En Côte d’Ivoire, la sculpture est un métier en vogue et qui se lègue parfois de père en fils. Ce mercredi 13 juillet 2021, l’équipe de reportage de VoixVoie De Femme était au village des artisans d’Abidjan, situé entre les communes de Treichville et de Marcory.
Les mains diligentes, l’artiste s’applique sur son œuvre. Il travaille sur les formes du bois qu’il tient solidement pour en sortir un objet d’art. Ce mercredi 13 juillet 2021, quand le sculpteur Mamady Sidimé, reçoit l’équipe de reportage de VoixVoie De Femme, dans son atelier du village artisanal d’Abidjan, sa dernière œuvre est dans sa phase de finition. Il y applique même des couches de peinture. Derrière l’artiste, des dizaines de statuettes, masques et autres objets modernes. On y trouve également des meubles bien taillés, notamment des chaises, des tabourets, des tables, des boucliers…. « Ça, c’est ce qu’on appelle l’art utilitaire. Ce sont des œuvres très prisées par la clientèle », explique M. Sidimé, à propos des meubles taillés de sa main…
Depuis 1980, le quinquagénaire exerce ce métier. Un métier qu’il a appris de son père depuis sa ville natale de Man. « Tout a commencé au quartier Dioulabougou de Man. J’ai appris le métier aux côtés de mon père. Et c’est à la fin de cette année 1980 que je suis arrivé à Abidjan », se souvient l’artiste. « Nos grands-parents faisaient d’abord des bijoux. Puis après la sculpture du bois a suivi. Aujourd’hui nous sommes dans la sculpture pour poursuivre et pérenniser l’héritage de nos parents. Et même l’école n’empêche pas nos enfants d’apprendre ce métier. Ils viennent à l’atelier après l’école. Vous pouvez constater que l’atelier se trouve au sein même de la cour familiale. Donc tout le monde est obligé d’apprendre le travail », nous raconte le sculpteur.
Ce métier nourrit bien son homme, comme l’atteste notre artiste. « On arrive à se nourrir de ce métier. Je peux dire qu’avec la Covid-19 qui avait tout bloqué, c’était un peu difficile. Mais avant cette crise sanitaire, on avait des clients d’horizons divers. On recevait beaucoup d’expatriés. Dieu merci, ça commence à aller. Nous avons des commandes. Ce qui nous réjouis, c’est que les Ivoiriens s’intéressent de plus en plus à nos œuvres. Chacun essaie d’avoir une petite statuette sculpter ou un bouclier à accrocher chez lui. »
De l’avis de l’artiste, la sculpture est un métier d’avenir. Mais il déplore la méconnaissance de ces artistes et de leurs œuvres par une grande partie de la population. Mamady Sidimé regrette encore que le village artisanal soit très peu médiatisé et que très peu d’opportunités sont donnés à ceux qui ont choisi la sculpture comme métier. « Nous n’avons pas de tribune, ni de foire pour exposer nos œuvres. Nous avons besoins de journées portes ouvertes au niveau d’Abidjan. Le centre du Marché des arts n’est pas trop connu des Ivoiriens. Très peu d’entre nos concitoyens connaissent le village artisanal », dénonce M. Sidimé.
L’autre difficulté soulevée par le sculpteur concerne les contrôles de la sortie des œuvres sculptés aux frontières. La douane, soucieuse de protéger le patrimoine culturel du pays exige des documents fournis par les musées nationaux pour autoriser la sortie de certaines œuvres d’art. « Nous sommes d’accord qu’on protège le patrimoine culturel. Mais cela ne devait pas influencer tous les objets d’art qu’on fabrique. Ce sont plutôt les anciens masques qui sont dans les villages que nous devrons protéger », concède le sculpteur. « Mais, s’empresse-t-il d’ajouter, il y a des objets d’art moderne que nous sculptons et qui sont aussi refoulé à l’aéroport. Ces objets acheté avec nous sont systématiquement saisis sous prétexte qu’il n’a pas une autorisation du musée d’Abidjan. Et à défaut, ont fait payer au clients la somme de 50.000 F CFA. Tout cela fait que les clients expatriés n’achètent pas nos œuvres.
Bekanty N’KO