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Publié le 23 août, 2022

On l’a tous chez nous, dans sac à main, partout où nous allons. Il nous soulage contre les douleurs qui surviennent brusquement. C’est donc un compagnon médical qu’on utilise à tout moment, à toutes les occasions. Or, les derniers résultats cliniques sur l’utilisation du paracétamol révèlent que mal utilisé, ce médicament peut être dangereux et même mortel…

La mort de Naomi Musenga, décédée le 29 décembre à 22 ans après avoir été raillée au téléphone par une opératrice du Samu de Strasbourg, est « la conséquence d’une intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours », avait indiqué la procureure de cette ville, Yolande Renzi. Selon elle, « La destruction évolutive des cellules de son foie a emporté une défaillance de l’ensemble de ses organes conduisant rapidement à son décès ».

Avec l’affaire Naomi Musenga, de nombreux spécialistes sont sortis de leur silence pour avertir contre l’utilisation abusive de ce médicament et ses dangers.

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« Le paracétamol, c’est la meilleure et la pire des choses. C’est un médicament anodin, très bien toléré dans 99,999% des cas mais qui devient une arme extrêmement dangereuse quand il est utilisé en dehors des clous », a expliqué le pharmacologue François Chast. « C’est comme un couteau de cuisine : c’est un outil efficace et sans danger quand on le tient par le manche, mais si on est maladroit, on peut se couper », ajoute-t-il.

Doses excessives, conséquences graves

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « une dose unique de 10 à 15 grammes suffit à provoquer une nécrose hépatique pouvant être mortelle ». C’est pourquoi le paracétamol est souvent utilisé dans les suicides.

La dose maximale est 3 grammes par 24 heures, en espaçant les prises.

« Quand on prend 4 grammes par jour pendant plusieurs jours, en particulier si on consomme de l’alcool en même temps, c’est de nature à provoquer une hépatite médicamenteuse dite fulminante, c’est-à-dire radicale rapidement », souligne le Pr Chast. Il s’agit d’une urgence, qui nécessite l’administration d’une molécule appelée N-acétylcystéine. Faute de traitement rapide, cette affection du foie peut être fatale.

Et pourtant, Doliprane, Dafalgan, Efferalgan… de nombreux médicaments à base de paracétamol sont vendus sans ordonnance et couramment utilisés contre les douleurs et les fièvres. Mais à doses trop élevées, cette substance peut s’attaquer au foie.

Les conséquences d’une surdose de paracétamol

Une surdose de paracétamol provoque d’abord des « signes discrets d’irritation gastro-intestinale », selon l’OMS.

Ils « sont généralement suivis deux jours plus tard d’anorexie, de nausées, de malaise, de douleurs abdominales, puis de signes progressifs d’insuffisance hépatique et, finalement, de coma hépatique ».

Une centaine de transplantations hépatiques chaque année en France

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Selon une source médicale, chaque année en France, près d’une centaine de transplantations hépatiques sur environ 1200 au total sont liées à une intoxication au paracétamol. « C’est une proportion considérable, tout ça pour un mésusage d’un médicament réputé anodin », déplore le Pr Chast qui estime que même si on est vigilant, on peut parfois dépasser la dose maximale sans le savoir.

Mieux informer sur les dangers du paracétamol

De l’avis du professeur Jean-Paul Giroud, il existe 200 médicaments qui contiennent du paracétamol. Pour lui, il faut éviter par exemple d’en prendre deux, l’un prescrit par un médecin et l’autre en automédication. Sinon, vous risquez de vous retrouver à des doses supérieures à 4 grammes par jour.

Le professeur Giroud plaide pour une meilleure information du grand public sur les dangers potentiels du paracétamol : « il y a un problème d’information pour lequel je me bats depuis 40 ans, mais on ne peut pas dire que les pouvoirs publics s’en saisissent. C’est à eux d’insister là-dessus », décrit-il la situation.

Depuis lors, les associations de consommateurs et des structures comme l’Oms, exigent que sur les emballages soient mis des avertissements tels : « Abus dangereux pour la santé » ou « L’utilisation abusive est dangereuse pour votre santé ». En Afrique, et particulièrement en Côte d’Ivoire, cette révélation n’a pas encore ému nos dirigeants qui n’ont fait aucune déclaration officielle ni informé sur les dangers de celui-ci. 

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Djolou Chloé et l’Afp

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