Les femmes ont toujours jouyer un rôle indéniable dans l'équilibtre des foyers en Afrique. ph: 123 FR.com

Publié le 16 juin, 2020

La contribution des deux conjoints aux charges des familles ne fait pas toujours l’unanimité. Alors que cela coule de source dans certains ménages, la question débouche souvent sur des conflits…

Loi ou pas, tradition ou pas. Rachel A.  ne veut pas contribuer aux charges de son couple. Pourquoi ? Sa foi religieuse l’a toujours éduqué au fait qu’il appartient à l’homme de prendre soin de sa famille. « Il m’a épousé donc il doit tout assumer », dit-elle avec fermeté.

Pour sa dot, la jeune femme se souvient que ses parents ont exigé douze complets de pagne… En acceptant de convoler en justes noces avec son soupirant, Rachel A. croit avoir assez fait de sacrifice. Ce mariage ne l’a-t-elle pas fait renoncer à tant de projet ? « Mon projet principal était de quitter le pays. Et il a ensuite fait sa demande. Pour lui, je suis restée, alors j’ai demandé tous ces pagnes, il les a achetés. Il a également fait face aux autres dépenses. Je n’ai dépensé aucune somme. C’est lui l’homme non ? », raconte-t-elle.

Résistance à la participation aux charges

A propos de la loi sur l’égalité des sexes dans le couple, la jeune dame qui ne veut entendre raison suppose que « les hommes matures, qui veulent vraiment se marier devraient être prêts. Ceux qui bavardent beaucoup et brandissent la loi sont des plaisantins ».

Rachel soutient cette position parce qu’elle n’avoir rien inventé. « Mon père s’est toujours occupé de tout à la maison et c’est comme ça que tout devrait fonctionner. Ma mère, si elle le voulait nous achetais des trucs. Mais cela n’a jamais été une obligation. Et je pense que c’est ce qui a toujours existé pour les femmes en général, je ne crois pas que ce soit une obligation traditionnelle », lâche-t-elle.

Il existe bien de personnes, comme Rachel qui pensent que la femme a toujours été à la remorque de l’homme. Pourtant il suffit de regarder en arrières dans les pratiques culturelles pour se rendre compte que la femme a toujours joué un rôle dans l’équilibre de la famille. Et en dépit de la modernité, ces pratiques n’ont jamais cessé.

A Divo, chez les Didas, les femmes ont toujours un champ de vivriers à côté de la plantation de cacao ou de café de leurs maris. Les hommes ne font pas de champs de vivriers. Lorsqu’une femme se marie, elle bénéficie automatiquement d’une portion de terre dans la plantation familiale de son homme pour y faire du vivrier. Ceci, pour lui permettre d’avoir de quoi à cuisiner quotidiennement. Néanmoins, le mari lui remet de l’argent qu’elle devra utiliser juste pour l’achat du poisson ou de la viande. Sinon, il se doit d’aller à la pêche ou à la chasse.

Puisque les terres sont dispatchées par famille et font l’objet d’héritage, « La femme peut aussi hériter de sa famille d’une portion », souligne le Commissaire général de Djaka festival (le plus grand rassemblement culturel et touristique des peuples Dida-Godié de la région du Loh Djiboua, ndlr), Alexandre Draman Jhronsix.

Si la femme divorce, poursuit-il, elle perdra la portion qui appartient à la famille de l’homme. « C’est donc juste pour nourrir la famille qu’on met le terrain à sa disposition. La femme qui n’est plus dans la famille perd l’héritage», précise le patriarche.

En pays sénoufo, il existe trois différentes formes de mariage, selon la coutume. La sauvegarde de la famille (mariage entre cousins et cousine), le mariage de récompense (donner sa fille en mariage en guise de remerciement à un bienfaiteur ou un ami…), et le mariage de l’amour ‘’maintenant en vigueur’’, selon le sage Silué Kollo.

Quelque soit le type d’union, le premier rôle de la femme est la cuisine, le second, l’éducation des enfants. « L’homme donne les moyens à la femme de le faire. Il possède un champ et chaque jour, il apporte les éléments nécessaires tels que le riz, les ignames », explique-t-il.

Poursuivant, le chef de famille dans sa lignée maternelle (responsable des cousins, neveux…), indique « la femme a droit à une portion qui est forcément située dans les bas-fonds à cause de la culture du riz. Elle peut faire des condiments dans le champ de son mari, mais ce n’est pas sa propriété ».

Dans ce village de Tiegana, village de la sous-préfecture de GUIEMBE du département Dikodougou, la femme a essentiellement le devoir de s’occuper de la sauce. L’homme n’est pas obligé de lui remettre de l’argent. « C’est pour cela qu’on lui permet de faire le gombo, le piment… dans le champ de son mari ».

Et lorsque le mari rencontre des difficultés, la femme peut lui venir en aide. Mais le sage prévient : « Elle devra le garder pour elle en secret ». En ce qui concerne l’entretien vestimentaire des enfants, « la mariée n’est pas obligé, mais elle peut contribuer librement », fait-savoir notre source.

Que dit le sociologue ?

La non-participation de certaines femmes aux charges du couple provient du fait que les sociétés africaines sont encore attachées aux normes et valeurs qui clarifient la division des tâches.

« Certaines personnes sont attachées aux valeurs de la modernité donc se disent que le partage des charges dans la famille est nécessaire. D’autres sont beaucoup rattachées à la culture africaine qui donne beaucoup plus de charge à l’homme », détaille le Sociologue, Docteur Vasséko Karamoko.

A l’en croire, le temps est un élément nécessaire pour l’évolution des choses. « Car, justifie-t-il, chacun s’adapte en fonction de sa compréhension de la situation. Nous vivons dans des approches purement européennes et modernes, alors que les réalités de nos sociétés sont des obstacles par rapport aux idéologies présentées comme valeurs de la modernité. Nos traditions nous permettent de mettre en scène un certain rôle et pratiques.  Ce qui fait que dans d’autres couples, le regard porté sur la gestion de ces tâches crée des tensions et de véritables contradictions ».  

MK

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