A Gagnoa, les activités économiques ont repris, à la grande joie de acteurs du vivrier.

Publié le 25 novembre, 2020

Le mot d’ordre de désobéissance civile lancé par l’opposition politique Ivoirienne a porté un coup dur à l’économie nationale. A présent, les choses reprennent et le secteur des produits vivriers, tenue en grande partie par les femmes, commence à oublier cette semaines sombre.

A Gagnoa, les activités économiques ont repris, à la grande joie des acteurs du vivrier. Il y a deux semaines tout était à l’arrêt. A cause de la crise politique de l’élection présidentielle, il était impossible de ravitailler les marchés des grandes villes de la région du Gôh et d’autres villes du pays. Cette région est en effet réputée être un réservoir de produits vivriers. Des militants d’une partie de l’opposition politiques avaient bloqué toutes les routes et pistes qui mène dans les campagnes. « Il fallait tout garer. C’était difficile », témoigne Ousmane Konaté, chauffeur d’un véhicule 10 tonne, qui se souvient de cette journée difficile du 2 novembre où il a été contraint de rebrousser chemin sur l’axe Gagnoa-Lakota, alors qu’il revenait de la brousse avec un chargement de produits bananes, manioc…. pour ravitailler le marché de la capitale régionale. Malgré ses supplications, ses interlocuteurs étaient restés inflexible. « Je n’y pouvais rien. Je n’ai pu écouler ma marchandise », regrette-t-il. Cette semaine, il a enregistré une perte énorme.

Économie paralysée

Ces exemples, sont hélas nombreux. Les femmes qui sont les plus actives dans ce secteur en ont fait les frais. « C’était un moment difficile pour les femmes sur les marchés. Ignames, bananes, graines… Tout manquait parce que les femmes avaient  peur de se rendre en brousse pour chercher les marchandises », déplore Dion Mathilde, présidente de la Fédération des associations féminines du Gôh. Selon elle, les chefs des différentes communautés avaient recommandé à ces femmes de s’abstenir d’aller en brousse. Pour leur sécurité, on leur avait demander d’attendre que le front social s’apaise. Certaines associations avaient d’importants stocks de banane, manioc, igname, riz, dans les campagnes. « Beaucoup de nos produit ont pourri en brousse », fait remarquer Dion.

Chez les ménages, on commençait à se plaindre de la hausse du prix des denrées alimentaires. « Le panier de la ménagère avait pris un coup. Le tas de piments qui était à 50 francs est devenu 100 francs, pour une quantité inférieure. C’est encore plus grave avec la graine de palm. Le prix de la boîte variait entre 400 et 500 francs. Alors qu’en temps normal, cela se vend à 200 francs », raconte la présidente de cette structure qui revendique une centaine d’associations, couvrant les départements de Gagnoa et d’Oumé.

Elles venaient pourtant de recevoir des mains du président du Conseil régional du Gôh, Joachim Djédjé Bagnon, des tricycles pour leur permettre d’exercer des activités génératrices de revenus. Mais il fallait attendre et espérer que les choses rentrent dans l’ordre. « Nous avons reçu au total 36 tricycles pour le département de Gagnoa où il y a 12 sous-préfectures. Chaque circonscription a donc eu 3 tricycles pour le compte des associations féminines », annonce-t-elle avec fierté. Mais s’empresse d’ajouter madame Dion, ces engins n’ont pas pu véritablement travailler à cause de cette crise. « Les villages n’étaient pas accessibles pour que les femmes achètent les vivres, en brousse et venir les revendre en ville. C’est un énorme manque à gagner pour notre fédération. Depuis le déclenchement de la crise, nos tricycles sont garés », regrette la présidente. Qui se réjoui de pouvoir utiliser ces engins à présent.

Flambée des prix

L’absence des vivriers sur les marchés ont contraint certaines restauratrices à baisser rideau. « Quand on arrive sur le marché, on ne sait pas ce qu’il faut acheter pour cuisiner dans le restaurant. Les condiments qu’on trouve sur les étals des vendeuses sont à des prix excessifs. Même le prix du poisson a augmenté. Avant, j’achetais 3 poissons à 1000 francs. Aujourd’hui c’est une affaire de 2 poissons à 2000 francs. A cette allure, je ne pourrai pas m’en sortir dans mon commerce », déclarait Akissi Ndri, restauratrice. Elle avait tout simplement fermé, le temps que les choses rentrent dans l’ordre. Heureusement, les choses sont rentrées dans l’ordre.

Heureusement, depuis le début de la semaine du lundi 23 novembre, les choses commencent à s’améliorer. Avec l’implication des autorités politiques, les barrages sont levés. Timidement, les marchés reprennent. Les premiers véhicules qui vont en brousse, reviennent avec des marchandises diverses pour les consommateurs. A la grande satisfaction des ménagères. « Actuellement, le marché est inondé d’aubergines. Conformément à la loi de l’offre et de la demande, le prix de l’aubergine a énormément chuté. Avec 200 francs, on peut faire une sauce pour toute la famille », se réjouit Kossia Amenan, ménagère à Ahizabré. Elle note qu’en dehors des aubergines, l’on retrouve sur le marché dudit village, toute sorte de denrée alimentaire. Le constat est pareil sur les marchés de la ville.

Espoirs de la reprise

Au marché « manioc » de Gagnoa par exemple, les véhicules de type Kia déversent sur place, des chargements de cette tubercule, en provenance des zones rurales. « Dans la plupart des villages du département, le vendredi est réservé au jour du marché. Nous en profitons pour faire nos emplettes dans différents villages. Là-bas, on achète les marchandises à des prix relativement intéressants. Puis nous les revendons sur le marché local. Les bénéfices que nous en tirons-nous permettent de nous occuper de nos familles », soutient Touré Karidja.

Depuis plusieurs années, la mère de 5 enfants est dans l’activité communément appelée « Lôgôdougou ». Ce travail consiste à parcourir les villages et campements pour collecter le maximum de produits vivriers, en vue de ravitailler les marchés en ville. C’est de cette façon que dame Touré parvient à subvenir aux besoins de sa famille.

Ce jeudi 19 novembre 2020, dame Touré Karidja et toutes les autres femmes de Gagnoa, qui vivent du commerce du vivrier n’ont plus qu’un seul souhait : que les acteurs politiques trouvent un terrain d’entente. Histoire de leur permettra de mener en toute quiétude leurs activités économiques. L’autonomisation de la femme en dépend.

Alain Doua

Ajoutez votre commentaire