama Fadiga, directrice exécutive de la CAHB, Namama Fadiga devenue Mme Allangba, Sigui Eva, responsable du Palais des Sports de Treichville… Autant de grandes figures du Handball qui témoignent bien que l’on peut jouer au handball et réussir sa vie professionnelle. Elles ont toutes su allier Sport et étude pour se hisser aujourd’hui à ce niveau de responsabilité. Unissant leurs forces, peuvent-elles sauver le handball ?

Ténin Bè Ousmane col Becanty N’Ko

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