Depuis près de 20 ans, Koffi Ahou Marcelline dirige le village de Zéhiri.

Publié le 10 août, 2020

Chef du village de Zéhiri, village situé non loin de Divo, Koffi Ahou Marcelline, 56 ans et ex-fille de salle revient sur les circonstances de son élection à la tête de cette circonscription. Elle évoque les difficultés auxquelles elle fait face, dans cette interview qu’elle a accordée à Voie Voix De Femme.

Comment êtes-vous devenue chef de ce village ?

C’est la volonté de Dieu. A l’époque, c’est-à-dire en 2001, le sous-préfet avait envoyé des gens au Foyer des jeunes du village pour l’élection d’un chef. Après discussion, les parents ne voulaient pas voter car les deux candidats ne s’entendaient pas. Le village a effectué des rencontres à deux reprises. Malgré cela, ils refusaient de voter. Il y avait une mésentente. Tout le monde était fatigué. Il faut préciser que j’étais absente lors des rencontres précédentes. A la troisième rencontre où j’étais, les discussions se poursuivaient, les villageois étaient fatigués et dans la foule, un monsieur s’est levé, il m’a pris la main et m’a proposé au monde. A cette période, il y avait une femme préfet à Divo et une femme chef à Guitry. Il leur a dit, comme il n’y a pas d’entente, il préférait que je sois au-devant. C’est ainsi que les villageois, ont tout de suite acceptés cela sans discussion en mettant cela sur le compte du choix de Dieu. C’est comme ça que je suis devenue chef.

Qui était cette personne qui vous a proposé et quels étaient vos rapports ?

C’est un chef. Il s’agit de celui qui chapote tous les chefs à Divo. Je ne l’avais jamais vu au paravent, mais il a mis ce choix également sur le compte de Dieu.

Les problèmes ont-ils ressurgi plus tard ?

Oui bien sûr. J’ai eu plein de difficultés par ce que je suis une femme. Les deux parties qui n’arrivaient pas à s’entendre sont revenues à la charge. Cinq ans après ils réclamaient leur place. Ils disaient qu’il était impossible de voir une femme chef. Et que j’avais été juste là pour le temps que les histoires cessent. J’ai signalé cela au sous-préfet qui leur a rappelé qu’un chef c’est pour la vie. J’ai tenu. Dans certaines localités comme Didiko, il n’y a pas de chef à cause des mésententes de ce genre. Il n’y a que des chefs temporaires car les chefs ont démissionné.

Quel était votre état d’esprit en ce moment ?

J’étais découragée. Mes parents m’ont dit de me retirer. Mais des personnes me soutenaient. Des églises ont prié pour moi. Ils m’ont confié à Dieu. Je n’ai plus eu de problème. Si ça ne tenait qu’aux hommes, je n’étais plus là.

Quelles stratégies utilisez-vous pour vous imposer ?

Je ne suis pas violente. Je ne fais pas de faveur également. Lorsqu’on m’explique des problèmes du village. Je traite les affaires avec beaucoup d’impartialité. Je donne la raison à celui qui le mérite et le tort à celui qui est en faute. Lorsqu’ils ont vu ma franchise, ils se sont calmés. 

Qu’avez-vous fait en faveur des femmes vu que vous connaissez les réalités ?

C’est vrai qu’à Divo, les femmes n’ont pas droit à la terre. La femme n’avait droit à rien. Avec les nouvelles lois, on a toujours expliqué aux femmes et aux hommes que la femme est capable de travailler. On sensibilise les femmes à l’autonomisation. Il y a des femmes qui se marient puis divorce ensuite. Si elles n’ont pas d’activité sa sera compliqué pour elles. Ils ont compris, aujourd’hui plusieurs femmes disposent de terres, elles font même des champs de cacao. C’est parce qu’il y a plus de place à la forêt sinon toutes les femmes allaient en avoir.

Avez-vous d’autres combats ?

Mon combat actuel, c’est d’obtenir de l’aide des autorités pour la route. Nous n’en avons pas. Les véhicules ne sont pas réguliers ici. Mon village n’a pas de château d’eau pourtant nous sommes plus de 6000 habitants.

Réalisée par MK

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