Les acteurs du système éducatif s'accordent à reconnaître la particularité de cette année scolaire.,

Publié le 16 septembre, 2020

Prévue pour le 14 septembre 2020, la rentrée scolaire académique 2020-2021 se prépare activement dans un contexte de crise sanitaire doublée d’élection présidentielle sous tension.

A l’entrée de l’école primaire Mission libanaise à Adjamé, ce vendredi 4 septembre 2020, le couple Magassa se livre à une dispute qui ne laisse aucun passant indifférent. Il a accumulé des arriérés dans la scolarité de leur progéniture, l’année précédente. L’épouse, Stéphanie souhaite maintenir l’enfant dans cet établissement, alors que son mari, lui, veut tout simplement changer d’école. « Nous ne savons pas comment payer ce que nous devons déjà et tu souhaites qu’on le laisse ici. Je propose simplement qu’on règle les arriérés et qu’on change d’établissement vu que nos revenus ont chuté. Tu n’as pas à t’énerver », lui explique calmement son époux. Mais elle semble ne pas vouloir entendre raison. Elle invoque la qualité de l’enseignement dans cet établissement.   

Il est 10 heures. A l’intérieur de l’établissement, l’administration chôme pratiquement. Les inscriptions sont timides. Les parents y viennent à peine. La Directrice dudit établissement, Yapo Aguié Apie, comprend bien la situation. « Nous recevons trois à quatre inscriptions par jour. C’est là où se trouve notre crainte. D’abord de nombreux parents n’ont pu solder les scolarités l’année précédente à cause de la Covid-19. Nous étions obligés de faire main et pied pour la rémunération du personnel, notamment les enseignants. Comment s’en sortir et faire face à nos charges s’il n’y a pas d’entrée ? », s’interroge-t-elle.

 En ce qui concerne les dispositions pratique et administratives, elle fait savoir que tout se passera comme l’année dernière. « Les enfants vont reprendre leur place habituelle dans les salles de classes, puisqu’il n’y a plus de restriction où de distanciation. Mais, nous allons exiger le port du cache nez et le lavage des mains. Pour la réinsertion des épreuves physiques, nous attendons l’ordre de la hiérarchie », détaille-t-elle.

A quelques encablures de là, c’est-à-dire au Lycée moderne 1 Nangui Abrogoua d’Adjamé, les choses bougent beaucoup du côté de l’administration. Déjà à la tâche, les membres de l’administration s’attèlent déjà à l’établissement des emplois du temps. Comme la Mission libanaise, ils attendent les décisions hiérarchiques avant de statuer sur d’autres dispositions sécuritaires. Les craintes à leur niveau se situent au niveau du rendement scolaire qui n’avait pu achever le programme scolaire.

« Nous avons peur. Nous souhaitons que tout reprenne comme avant. En tant qu’enseignant nous sommes conscients qu’il y aura beaucoup de lacunes. Je salue l’initiative du gouvernement qui a prévu un temps de mise à niveau dans le découpage de l’année scolaire », espère Prince Joseph Kohi, l’Adjoint au chef de l’établissement.

Si l’administration s’inquiète des répercussions de la Covid-19, certains élèvent s’inquiètent en plus du climat politique. « Nous craignons également le climat politique qui peut causer davantage inconvénients en plus de la Covid-19 », se préoccupe, Pierre Koffi, un parent d’élève.

C’est en tout cas le sentiment du président de l’Organisation des parents d’élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (OPEECI). « La rentrée scolaire de cette année s’ouvre sur plusieurs problèmes. La présence de la Covid-19 et la situation sociopolitique très délétère. Ces questions plombent véritablement toutes les initiatives et ambitions pouvant être envisagées pour une rentrée de classe normale », relève Kadio Aka Claude. Pour lui, cette double crise sanitaire et politique devra être « surmonter », avant d’envisager une rentrée scolaire sereine. 

Plus concrètement, le président de l’OPEECI que les parents d’élèves, rendus vulnérables par la crise sanitaire soient soutenu financièrement. Il invite les autorités à régler les cas de suspension et de ponctions sur le salaire de certains enseignants, etc… Au plan politique, M. Kadio fait remarquer qu’ à cause des dernières manifestations de masse, beaucoup de voies sont obstruées à travers le pays. D’où les difficultés pour ceux qui sont allés en vacances à l’intérieur du pays de rejoindre les villes et vice versa ».

Tout comme les administrations, les enseignants attendent également les instructions de leur ministère de tutelle prévue se tenir le lundi 7 septembre prochain. «  Cette rentrée est particulière elle va se faire avec la pandémie. Nous avons demandé au ministère de la Santé un protocole de sécurité sanitaire à la disposition du système éducatif pour savoir comment gérer les élèves si d’éventuel cas se présentait au cours de la rentrée.  Il est prêt mais nous n’avons pas encore connaissance du contenu. Nous tiendrons une réunion avec la ministre de l’Education le lundi ( 7 septembre 2020). C’est à la suite de cela que nous allons arrêter des dispositions », explique Koun Kouassi, le Secrétaire général du Syndicat des enseignants de second degré de Côte d’Ivoire (Synesci).

De son côté, le gouvernement par l’entremise de la Ministre de l’Education nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle Kandia Camara prépare la grande réunion de rentrée scolaire académique qui se tiendra le lundi 7 septembre à partir de 9 heures au Lycée d’Excellence Alassane Ouattara de l’Amitié ivoiro-Chinoise de Grand-Bassam.

Tous les regards sont fixés sur cette réunion dont l’objectif est de lever les points d’inquiétude qui assaillent tous les acteurs du système éducatif ivoirien.

MK

Ajoutez votre commentaire