Le taux d'allaitement maternel "sans eau" est encore faible.

Publié le 5 octobre, 2020

Malgré les avantages de l’allaitement maternel, bien de nourrissons en sont privés pour diverses raisons. Et quand il bien-même ils ont accès à ce trésor naturel, ces bébés n’y sont pas servis selon les normes recommandées.

« Où que vous soyez, quels que soient vos moyens, que votre enfant soit né à terme ou prématuré, l’allaitement est un cadeau que vous seules pouvez faire à votre enfant », exhortait, le 18 novembre 2019, Daniel Kablan Duncan.

Alors Vice-président de la République de Côte d’Ivoire, M. Duncan lançait simultanément ce jour à Abidjan, deux campagnes sur l’allaitement du nourrisson : la première plutôt régionale portait sur l’allaitement maternelle ‘‘sans eau’’. Elle était portée par les partenaires internationaux, notamment l’Unicef, la Banque africaine de développement et l’ONG « Alive an Trive ». La deuxième, plutôt nationale insistait sur la promotion de l’allaitement et la stimulation précoce.

Aujourd’hui, près d’un an après, l’allaitement maternel « sans eau », demeure peu pratiquée par les mamans en Côte d’Ivoire. Pour les praticiens, il faut faire la différence entre l’allaitement naturel exclusive « sans eau » qui est fortement recommandé et l’allaitement maternel tout cour qui consiste à donner le sein à son bébé.

En Côte d’Ivoire, le taux d’allaitement exclusif, donc sans eau, à six mois est de 12 %, selon l’Unicef. Un taux encore faible.

Aujourd’hui, de nombreuses mères continuent de croire aux pratiques traditionnelles. Très souvent, dès la première semaine de naissance, les bébés reçoivent des gouttelette d’eau tiède comme boisson, en plus du lait maternel.

« Je peux affirmer que toutes les femmes donnent le sein à leurs bébés. Mais c’est l’allaitement exclusif pour les enfants de moins de six mois qui n’est pas encore bien pratiqué », explique Chantal Louhan, secrétaire générale adjointe du Syndicat des sage femmes de Côte d’Ivoire. « Beaucoup de femme ajoutent souvent des goûtes aux lèvres de leurs bébés. Et cette pratique est encore largement encrée dans les esprits », fait remarquer la sage femme en service au CHU d’Abidjan-Cocody.

« Le lait maternel contient à lui environ 90% d’eau. A lui seul le bébé se développe mieux », soutient-elle, non sans préciser que c’est après six mois que les bébés peuvent être alimenté, en plus du lait maternel, avec d’autres denrées. « Ceux qui donne de l’eau aux enfants avant six mois mettent leur santé en danger ».

Les avantages

« L’allaitement maternel exclusif permet le meilleur développement de l’enfant. Ce lait naturel possède une substance riche et des anticorps bénéfiques pour la protection du bébé. Il protège au maximum le nourrisson ou l’enfant contre les infections digestives, urinaires et pulmonaires. En plus de cela, il contient un laxatif qui aide les premières selles du nourrisson. Toute mère doit allaiter son enfant. Sinon elle l’expose aux plus grands risques », explique le Dr Serges Ahouman, médecin-pédiatre au CHU de Cocody.

Le déclin du lait artificiel

Aujourd’hui, grâce à la sensibilisation, l’allaitement artificiel est de moins en moins utilisé. « On est parfois obligé d’y recourir pour différentes raisons : grave maladie ou décès de la mère. Mais l’allaitement artificiel demande une hygiène rigoureuse. Une véritable surveillance médicale. C’est donc un allaitement difficile à pratiquer. Ce sont des laits complètement réduits en poudre et que l’on reconstitue avec de l’eau bouillie ou minérale. La boite de lait doit toujours être tenue fermée et mise dans un endroit frais. On donne 6 biberons pendant les quatre premiers mois. Ensuite 5, puis 4, à heures régulières. », explique le pédiatre.

Recours au tire-lait

Aujourd’hui, les femmes économiquement actives peuvent continuer à fournir le lait de leur sein à leurs enfants. Ces femmes fonctionnaire d’État ou du secteur privé, donnent à téter à leurs nourrissons, chaque matin avant de se rendre au bureau. Et le bébé doit attendre à la descente pour reprendre le sein de sa mère. En leur absence, c’est une nounou qui s’occupe de lui donner le biberon en cas de besoin. « Mais, précise M. B., c’est bien du lait naturel qu’on donne à mon enfant durant mon absence ». Grâce à un tire-lait, un appareil en vente en pharmacie, elle extrait son propre lait qu’elle conserve dans un biberon. C’est également ce que pratique S.P, mère d’un bébé de trois mois. « J’ai connu le tire-lait par le biais de connaissances. Cet appareil m’apporte un grand soutien, car pendant mes absences, il me permet de tirer mon lait afin de nourrir mon enfant. Son utilisation est très facile et ne me fatigue pas. Je me sens bien en l’utilisant », se réjouit-elle.

Un tire-lait est un appareil servant à extraire le lait du sein d’une femme qui allaite. Il est composé de pompe, d’un réservoir et d’un embout. Il facilite l’allaitement maternel du nourrisson. Après la reprise du travail de la mère, le tire-lait évite l’interruption de l’allaitement maternelle au profit du lait artificielle. Lorsqu’une mère est césarisée. Elle a des difficultés à s’asseoir pour donner à téter à son bébé. Grace à cet appareil le lait est extrait puis offert au nourrisson.

« C’est juste le bout du sein de sa mère qu’il n’a pas. Sinon, c’est bien du lait naturel qui est servie à l’enfant », explique le médecin-pédiatre du CHU de Cocody qui estime qu’il n’y a plus de raison pour une mère de donner du lait artificiel à un enfant, si la mère est en bonne santé.

Cet appareil n’est pas connu de tous, comme l’atteste la secrétaire générale ajointe du syndicat des sages-femmes. « Le tire-lait n’est pas inclus dans la formation des sages-femmes. Nous conseillons uniquement aux mères l’allaitement maternel direct via le sein », justifie-t-elle. « Et surtout ne pas lui donner de l’eau avant l’age de six mois », insiste Mme Louhan

TBO avec Audrey Apie ( stagiaire)

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