Publié le 14 mars, 2021

La Côte d’Ivoire n’a jamais été autant éprouvée. Huit mois seulement après le décès d’Amadou Gon Coulibaly, son successeur à la Primature, Hamed Bakayoko, tire sa révérence, le 10 mars 2021, en Allemagne. La dépouille mortelle a été accueillie, samedi, par des milliers d’Ivoiriens, sous le choc.

Quand, ce samedi 13 mars 2021, à 14 h 50, l’avion présidentiel s’immobilise sur le tarmac, l’aéroport Félix Houphouet-Boigny d’Abidjan-Port-Bouet est déjà bondé de monde. En majorité, de blanc vêtu. Assis devant le pavillon présidentiel, le couple présidentiel, Dominique et Alassane Ouattara, suivent la descente du cercueil couvert du drapeau Orange Blanc Vert, porté par des soldats de l’armée ivoirienne. La dépouille reçoit les honneurs militaires avant d’être acheminée dans le pavillon présidentiel. Sous le regard médusé du chef de l’Etat et de la Première dame…

Le Premier ministre Hamed Bakayoko, qui était également ministre de la Défense, avait été évacué en France le 18 février par avion spécial pour « raisons de santé », avant d’être transféré dans un hôpital en Allemagne début mars. Malgré son absence, il est très largement réélu député dans son fief de Séguéla.

C’est le lundi 10 mars que le député réélu de Séguéla décède dans sa 56e  année, dans un hôpital de la ville de Fribourg en Allemagne des suites du pernicieux cancer. Seulement huit mois après le décès de son prédécesseur, Amadou Gon Coulibaly.

Une perte énorme pour les Ivoiriens, qui au-delà des hommages, se sont mobilisé massivement, ce samedi 13 mars, pour réserver à la dépouille de l’illustre disparu, un accueil populaire sans précédent.

« Hamed Bakayoko s’en est allé. Personne n’est consolable. La Côte d’Ivoire est en pleur », a déclaré, la gorge étreinte, Bilé Diéméléou, le président de l’Autorité de la régulation des télécommunications. « Quand on nous dit que c’est le Premier ministre qui est dans ce cercueil qui vient d’être mis dans un corbillard, c’est un sentiment mêlé de révolte et d’impuissance qui m’anime. Mais, c’est la volonté de Dieu. C’est une grosse perte pour la Côte d’Ivoire, pour les artistes, les sportifs et la jeunesse », s’est effondré de son côté, l’artiste musicien, Noël Dourey.

« C’est une grosse perte pour la Côte d’Ivoire. Et la première personne à laquelle je pense, c’est le chef de l’Etat qui en moins d’un an, est éprouvé aussi fortement. Il a perdu deux grands hommes d’Etat, Amadou Gon Coulibaly et Hamed Bakayoko. C’est beaucoup de douleur pour lui comme nous le voyons », se lamente le ministre Bruno Koné.

Hamed Bakayoko était un homme proche des populations. Il parlait avec tout le monde toujours avec la même franchise. C’est cela qui avait fédéré tout le monde autour de lui. C’est cela la grande perte irremplaçable pour la Côte d’Ivoire. Il est parti trop tôt », a regretté l’ambassadeur de l’Union européenne, venu participer à l’accueil de la dépouille.

L’annonce du décès de l’homme d’Etat avait déjà suscité une terrible onde de choc en Côte d’Ivoire et bien au-delà. En effet, les hommages ont afflué et continuent d’affluer de partout dans le monde.

« Je rends hommage au Premier ministre Hamed Bakayoko, mon fils et proche collaborateur, trop tôt arraché à notre affection », déclarait le chef de l’État dans un communiqué lu à la RTI, la télévision publique. Alassane Ouattara faisait remarquer le caractère d’homme d’Etat de l’illustre disparu. « Il a servi la Côte d’Ivoire avec dévouement et abnégation, c’était un grand homme d’État, un modèle pour notre jeunesse, une personnalité d’une grande générosité et d’une loyauté exemplaire », s’effondrait l’ancien directeur général adjoint du FMI…

Élevé à la dignité de Grand-Croix

Samedi, après la séance de prière mortuaire, suivie du recueillement à l’aéroport FélixHouphouet-Boigny, le cortège de la dépouille a pris la direction d’Ivosep, la pompe funèbre d’Abidjan-Treichville, empruntant un boulevard Giscard D’Estaing assailli par des milliers d’Ivoiriens, consternés. Ce mercredi, selon le programme du protocole d’Etat, l’illustre disparu aura droit à une cérémonie d’hommage de la nation au palais présidentiel d’Abidjan-Plateau. Au cours de cette cérémonie Hamed Bakayoko sera décoré à titre posthume par le chef de l’Etat. Il sera élevé à la dignité de Grand-Croix de l’ordre national, la plus haute distinction du pays. Le lendemain, jeudi, le corps sera transféré à Séguéla où il sera inhumé parmi les siens à Séguéla.

Ténin Bè Ousmane

QUELQUES POINTS SUR LE PARCOURS HONORABLE DE L’HOMME D’ETAT

Journaliste à ses débuts

Journaliste de métier, Hamed Bakayoko a fondé en 1990 le quotidien ivoirien Le Patriote qu’il dirige pendant trois ans.

Il dirige la radio Nostalgie Abidjan de 1993 à 2000, année durant laquelle il devient PDG de Nostalgie Afrique.

Homme de culture et de la musique

Homme politique influent, l’ancien Premier ministre ivoirien était aussi très connu dans le milieu de la culture dans son pays. Un carnet d’adresse dans le domaine musical hérité de ses anciennes responsabilités à Nostalgie.

Il était en effet très proche du chanteur DJ Arafat décédé en 2019, d’Asalfo de Magic System et d’Alpha Blondy, de Tiken Jah Fakoly… Il était aussi connu comme étant un homme de réseaux avec des relations d’autres pays africains et européens.

Vie politique et gouvernementale

D’abord militant du Parti démocratique de Côte d’Ivoire ( PDCI), il rejoint le Rassemblent des Républicains (RDR). Il est l’un des membres fondateurs du RDR en 1994. C’est sous cette bannière qu’il devient ministre des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) dans le gouvernement de réconciliation nationale formé après les accords de Linas-Marcoussis en 2003. En 2011, il est nommé ministre d’Etat, ministre l’Intérieur par Alassane Ouattara, un poste qu’il quittera en 2017 pour occuper celui de la Défense.

À la mort de Gon Coulibaly en juillet 2020, Hamed Bakayoko est nommé Premier ministre. Il garde le portefeuille de la Défense jusqu’à sa disparition.

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