L’état de l’environnement marin et côtier en Côte d’Ivoire n’est pas fameux. Le Rapport qui rend compte de cette réalité a été rendue publique ce mercredi 16 juin 2021 à Abidjan-Plateau. Voix Voie De Femme livre ici les 10 messages clés de ce document.

(…) Les messages clés du 1er Rapport sur l’état de l’environnement marin et et côtier de la Côte d’Ivoire (REEM-CI) adressés aux décideurs et les parties prenantes sont les suivants :

Le pays en dessous des rendements


– Malgré des recettes touristiques estimées à plus de 300 milliards de Fcfa en 2014 pour une contribution de 4,8% au PIB et une production de pétrole contribuant à hauteur de 4% du PIB, la Côte d’Ivoire est en-dessous des rendements qu’elle peut tirer de son espace marin et côtier. Sa Zone économique exclusive (ZEE) dans l’océan est de 203 000 km2. Quant à la superficie de son littoral, elle est estimée à 23 253 km2, soit 7,21 % de la superficie totale de la Côte d’Ivoire. Sur les 38 blocs en offshore seulement quatre sont en production. La production pétrolière et gazière de la Côte d’Ivoire a été estimée en 2016 à 15 425 895 de barils de pétrole et 78,81 milliards de pieds cubes de gaz.

La pollution des sachets plastiques perdure

2-Malgré un cadre institutionnel favorable, des problèmes dans l’application de certains textes persistent, voire deviennent récurrents. Si le décret n°2013-327 du 22 mai 2013 portant interdiction de Ia production, de l’importation, de la commercialisation, de détention et de l’utilisation des sachets plastiques était appliqué, Is pollution des plages, des eaux marines et côtières par les sachets plastiques devrait être atténuée. Or, la pollution en sachet plastique perdure. Au cours de la seule année 2010, c’est entre 4,8 à 12,7 millions de tonnes de déchets plastiques qui ont atteint l’océan Atlantique, via les fleuves et les lagunes ivoiriennes Jambeck et al.

30% de la population sur littoral

3-Une forte migration des populations nationale et étrangère vers les villes du littoral ivoirien est observée. Plusieurs communautés ivoiriennes et étrangères partagent à ce jour le littoral ivoirien. Il y a celles qui vivent directement au bord du milieu marin et d’autres tout autour du système lagunaire. Selon le recensement de 2014, la population au niveau du littoral ivoirien a atteint 7 447 885 habitants, soit 30% de la population totale ivoirienne. Cette population est inégalement répartie sur l’étendue du littoral avec des densités variant de 65,0 hab./km2 dans la région de Gbôklê à 2221,5 hab./km2 dans Ie District Autonome d’Abidjan.

Pêche illicite : 4 100 000 tonnes de perte en 2018


4- Le stock des ressources halieutiques est en danger. La diminution du stock des ressources est la conséquence d’une part d’une surpêche des espèces d’intérêt économique et d’autre part de la pêche Illicite, non déclarée et non réglementée (INN). Dans les eaux marines et côtières, les pertes de la pêche illicite sont estimées 4 100 000 tonnes en 2018 correspondant à un manque à gagner de 1,5 millions de dollars US. Outre ce qui précède, la surexploitation occasionnée par la pratique de la pêche illicite est à la base de la régression du volume des stocks des espèces démersales.

Mangrove : de 15 000 hectares (1990) à 5 000 hectares en 2006

5-Une dégradation rapide de l’écosystème mangrove est constatée sur le littoral ivoirien. La destruction des mangroves par les activités d’exploitation des forêts de mangrove du littoral ivoirien constitue une pression importante du milieu littoral. Or, la mangrove a un rôle essentiel, aussi bien physique qu’écologique et dans la conservation des littoraux tropicaux. Elle abrite une grande biodiversité animale. Sa destruction contribue aussi à une perte de la productivité des ressources halieutiques. Sa superficie qui était de 15 000 hectares eu début des années 1990, autour de la lagune de Fresco au Sud-Ouest du pays, ne couvrait plus que 5 000 hectares en 2006. La mangrove autour de la lagune Ebrié, dans le Sud-Est de la Côte d’Ivoire, a été presque entièrement dévastée, soit au détriment d’habitations, soit pour être utilisée comme bois de chauffe par les populations riveraines

Diminution d’espèces

6- La menace sur la diversité biologique marine en Cite d’Ivoire est une réalité. Depuis 2016, les populations du Sud-Est ont Constaté un changement de la coloration des eaux des rivières et des plans d’eau liés aux activités d’orpaillage illicite localisées au Ghana. Or, ta pollution marine et côtière, en particulier lorsqu’elle est causée par les déversements d’hydrocarbures et les déchets biologiques, contribue à l’épuisement des ressources halieutiques. Des espèces ou groupes d’espèces ont fortement diminué-au cours des dix dernières années et sont en mauvais état. Il s’agit des requins et des raies, des lamantins, des tortues marines, de certaines espèces d’oiseaux, des stocks de poissons démersaux, de petites espèces de poissons pélagiques et des crustacés.

7- La pollution des eaux et des plages par les matières plastiques est devenue un en jeu environnemental important pour la Côte d’Ivoire. Ces déchets plastiques sont rencontrés dans les eaux marines et lagunaires et représentent 51% des débris marins Je long du littoral ivoirien, particulièrement entre Abidjan et Grand-Bassam.

Le colonel Martin Niagne Dibi, DG du CIAPOL, cheville ouvrière du REEM-CI.

Menace de disparition de territoire côtier

8- L’érosion côtière et les inondations sont des dangers pour La survie ces populations du littoral. La zone littorale de la Côte d’Ivoire connaît des aléas naturels tels que les inondations, les tempêtes, les glissements de terrains, la baisse du débit des fleuves et l’érosion côtière. Ces aléas induisent des impacts socio-économiques notamment des dégâts matériels et des pertes en vies humaines.

Le territoire de la commune de Grand-Labou est particulièrement menacé. Le village de Lahou Kpanda est caractérisé par une migration de l’embouchure dont la vitesse a atteint 170 m/an saur les 4 dernières années. Cette situation peut entrainer risques d’inondation et de submersion de ce village….

9- La Côte d’Ivoire est victime des changements climatiques. L‘ampleur des ses effets s’explique par les forts taux d’indice de vulnérabilité observés sr le littoral ivoirien. En effet, la Côte d’Ivoire est classée 147è sur 178 pays du monde vue son indice de vulnérabilité. Les conséquences négatives des changements climatiques sont énormes. Elles provoquent 1’élévation du niveau de l’océan de 30 cm le long des côtes ivoiriennes (Banque mondiale, 2020) mettant ainsi en danger les populations. A cela, il faut ajouter le dérèglement de la pluviométrie (Banque mondiale, 2018).

Les efforts de l’Etat

10- L’Etat ivoirien déterminé à lutter contre les menaces liées aux changement climatiques. Face à l’érosion galopante, le Gouvernement, a affirmé sa volonté politique de remédier à ces menaces en adhérant à des Conventions internationales, par la mise en place d’un cadre institutionnel, politique et réglementaire traduit sur le terrain par un ensemble d’initiatives.

Parmi ces initiatives, on peut citer le diagnostic des points sensibles de littoral (San Pedro, Grand-Lahou, Abidjan-Port-Bouet, Grand-Bassam et Assume) ; l’élaboration d’un plan de protection d’environ 87 milliards de franc CFA ; la Loi n° 2017-378 relative à l’aménagement, à la protection et à la gestion intégrée du littoral. Cette loi vise la création d’une Agence nationale de gestion intégrée du littoral. Il y a également le projet d’ouverture de l’embouchure du fleuve Comoé à Grand-Bassam, d’un montant de 20 milliards de francs CFA et la mise en œuvre de projets de gestion intégrée du littoral ivoirien. /(…)


VVDF avec REEMCI

Ajoutez votre commentaire