Cela fait quelques années que Rebecca Affoh a créé sa propre entreprise nommée EASY CI. Formée en économie et statistique à l’IAE (Institut d’Administration des Entreprises) de Savoie Mont-Blanc en France elle a décidé de digitaliser le pressing, ce mardi 03 juillet 2021, elle se confie à VoixVoie De Femme dans son cabinet à Cocody Rivera Faya Cité Sir.
Présentez-vous à nos lecteurs ?
Je suis Rebecca Affoh, je suis mariée, j’ai suivi une formation d’économie et statistique en France.
J’ai également suivi une formation dans le domaine de l’artisanat et après je suis rentré en côte d’ivoire pour avoir du boulot en tant que chargée économique et statistique. Mais j’avais des difficultés à trouver du travail.
J’ai eu à étudier l’ entrepreneuriat dans mon cursus universitaire en France, alors mon cœur a penché plus pour l’entrepreneuriat que la recherche en économie et statistique.j’ai donc décidé de créer ma propre entreprise. Au départ j’avais créé un cabinet d’étude économique et statistique, ce qui demandait assez de moyens financiers et une renommée. Malheureusement cette entreprise n’a pas pu aboutir. Face à cet échec, j’ai décidé de participer au concours Moov en 2018 avec le projet “Service pressing et cordonnerie en ligne”. J’ai remporté ce concours. J’ai remporté également le prix du meilleur jeune Start’ up innovante.
Comment est venue l’idée de créer EASY?
L’idée de créer cette entreprise est venue d’une frustration. Quand j’ai quitté la France, c’est moi qui m’occupais d’aller récupérer les vêtements de la famille les week-ends. Lorsqu’on dépose les vêtements le lundi il faut attendre jusqu’au samedi pour les récupérer voire même plus. J’étais confrontée à cette situation. Il fallait donc acheter d’autres vêtements pour honorer certains rendez-vous.
Il y a aussi le problème des tickets lorsque vous perdez vos tickets, vous êtes obligé d’ expliquer ce problème au gérant du pressing. Et très souvent vous n’arrivez pas à récupérer vos vêtements par faute de ticket. De nombreuses personnes sont confrontées à cette situation. Sans compter que les horaires d’ouverture des pressings ne sont pas adaptés aux horaires de travail. Lorsque vous partez tôt le matin au travail, vous constatez que les pressings ne sont pas encore ouverts et à la descente du travail ils sont fermés. De toutes ces frustrations est venue l’idée de créer le service EASY CI
EASY est un mot anglais qui signifie «Facile» nous voulons rendre la vie facile à nos utilisateurs. Le nettoyage des vêtements qui prend du temps dans la semaine pour certaines personnes, nous voulons éviter ces corvées à nos utilisateurs pour qu’ils puissent passer du temps en famille et honorer leur rendez-vous.
Quels sont les services offerts par EASY CI à ses clients?
EASY CI est une entreprise de service de pressing et de cordonnerie en ligne, Quand un utilisateur vient pour commander nos services de pressing, de repassage, de cordonnerie et de retouche nous faisons la collecte et la livraison.
À EASY CI le délai normal de livraison est de 48h. Nous avons des délais express, livraison en 24h . Il est possible de livrer en 8h voire même en 3h à la demande de nos clients. Nous possédons également des produits pour chaque type de vêtements.
Comment vos proches ont-ils réagi lorsque vous vous êtes lancé dans cette activité?
Partir en France faire des études en économie et statistiques, payées par tes parents et tu leur dis que c’est le pressing que tu souhaites faire comme métier. Au départ, l’idée n’enchantait pas mes parents, mais ils ont fini par me faire confiance. La particularité des études en économie et statistique c’est des études pour la prise de décision alors j’ai décidé de respecter ma décision, de croire à ce projet. Tant qu’il y aura des humains il aura toujours des vêtements à laver. Le chiffre d’affaires du pressing en Côte d’ivoire par an est énorme, une raison de plus qui m’a poussée à m’installer dans cette niche.
Comment avez-vous mis l’activité en place?
Mon père possédait un immeuble, nous avons pris un studio dans cet immeuble pour notre activité. Il fallait un investissement pour démarrer. On a commencé par une somme de 500.000 FCFA. Ensuite acheter une machine à laver, une machine à sécher. Au départ nous voulions collaborer avec différents pressings. Mais on a constaté que la qualité des vêtements de certains pressing n’étaient pas bonne. Donc on a internalisé le lavage, j’ai donc recruté une personne qui a au moins 10 ans d’expérience dans le métier de pressing.
Pour obtenir nos premier client cela n’a pas été facile, nous avons lancé des tests gratuits, vous venez laver vos vêtements gratuitement pour voir la qualité de nos services. Pour le premier test on avait environ 60 lots de vêtements, les gens ont donné leur avis. Ensuite on a lancé le deuxième test qui n’était pas totalement gratuit on lave les vêtements et ils sont libres de nous payer ou pas, ce jour on a obtenu 70.000fcfa. Voilà comment on a obtenu nos premiers clients.
Comment se passe la formation?
On a une école qui forme les personnes au pressing, on envoie ces personnes dans cette école pour qu’elles apprennent comment on utilise la machine industrielle, comment on lave, comment trier les vêtements. Quelles sont les techniques et machines appropriées pour le repassage industriel. On a également des formateurs qui viennent se former chaque 3 à 6 mois. Il faut dire que pour nos employés c’est nous qui payons leur formation pour qu’ils puissent acquérir une bonne compétence pour le métier. Actuellement nous sommes cinq personnes, deux femmes et trois hommes, trois en temps plein et deux contractuels.
Quel est l’impact de votre activité dans votre vie?
Savoir que je facilite la vie à mes clients, c’est déjà un grand changement pour moi. Parce que je pouvais m’asseoir dans un bureau d’étude en économie et statistique mais je ne l’ai pas fait, j’ai toujours ressenti cette joie d’aider les gens alors à travers le pressing digitalisé j’arrive à faciliter la vie des utilisateurs.
Quels sont vos projets pour l’avenir?
A Abidjan nous gérons deux communes. Nous voulons élargir notre activité et nous installer dans toutes les communes d’Abidjan et même à l’intérieur du pays. Et après pourquoi pas à l’extérieur. Nous allons lancer une application via mobile qui va permettre aux gens de commander partout où ils se trouvent et d’obtenir nos services. Notre avantage, on a transformé le nettoyage traditionnel qu’on appelle “l’aqua nettoyage” c’est un procédé écologique qui utilise moins d’eau et les produits bio. Il y a ce qu’on appelle aussi le nettoyage à sec, les gens utilisent un produit nocif qui n’est plus aux standards internationaux, ces produits ont changé. Alors on essaie d’intégrer tout ce qui est écologique dans le pressing comme cela se fait à l’extérieur, c’est l’une de nos particularités.
Quelles sont les difficultés que rencontre votre entreprise?
Nous avons besoin de financement pour couvrir tout Abidjan ainsi qu’à l’intérieur en termes de logistiques, de matériels de nettoyages. Nous essayons d’avoir des financements, nous travaillons avec des hôtels, résidences etc mais cela ne suffit pas. On a signé un partenariat au Canada mais on espère encore signer d’autres partenariats.
Malgré ces difficultés j’ai obtenu de nombreux prix et j’en suis très fière. Lauréate en 2017 du prix entrepreneuriat féminin ainsi que d’autres prix. Mais j’espère remporter d’autres prix à l’avenir.
Quel bilan faites-vous de votre entreprise?
Je dirai que l’entreprise a évolué parce que, quitter un studio et se retrouver dans une villa ce qui signifie qu’il a eu du chemin. Au départ on avait environ 4 clients aujourd’hui nous sommes à 150 clients, On a aussi transformé le nettoyage traditionnel. Les clients sont très satisfaits de notre travail. Je suis satisfaite du travail fourni mais on veut faire mieux .
Il faut dire que les difficultés que j’ai rencontrées au niveau du pressing ont été une opportunité pour moi.
Il est vrai que la Côte d’ivoire regorge de nombreux problèmes, mais cela est une possibilité pour nous les entrepreneurs de développer notre pays.
Quelle est la place des femmes dans votre entreprise?
Au départ on était en majorité que des femmes, 60% de femmes. Aujourd’hui celles qui lavent le plus de vêtements dans nos foyers sont les femmes. L’objectif pour moi c’est de former plus de femmes dans ce secteur.
Nous faisons 80% de pressing. Pour la cordonnerie, nos clients sont des femmes donc nous avons plus misé sur le pressing.
Mariam SIDIBE