Le développement du football féminin est un défi en Côte d'Ivoire.

Publié le 21 septembre, 2020

En Côte d’Ivoire, le football féminin tarde à décoller effectivement contrairement à celui des hommes. Depuis plusieurs décennies le championnat national évolue en dents de scie.

Elles avaient honoré la nation, ce 7 octobre 2019 ! Les éléphantes de Côte d’Ivoire avaient éliminé, ce jour, le Nigeria, le mastodonte du football féminin en Afrique pour se qualifier pour le prochain tour des éliminatoires. Mais les joueuses de l’entraineur Clémentine Touré seront stoppées par le Cameroun au 4ème tour qualificatif pour les jeux Olympiques de Tokyo… Au-delà de cette défaite, le public avait pu découvrir le potentiel des athlètes Kpaho Nina, Coulibaly Fatou, Koko Ange N’Guessan, Kouassi Rosemonde et autres…

Pourtant derrière cette belle performance, le football féminin ne se porte pas du tout bien. Selon les informations dont VoixVoie De femme a eu accès, pour sa sélection l’entraineur ivoirienne de 43 ans a dû recourir à des athlètes expatriées. Et cela serait lié irrégularité des championnats nationaux. « Les filles ne sont pas arrivées dans les meilleurs délais. Sans avoir récupéré de leur long voyage, ni même avoir eu quelques séances pour parfaire les automatismes, elles ont été jetées dans la bataille. Conséquence, en dépit de la volonté affichée par les filles, l’équipe de la Côte d’Ivoire a présenté un visage moins cohérent que le Nigeria qui est en préparation depuis de longs mois. Avec une meilleure préparation, le résultat aurait certainement été tout autre. Mais il n’est pas trop tard pour bien faire », se console Céleste Koalia, journaliste sportif à lemondesport.ci.

Palmarès

SaisonChampionVice-champion
1985 à 1992inconnu
1993 à 1995non disputé
1996-97Juventus YopougonJC Abidjan
1998 à 2000inconnu
2001Juventus YopougonOmness Dabou
2002Juventus YopougonJC Abidjan
2002-03Juventus YopougonNabab Africaine Sinfra
2004Juventus YopougonAmazones Koumassi
2005Juventus YopougonAmazones Koumassi
2006Juventus Yopougon
2007Juventus YopougonAmazones Koumassi
2008inconnu
2009Juventus YopougonOmness Dabou
2010Juventus YopougonOnze Sœurs
2011Onze SœursOmness Dabou
2012Juventus YopougonOnze Sœurs
2013Omness DabouJuventus Yopougon
2014Onze SœursJuventus Yopougon
2015abandonné
2016non disputé
2017Juventus YopougonOnze Sœurs
source : Wikipédia

La Fédération ivoirienne de football (FIF), elle se félicite des efforts déployés pour donner du souffle au football féminin. « En 2011, il y avait six équipes. Nous avions, à notre arrivée, à la tête de la FIF, pour ambition d’avoir 10 équipes. Aujourd’hui, nous sommes à 21 équipes. 8 en ligue 1, 8, en ligue 2 et 5 en stand-by. De 6 nous sommes passés à 21. Dans l’histoire du foot féminin, on n’avait jamais joué une CAN.  Avec notre équipe on a joué une CAN et on a remporté la médaille de bronze qui nous a conduit pour la première fois à la coupe du monde au Canada. Aujourd’hui, nous avons vingt filles qui jouent à l’étranger », se félicite Sory Diabaté, vice-président de la FIF, et président de la ligue professionnelle. Qui reconnait qu’il reste tout de même beaucoup à faire.

C’est justement le sentiment des clubs. Fodé Sylla, président des Onze sœurs de Gagnoa pointe du doigt l’insuffisance de moyens. « Ce qui explique l’irrégularité des championnats nationaux, c’est le manque de moyen. Nous sommes obligés très souvent de nous battre avec nos propres moyens. Et ces jeunes filles qui se batent sur les terrains ne sont pas bien rémunérées. Nous avons consigné toutes nos difficultés dans un document que nous avons remis à la FIS », soutient le président des Onze sœurs de Gagnoa, le club le plus titré du pays. Le patron de cette équipe successivement championne durant ces trois dernières années pense que le football féminin devrait être davantage soutenu. Et il regrette la non-tenue de certaines promesses à leur faite. L’an dernier, la FIF avait annoncé des efforts supplémentaires pour soutenir la vingtaine de clubs du pays en Côte d’Ivoire. Le vice-président de la FIF avait annoncé de bonnes nouvelles à son retour de Zurich en Allemagne. « La FIFA  a décidé de décaisser de l’argent pour le football féminin. 50 000 dollars (25 millions de FCFA) pour la compétition UFOA et 50 000 dollars (25 millions de FCFA) pour le football ivoirien pour organiser les compétitions », avait-il révélé à la grande joie des acteurs du secteurs. A cette manne financière qui devaient régulariser le championnat national, la FIF envisageait l’augmentation de la subvention de 2,5 millions de F FCFA allouée aux clubs. « Nous attendons encore », espère Fodé Sylla.

Giness Ross, nommée en mai 2019 à la tête de la Commission du foot féminin, invite à croire en l’avenir. « J’ai trouvé une équipe au travail. Je viens ajouter ma touche », avait-elle promis peu après sa prise de fonction à la télévision nationale. « Sur le plan local, la FIF et me ministère nous assiste. Mais au niveau international, la FIFA a dégagé des moyens pour pouvoir rehausser le football féminin », s’est-elle félicitée. Au-delà de ces soutien, Giness Ross se tourne vers le public ivoirien. « Nous demandons à la population ivoirienne de s’intéresser au football féminin. Ce qui fait la force des autres pays c’est que les gens sortent pour motiver et soutenir les athlètes. Il faut que ce soit le cas en Côte d’Ivoire », plaide-t-elle.

Quant à la FIF, elle assure qu’elle mettra tout en œuvre pour que le championnat national du football féminin se déroule régulièrement, chaque année. « Il n’y aura plus d’interruption dans le football féminin. Il y a une année où nous avons connu une interruption. Une journée de football féminin nous coûte 2 100 000 F CFRA. Nous avions les moyens, mais les présidents de club se sont retrouvés et nous ont dit ‘‘ si vous ne nous donnez pas de subvention, on ne peut plus continuer’’ . C’est à leur demande que le championnat a été arrêté. Ce n’était pas parce qu’on n’a pas les moyens de financement, mais ce sont eux qui exigeaient une subvention », explique M. Diabaté.

Ténin Bè Ousmane

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