L’infertilité et l’incapacité sexuelle sont sources de multiples séparations de couples.

Publié le 23 juin, 2020

Selon le docteur spécialisé en fertilité, biologie et médecine de reproduction en vidéo chirurgie Clément Oussou de la clinique Procréa, structure spécialisée dans le domaine de la procréation, « 15% de patients en consultations viennent pour des cas d’infertilité. Les causes masculines et féminines sont estimées à 30% de part et d’autre, tandis que 40% sont des causes à multiples facteurs ». 

Celine Atta, la trentaine révolue n’a pas supporté l’infertilité de son ex-mari. Elle a regagné le domicile familial après une année et demie de vie commune. Elle en avait marre !

Pourquoi quitter le foyer comme ça ? Vous auriez pu l’aider à se soigner ? « Non », répond-t-elle. « Non seulement il est venu voir mes parents après quelques mois de fréquentation sans m’expliquer son problème. Il a fait la dot, et quand je suis arrivée chez lui il m’a informé qu’il ne pouvait plus faire d’enfant. Malgré cela j’ai décidé de l’aider mais il a toujours refusé », lâche-t-elle.

En plus de l’infertilité, l’époux de la jeune dame va présenter une incapacité sexuelle des mois plus tard. « Je suis resté un moment, je n’en pouvais plus puisqu’il ne se soignait pas je l’ai quitté finalement », raconte-elle.

En Afrique, la plupart des cas d’infertilité du couple est imputée aux femmes. Pourtant bien d’hommes présentent des incapacités de reproduction comme celui de Céline. Les femmes africaines rencontrent alors plusieurs difficultés liées à l’incapacité de procréation dont des stigmatisons de la société, des infidélités récurrentes…

Isabelle N’diaye, 44 ans en a fait l’expérience. Après une grossesse extra-utérine (GEU). Une Grossesses développée hors de l’utérus. Une trompe lui a été retirée. Plus tard c’est-à-dire en 2009, l’institutrice va apprendre après une coelioscopie ( examen gynécologique) qu’elle n’avait qu’une seule trompe et c’est elle qui avait été retirée. Son incapacité à procréer lui coutera des infidélités répétées de son homme qui a ramené 2 enfants hors mariage. « Les hommes sont ce qu’ils sont. Il est allé voir ailleurs, il a eu deux enfants. Le premier en 2007 et le deuxième en 2009. Ça m’a frustré, je me disais que c’était la fin de notre union. Puisque je ne pouvais pas procréer », s’en souvient isabelle devenue plus tard mamans de 2 garçons.

Ce que dit la loi à propos de l’infertilité

Une étude de l’ONG espérance maternité réalisée en 2018, a révélé 13 cas de divorce, 2 cas de suicides et plusieurs cas de dépression des femmes du fait de l’infertilité dans le couple. Depuis le 26 juin 2019, la loi n° 2019-570 relative au mariage considère ce fait comme un motif valable de nullité du mariage en son article 4. « Chacun des futurs époux doit consentir personnellement au mariage. Le consentement n’est pas valable s’il a été extorqué par la violence ou s’il n’a été donné que par suite d’une erreur sur l’identité physique ou civile de la personne. Le consentement n’est pas non plus valable, si celui qui l’a donné ignorait l’incapacité physique de consommer le mariage ou l’impossibilité de procréer de l’autre époux, connue par ce dernier avant le mariage », stipule ladite loi.

Ces cas ne constituent pas des cas de divorce, mais seulement de nullité s’ils sont avérés. Selon la juriste Rogatienne Degrou, l’ancienne loi ne permettant pas d’évoquer l’infertilité ou l’incapacité comme causes de nullité, « judiciairement certains conjoints évoquaient d’autres causes en vue de fonder leur demande de divorce ». Dans la pratique, ces cas constituent souvent des causes de répudiation dans le cadre des unions fait en concubinage.

 Pour obtenir la nullité du mariage, une action en nullité doit être intentée devant le tribunal compétent, soit par toute personne y ayant un intérêt, soit par le ministère public.

« Ce faisant, celui qui souhaite invoquer la nullité du mariage en se fondant sur ces cas de stérilité ou d’incapacité devra apporter la preuve que ces cas existaient avant le mariage et que le conjoint concerné était informé », fait savoir la juriste.

Marina Kouakou

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