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Publié le 3 octobre, 2022

Apo Koffi reste l’un des meilleurs sculpteurs ivoiriens. Loin d’être destiné à ce métier, il est aujourd’hui auteur de plusieurs œuvres de renom. Dans cette interview, le sculpteur partage son rêve pour le futur de son secteur d’activité.

Parlez-nous de votre métier ?

J’ai commencé très tôt. C’est au primaire qu’on réalise mon talent dans les dessins. À l’école, les couleurs et dessins m’influençaient à telle enseigne qu’à la maison plutôt que de lire et écrire, je faisais du dessin. Et du primaire jusqu’à mon entrée à l’école des Beaux-arts, j’ai été meilleur dessinateur. On m’appelait l’artiste déjà. J’ai vendu ‘’popito’’ pour payer mes études jusqu’à la sortie de l’école des beaux-arts. Je tenais à mes études. Je ne voyais pas dans le miroir de l’échec. D’ailleurs, je n’y avais pas droit. À l’école des arts, c’était la peinture, l’architecture. J’avais la main. Et donc pour les proches, ce serait la peinture pour moi. Mais, je me rends compte que je n’ai ni argent pour acheter des pinceaux, peinture, etc. encore moins l’argent pour m’acheter un ordinateur pour faire l’architecture. Or, l’argile était fournie par l’école. C’est ainsi que j’ai fait le choix de la sculpture. Mais aujourd’hui, grâce à la sculpture, j’ai voyagé, j’ai franchi des portes.

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Avez-vous déjà reçu des distinctions ?

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J’ai reçu le prix du jeune talent émergent aux Oscars des entreprises émergentes. Aujourd’hui ma sculpture, je l’oriente plus vers l’entrepreneuriat. J’ai l’habitude de le dire, je suis un entrepreneur et non un artiste. 

Quelles sont les matières que vous travaillez ?

J’ai décidé de travailler beaucoup plus le polyester. Quand il est travaillé, il donne l’apparence du marbre, du bronze et également d’une œuvre reconstituée. Il permet d’aller plus rapidement dans les tâches. Il est aussi résistant. En dehors de cela, je travaille l’argile, le bois. 

Les perspectives ?

C’est de me battre pour trouver un cadre qui va réunir le maximum de sculpteurs. Je souhaiterais une bonne collaboration entre nouvelle et ancienne génération de sculpteurs. Notre domaine est moins promu aujourd’hui. On n’a pas de promoteur. Je souhaite une bonne communication au sein de notre secteur. Mais si on reste dispersé, le secteur ne pourra pas évoluer comme nous le souhaitons. Créer une véritable entreprise de collaboration de sculpteurs. Afin que nous formions un dans ce métier de sculpture que nous avons choisi.  

C’est quoi le CRSA ?

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C’est une structure d’innovation artistique en Côte d’Ivoire. Elle est axée sur la recherche et le développement, la formation et la réalisation d’œuvres sculpturales : monument-portrait-trophée. Notre originalité tient compte du cadre, du matériel à utiliser et la circonstance. Notre particularité : l’intégration de la technologie selon le besoin. Notre équipe, performante et très rapide.

Au départ : ‘’Pinso’Art’’ en 2011, ‘’Art Zone’’ en 2013 et CRSA en 2016, cette structure est née pour perpétuer ce traditionnel art (la sculpture) du domaine de la création artistique. Face à un monde qui innove, la sculpture en local semble statique. En participant à l’amélioration de notre quotidien, le CRSA lie l’utile et le beau. Notre expertise générale est l’association de l’art et la technologie pour un monde meilleur.

Une manière pour nous de considérer et d’associer les autres domaines de créativité pour une vraie innovation. La structure résout presque toutes les questions spécifiques à l’utilisation d’un matériau et l’œuvre à réaliser en sculpture. Elle ouvre également ses portes à toutes collaborations extérieures dans le partage du savoir-faire, œuvré pour le développement collectif et durable. 

Un appel ?

Dans notre monde, des personnes ont échoué parce qu’elles n’ont pas obtenu les ressources nécessaires à leur réussite. Cela pourrait paraître du cas de la sculpture dans notre milieu africain comparé aux autres spécialités artistiques. L’innovation, qui bat son plein dans tous les domaines de la créativité, est à point nommé pour la relance de ce domaine qui développe, enrichie, sensibilise, perpétue et valorise notre patrimoine culturel. Nous sommes prêts et engagés pour redonner vie à la sculpture chez nous par la voie de la technologie.

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Interview réalisée par Mam Ouattara 

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