Publié le 1 février, 2021

Les marchés scolaires sont des espaces dégagés au sein des établissements scolaires où des vendeurs libres proposent des aliments et boissons aux élèves. En Côte d’Ivoire, ils sont en général installés au sein des établissements. Quelles conditions d’accès à ces marchés ? Les denrées proposées aux élèves sont-elles sécurisées ?

Ce mardi 26 janvier 2021, au groupe scolaire « Kpêkpê » d’Abobo-Avocatier tout va bien. Il est 9 heures. Les élèves suivent tranquillement les cours dans les salles de classe. A l’extérieur, quatre vendeuses, installées plus précisément à l’entrée de l’établissement, sans masques de protection Covid 19, attendent impatiemment que la cloche sonne à 10heures 15minutes, l’heure de la récréation, pour que leurs étals et autres parasols soient pris d’assaut.

Dans ce marché scolaire, on y trouve du pain, des condiments, des jus, des bonbons et bien d’autres denrées prisées par les tout-petits. A la hauteur de leur moyen, ces commerçantes entretiennent comme elles peuvent leurs marchandises. La vendeuse de pain protège sa marchandise à l’aide d’un léger sachet transparent, quand les condiments sont maintenus dans des assiettes à couvercle.

Pour avoir l’autorisation de vendre dans cet établissement, elles ont rempli les formalités exigées par les responsables de l’école. Il faut nécessairement passer des étapes.

« Chaque vendeuse présente en amont ce qu’elle veut commercialiser. Nous avons une coopérative au sein de notre établissement. La responsable de cette coopérative passe pour vérifier la nourriture, jus et autres. Elle vérifie, si la nourriture est de qualité en la goutant, de même pour les jus. Elle s’assure au quotidien que les enfants peuvent la consommer. Elle vérifie également la quantité de sucre et piment… si son repas est bon, elle peut commencer à vendre », explique le directeur de ce groupe scolaire, Kouamé Philibert.

Mais à cause de la crise sanitaire de la Covid-19, ces conditions ont été renforcées. « Les commerçantes sont désormais soumises à des tests anti-covid19. Ce n’est qu’après cela et toutes les étapes précédente qu’on leur donne l’autorisation d’exercer ».  

En plus du marché scolaire, l’établissement dispose d’une cantine. A ce niveau, aucun contrôle n’est fait, mais tout se passe bien, selon M. Kouamé. « Les mets de cette cantine ne sont pas contrôlés. Mais depuis 4 ans qu’elle existe, aucun malaise n’a été signalé chez un enfant. Les restauratrices cuisinent avec soin. Les enfants ont le choix de manger soit à la cantine ou auprès des vendeuses de l’école. Aucune indigestion au niveau des élèves venant des mets et autres vendus dans notre école n’a jamais été signalée par un parent d’élève ou enseignant pour le moment », se veut rassurant le responsable de l’établissement.

Toutefois, il regrette les contrôles peu réguliers de l’Institut national de l’hygiène publique (INHP). « Nous avons été visités l’année dernière une fois, peu avant la crise sanitaire de la Covid-19. Mais jusque-là, nous n’avons plus revu personne », regrette-t-il.

A Abobo Dépôt 9, les choses se passent autrement. Ici, il n’y a que deux commerçantes. Elles sont assises sous un hangar remarquable dès l’entrée de l’école. Autour de 11 heures et demie, également sans masques de protection. Les nourritures disposées juste devant elles ne sont point protégées. Pourtant, les étapes d’autorisation de vente semblent plus corsées qu’à l’école précédente.

 « Elles sont recrutées après avoir renseigné une fiche qui vient de l’Inspection de l’enseignement primaire (IEP). Nous signons ensuite avant de la dépose à l’inspection pour autorisation. C’est cette autorisation de l’Inspection qui donnent droit à ces femmes de venir vendre dans nos établissements. Mais avant d’y avoir accès, on leur exige le port de chasuble. Avec l’avènement de la maladie, on leur demande de porter des caches nez lorsqu’elles sont derrière leurs étals », révèle le directeur de ce Groupe scolaire dénommé K-Lejiem Irié Bi Arsène.

A l’instar du groupe scolaire« Kpêkpê »,  un contrôle alimentaire se fait quotidiennement. Il est fait par une enseignante qui est chargée de contrôler l’alimentation des enfants.

« L’INHP passe souvent pour des contrôles d’hygiènes. Mais quand c’est le cas, l’accent est beaucoup mis sur les toilettes. Pour l’alimentation, les représentants échangent juste avec la chargée de contrôle. Si elle dit c’est bon c’est tout. Ils sont venus l’année passée. Avec le contrôle fait par l’enseignante, jusque-là nous n’avons constaté aucun malaise lié aux repas vendus dans notre établissement. Par moment certains enfants font des malaises, mais nous sommes en collaboration avec la clinique santé plus d’Abobo. Lorsqu’un cas se présente, le médecin vient examiner l’enfant. S’il affirme que c’est une indigestion, nous cherchons l’origine du malaise. La majorité des découvertes révèle que l’enfant a soit acheté un repas en dehors de l’école ou son malaise provient de la maison», fait savoir le Directeur.

Dans plusieurs établissements de la commune de Yopougon, les marchés scolaires n’existent pratiquement pas. Les enfants sont libres d’acheter leur déjeuner ou goûté dans le lieu qu’ils préfèrent. C’est le cas l’Ecole primaire publique (EPP) Terminus 27, sis à Niangon-A-Gauche ; l’EPP Sicogi-Centre 1 du quartier Sicogi et de l’EPP Esther-Geraude du côté Niangon-Centre social.

L’ONG ICEA S’IMPLIQUE

Selon une étude de l’ONG ICEA Santé-Nutrition-Alimentation, « du point de vue de la gestion administrative des marchés scolaires, le groupe de travail a noté quasiment un laissé aller et un laissé faire. Ce qui est naturellement inquiétant pour des milliers d’enfants vulnérables car en bas âges qui sont les destinataires finaux dans cette chaîne ».

Pour ce faire, elle (l’ONG), tient des séances de renforcements de capacités opérationnelles et techniques des acteurs des marchés Scolaires en vue d’améliorer la qualité sanitaire et nutritionnelle des aliments en milieu scolaire à travers la formation aux bonnes pratiques nutritionnelles et à l’hygiène physique des conditions de préparation des aliments.  Les 2 et 3 décembre à Port-Bouet, elle a tenu la deuxième édition de ces séances de formations nommées « TELEFOOD ». Ce sont au total « 200 vendeuses » qui ont vu leurs capacités renforcés dans les modules «  nutrition général, Les 5 clés pour les aliments sûrs selon l’OMS, L’importance d’une alimentation diversifiée, les actions essentielles en nutrition et les mesures hygièno- diététiques, corporelles, vestimentaires et environnementales ». Avant l’étape de Port-Bouet le projet pilote de ces formations sanctionnées par des diplômes à favoriser 200 vendeurs et vendeuses issus de 10 établissements primaires et secondaires des communes d’Abobo, Yopougon et Treichville.

Que fait le gouvernement ivoirien ?

Comme l’on indiqué les Directeurs d’établissements cités plus haut, la plus part des établissements qui contiennent les marchés scolaires sont soumis aux mêmes obligations. Ces obligations selon eux, proviennent du ministère de tutelle, notamment celui de l’Education national de l’enseignement technique et de la formation professionnelle.  « Nous suivons cette affaire de prêt même si nous n’avons pas un service spécifique sur la question. Dans la plus part des établissements nous avons une cession qui auprès du comité de gestion des établissements scolaires publics, s’assurent que tout va bien. Les vendeuses sont enregistrées, elles sont amenées à d’abord proposer leur plat au service de contrôle installé dans les établissements. Ce service se charge de juger la qualité des aliments en consommant, avant la validation. Après un suivi est fait. Tous les matins, les aliments sont testés. Elles sont également amenées à se faire vacciner contre l’hépatite, la tuberculose…», Indique le Président de l’Organisation des parents d’élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (OPEECI) Kadio Aka Claude.

Marina Kouakou

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