Publié le 15 février, 2021

En février de chaque année, le monde entier se souvient des millions de personnes souffrant d’épilepsie. Cette maladie neurologique qui se traduit par une activité électrique anormale du cerveau touche surtout les enfants, les adolescents et les personnes âgées à des degrés divers. Ses crises imprévisibles attirent sur les victimes un bien singulier regard.

La crise de Bilal a gâché la fête ce 31 décembre. Alors que le quarteron d’adolescents s’apprêtait traverser l’année, cette nuit mouvementée de 2019, dans ce bar d’Abidjan-Cocody, l’un d’entre eux est subitement devenu méconnaissable. Bilal, pourtant jovial, s’est tout à coup raidi, avant de s’écrouler au sol. Sa respiration devient bruyante, s’intensifie. Allongé à même le sol, l’adolescent de 16 ans est sujet à de forte secousses… La scène dure un quart d’heure, arrachant des pleurs chez ses camarades. Il est encore 21 heures… Cette crise d’épilepsie imprévisible n’avait pas seulement terni la fête. Elle avait révélé la maladie qui éprouvait de ce jeune homme depuis sa petite enfance. La plupart de ses amis venait de le découvrir !

L’épilepsie est une maladie neurologique qui touche 50 millions de personnes dans le monde. En Côte d’Ivoire, elle frappe environ une personne sur 150 (environ 150 000 sur les 25 millions d’habitants du pays), selon le Professeur Espérance Goualé, neurologue à l’hôpital catholique Joseph Moscati de Yamoussoukro. Cette expertes, enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, interrogée par OMCIINFO, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre cette maladie, explique la survenance de ces crises par le fait qu’une partie du cerveau commence à fonctionner de façon anormale. « Ceci va se manifester par des convulsions le plus souvent, mais par un ensemble de signes qui traduisent une atteinte neurologique. C’est ce qu’on appelle communément la maladie de l’oiseau ».

Les signes de la maladie sont très variables. Et se manifeste en plusieurs crises. Il y a entre autres la grande crise appelée crise tonico-clonique généralisée, l’arrêt des activités appelée absence. « La crise tonico-clonique est spectaculaire. Elle se déroule en trois phase : nous avons la phase tonique où le sujet se raidit pousser un grand cri et tomber ; Il y’ a ensuite la phase des secousses et la troisième phase le sujet se relâche, perd les urines et avoir une respiration bruyante. Il va ensuite s’endormir profondément. Et se plaindre de maux de tête », détaille le professeur Goualé. Qui insiste sur le fait qu’il existe plusieurs types d’épilepsies.

L’épilepsie n’est pourtant pas contagieuse comme le redoutent une certaine opinion. Mieux, la maladie se soigne dans certains cas. « Dans la majorité des cas, les traitements permettent d’arrêter les crises », indique la neurologue de l’hôpital Moscati. Assurant qu’il existe bien des traitements chirurgicaux et des mesures d’hygiènes de vie très efficaces préconisées par les médecins traitants.

Cette maladie est stigmatisée à tort. Selon les spécialistes la méconnaissance de l’épilepsie et les idées reçues qu’elle entraine exposent les victimes à la discrimination sociale. « Beaucoup de camarades de Bilal ont peur de le fréquenter. Tous ceux, devant qui il a déjà fait une crise ont cessé de venir chez nous », confie Ibrahim, l’ainé de jeune Bilal, dont l’état de santé s’améliore.

« L’épilepsie n’empêche pas d’avoir une vie sociale et professionnelles. Il suffit de bien prendre ses traitements et de s’adapter à l’environnement », conseil le professeur Espérance Gouali.

Ténin Bè Ousmane

Bon à savoir sur l’épilepsie

L’épilepsie est une maladie contagieuse.

FAUX : elle relève d’un dysfonctionnement temporaire intermittent du cerveau. Les crises sont le résultat de décharges électriques excessives dans un groupe de cellules cérébrales (neurones).

L’épilepsie est une maladie mentale.

FAUX : c’est une maladie neurologique. Mais au cours d’une crise, ou à son décours immédiat, un patient peut présenter des troubles du comportement ou des automatismes gestuels qui peuvent fausser le jugement et faire croire à une maladie mentale.

C’est une maladie à vie.

VRAI/FAUX : certaines épilepsies de l’enfance guérissent spontanément. D’autres formes d’épilepsie peuvent être opérées et donc définitivement guéries. Mais elles représentent encore peu de cas.

Cette maladie peut toucher n’importe lequel d’entre nous.

VRAI : une épilepsie peut être provoquée par n’importe quelle maladie du cerveau ou une lésion cérébrale (malformation congénitale, encéphalite, traumatisme crânien, tumeur, séquelles d’une souffrance à la naissance…) mais tous les patients atteints de la même maladie du cerveau ne développeront pas pour autant une épilepsie. Il y a encore beaucoup de cas pour lesquels la cause n’est pas identifiée. Cette maladie peut intervenir à tout âge.

Les facteurs psychologiques sont susceptibles de faciliter l’apparition de crises.

VRAI : les facteurs psychologiques, les émotions, le stress sont des facteurs déclenchants de crises mais ils ne peuvent pas en être la cause.

La présence répétée ou prolongée devant un écran est contre-indiquée.

FAUX : le risque de déclenchement de crises par des stimulations lumineuses ne concerne qu’un petit nombre de personnes dites photosensibles.

On peut prévenir les crises.

FAUX : dans la très grande majorité des cas, les crises surviennent de façon imprévisible. Pour 70% des malades, un traitement approprié contrôle ou supprime les malaises épileptiques. La stricte observance du traitement et une bonne hygiène de vie (éviter le manque de sommeil, le stress, l’alcool…) contribuent à l’efficacité du traitement.

On doit tenter de maîtriser une personne atteinte de malaise épileptique.

FAUX : il faut allonger la personne et dès que possible la mettre sur le côté en position latérale de sécurité, protéger sa tête contre d’éventuelles blessures et, surtout, ne pas tenter de bloquer ses mouvements ou de mettre un objet dans sa bouche.

Avec une épilepsie on peut mener une vie normale.

VRAI : sous réserve du respect des quelques règles simples mentionnées ci-dessus et d’une stricte observance du traitement.

Avec une épilepsie, on peut conduire.

VRAI/FAUX : avoir une épilepsie ne signifie pas toujours interdiction du permis de conduire. Des dispositions légales précisent les conditions d’obtention du permis dans lesquelles est indispensable l’avis du neurologue.

Avec une épilepsie, une femme peut avoir des enfants.

VRAI : dans la majorité des cas, l’épilepsie et son traitement n’empêchent ni la vie de couple, ni le mariage, ni la maternité. Une surveillance particulière sera nécessaire avant et pendant la grossesse.

Avec une épilepsie, on peut exercer tous les emplois.

FAUX : le choix de l’activité professionnelle tiendra compte des facteurs de risques ; cependant la très grande majorité des personnes souffrant d’épilepsie peuvent mener une vie professionnelle normale.

Les voyages et le sport sont déconseillés.

FAUX : Sous réserve de quelques règles de prudence c’est possible :

  • avis médical
  • présence d’un proche ou d’une personne avertie des troubles
  • évaluation des risques.

VoixVoie De Femme avec Fondation Epilepsie

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