Les usagers se plaignent des augmentations anarchiques du prix du transport.

Publié le 4 août, 2020

Depuis l’avènement de la crise sanitaire de la Covid-19, les populations luttent pour leur survie. Et les déplacements deviennent de plus en plus un luxe, tant le prix du transport augmente de façon anarchique.

Ce Mardi 28 juillet 2020, la commune d’Adjamé grouille du monde. A cette heure, 10 heures, il est quasiment impossible de se frayer un chemin. C’est l’ambiance de tous les jours. Dans les gares routières, c’est pratiquement la bagarre entre les usagers, dès l’apparition d’un véhicule. « Plateau, Dokui, montez avec la monnaie 300 FCFA »,peut-on entendre crier ici et là, les apprentis  »Gbaka » ( minicars).

Le transport a    doublé sur la plupart des axes dans le district d’Abidjan. Entre Adjamé et Abobo, il oscillait entre 100 FCFA et 150FCFA. De la commune d’Adjamé à Yopougon, il faut débourser la somme de 300 FCFA au lieu de 200 FCFA. La ligne Adjamé-Bingerville est désormais facturée à 500 FCFA au lieu de 300 FCFA.

« D’habitude, je payais 300FCFA pour me rendre aux Deux-Plateaux ou je travaille. Ce matin, il est passé à 500 FCFA. Chaque jour, il y a de nouvelles augmentations », se plaint Mélo M. Cet homme qui réside à Bingerville depuis deux ans explique ces augmentations anarchiques par l’insuffisance de véhicules sur la ligne.

Les conducteurs de véhicule de transport expliquent cette augmentation par la crise sanitaire de la covid-19. Les mesures barrières imposées par le gouvernement exigent que tous les sièges ne soient plus occupés par les passagers. Dans les taxis, le nombre de passagers est limité à trois contre quatre. Les minicars doivent laisser une rangée de sièges inoccupée. « Nous avons un réel manque à gagner. Il faut bien combler ce vide. C’est ce qui fait qu’on augmente sur des lignes pour pouvoir amortir nos charges », soutient un chauffeur de taxi.

« II y a aussi les embouteillages », confie Salif C.  conducteur de gbaka. « Il y a trop d’embouteillage. Le temps des trajets augmente et cela ne nous arrange pas du tout. Quand c’est comme ça on augmente le transport. Il faut payer l’apprenti à au moins 5 000F CFA le jour, le carburant, les syndicats… ce n’est pas facile »,  défend le chauffeur de Gbaka.

‘’Ayez pitié pour nous, ça ne va pas on se débrouille’’

Ces augmentations des tarifs ne laissent personne indifférent. Les décisions ne sont pas toujours coordonnées. « Quand je me renseigne ont me répond que c’est comme ça désormais. Et que ça vient de ‘‘la haut’’ », fulmine Mélo M. qui plaide pour l’intervention des pouvoirs publics. « Nous demandons pardon. Ayez pitié de nous, parce que ça ne va pas. On se débrouille. Nous vivons au jour le jour. Il y a trop de mauvaises surprises », implore le jeune homme. Christiane A, résidante au Plateau-Dokui plaide également pour « la réduction immédiate des prix ». « Généralement on est limitée, et on ne sait plus quoi faire. Lorsqu’on veut sortir même on a peur », se lamente Christiane A.

Cette flambée du transport ne concerne pas seulement le district d’Abidjan. Les axes de l’intérieurs du pays ne sont pas épargnés. Le 17 juillet dernier, le prix du transport Abidjan-Abengourou a connu une hausse de 500FCFA. Il est désormais fixé à 4000FCFA au lieu de 3500 FCFA. D’Abidjan à Divo, il faut débourser maintenant la somme de 3500 FCFA au lieu de 3000FCFA…

Les transporteurs sont pourtant rassurants. Selon eux, les choses pourraient revenir à la normale. « Les prix initiaux pourront revenir après la fin des mesures de distanciation imposées dans le cadre de la lutte contre la propagation du Coronavirus. Ça ne sert à rien de dire à un conducteur de taxi de prendre trois clients au lieu de quatre. Un mètre n’existe pas dans une voiture », fait-remarquer le Président de l’Union des Fédérations des Syndicats Chauffeurs de Cocody (UFESC CO), Raymond Soumahoro.

L’unique contribution des conducteurs en cette période serait des dons de gels, à tous les acteurs de transport à Cocody, selon lui.

Contrairement aux véhicules de transports en commun privé, les transports en commun public (bus) ont maintenu leur prix intact c’est-à-dire 200 FCFA pour le prix minimum et 500 FCFA pour les prix maximum. Ce qui explique la forte utilisation des transports en commun public alors que la Covid-19 sévit toujours. « Nous n’avons pas le choix. Nous n’avons pas de moyens. Du coup nous sommes vraiment exposés », témoigne Adamo B., un abonné des bus Sotra.

Action de l’Etat

La baisse du prix du carburant devrait pourtant contribuer à maintenir les tarifs du transport à son niveau d’avant Covid-19. Conscient de la crise sanitaire, l’Etat avait appliqué certaines mesures pour épauler les transporteurs. En avril dernier, la direction générale des Hydrocarbures avait revu les prix maxima de détail des produits pétroliers. Le litre du super sans plomb et celui du gazoil étaient passés à 595 FCFA et 590 FCFA, au lieu de 625 FCFA et 610 FCFA. Des efforts qui n’amélioraient pas la situation. « Notre problème c’est les embouteillages et la réduction des places dans nos véhicules », insiste Salif.

En juillet dernier, ladite direction avait légèrement rehaussé les prix du carburant de 20 FCFA. Ainsi, les prix du super sans plomb et du gazoil sont passés à 600 FCFA le litre, au lieu de 580 FCFA fixé en juin dernier. Le pétrole lampant est encore resté inchangé à 555FCFA le litre l’ambiant.

Marina Kouakou

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