M. Yeo Fouyarga Amara l’oncle de la fillette, Yéo Korotoum, la victime. Ph: DR

Publié le 13 septembre, 2022

L’histoire est rocambolesque. Et cela se passe en Côte d’Ivoire, précisément à Korhogo dans le nord du pays. Depuis le mois de mars dernier, Yéo Korotoum une élève de 12 ans, en classe de Cm1 à l’Epp Sediogo 2 est injustement détenue par Karim, un guérisseur de la ville de Korhogo. Selon les informations, l’homme a demandé aux parents de la petite fille, déjà enceinte, de mettre fin à ses études pour qu’elle devienne sa femme. Les géniteurs de cette mineure, après un refus, ont tout essayé pour récupérer leur fille prise en otage par cet individu. Mais rien n’y fit !  Pour mieux comprendre cette sinistre affaire, Voiedefemme.net est allé à la rencontre de l’oncle de la fille, M. Yeo Fouyarga Amara. Il nous raconte les différentes péripéties de cette histoire étonnamment invraisemblable…  

Selon l’oncle de la fillette, Yéo Korotoum avait un problème de santé auquel il n’y avait pratiquement pas de solution. Après avoir parcouru plusieurs centres de santé, sans suite, les parents de cette mineure rencontre, à la radio de proximité de Korhogo, un guérisseur du nom de Karim « l’homme fort ». Ainsi, ce guérisseur traditionnel décide d’aider à délivrer la fille de son mal. Une prise de contact est faite puis la fillette est conduite chez le féticheur à Korhogo. Après les premiers diagnostics, les parents sont informés de ce que l’état de santé de leur progéniture serait une affaire plutôt mystique. Ainsi, l’homme providentiel demande de laisser la fillette de 12 ans auprès de lui, pendant quelques jours, pour qu’elle y suive un traitement. 

Le début d’un bras de fer incompréhensif 

guérisseur
Photo d’archives

Après un mois d’absence, toujours aux dires de M. Yeo Fouyarga Amara, les instituteurs inquiets pour l’avenir scolaire de la mineure, réclament aux parents de celle-ci son retour pour les compositions de fin d’année scolaire qui approchaient. Alors, les parents se retournent vers le guérisseur pour récupérer la fille juste le temps qu’elle vienne composer. C’est mal connaitre celui que tout Korhogo surnomme « L’homme fort ». Il refuse catégoriquement de la libérer. Les parents qui attendaient qu’il évoque un souci de santé, sont surpris d’entendre que ce refus est dû parce que le guérisseur voudrait marier leur fillette qui a juste l’âge d’aller à l’école. Incroyable ! Pis, M. Karim, le guérisseur, les informe que la mineure avait déjà accepté cette ‘’offre’’ et qu’elle se préparait pour le mariage. Dans son inconscience, il demande aux parents de retirer leur fille de l’école qu’il a même déjà enceinté.

Des démarches pour la récupérer…

Face à ce refus, après plusieurs tentatives de dissuader le ‘’preneur en otage’’, les parents déposent une première plainte dans un poste de police de Korhogo qui est malheureusement restée sans suite. Selon M. Yeo Fouyarga Amara, « le guérisseur s’arrange à corrompre les officiers de police chargés de l’affaire chaque fois qu’il est convoqué ». 

Chose étonnante, les fonctionnaires du centre social de Korhogo, sollicités pour aider à résoudre cette affaire, se retrouvent du côté du guérisseur. Deux agents, dixit l’oncle, « Parce qu’ils auraient reçu la somme de 2.000.000 F CFA pour étouffer l’affaire » défendent bec et ongle le fameux guérisseur, détourneur de mineure, devant les forces de l’ordre pour ce mariage. Yeo Fouyarga Amara informe qu’une autre plainte a été déposée, cette fois, à la brigade de gendarmerie de la ville.  

… et des médiations en vain 

Devant la pertinence des arguments défendus par les parents de la mineure, et au vu de la tournure que prend cette affaire, l’un des complices du séquestreur-guérisseur, en l’occurrence, une assistante sociale, décide de saisir son chef de quartier pour un règlement à l’amiable. De bouche à oreille, le chef de canton apprend la nouvelle. Il convoque donc toutes les parties. Après les avoir entendus, il demande au guérisseur de dédommager les parents de la petite pour toutes les dépenses effectuées, de la désenvouter et la remettre complètement aux parents. Chose que le guérisseur n’a finalement pas accepté. Pour lui, « tant que mes fétiches sont présents, il n’y aura pas de justice à Korhogo », clame-t-il. 

Face à cette situation, l’oncle décide d’adresser des courriers au ministère de la Femme, de la famille et de l’enfant et au Ministère de l’Emploi et de la protection sociale pour trouver une solution immédiate.   

Pour l’oncle et les géniteurs de la mineure, « Que notre fille soit désenvoutée parce qu’elle n’agit plus d’elle-même. Et, qu’elle nous revienne afin de retrouver le chemin de l’école. », souhaitent-ils. 

Après publication des premières informations le vendredi 9 septembre 2022, par votre magazine, les lignes auraient bougé. Le guérisseur aurait été arrêté par la police de Korhogo. Affaire à suivre…

Lire aussi : Korhogo (Sinématiali): Abus sur mineure et mariage forcé

Yahafe Ouattara 
           

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