Publié le 23 août, 2021

Si la période des vacances scolaires offre de la liberté aux jeunes scolarisés, elle demeure cependant inquiétante pour de nombreux parents qui souhaitent canaliser leurs enfants en les éloignant le plus longtemps possible des mauvaises fréquentations.

Djeneba Sylla, mère d’une adolescente en vacances ne sait plus à quel saint se vouer. Elle dort à peine. Son unique fille Fatou S, 15 ans, ne pense qu’à se distraire. « Elle passe son temps dans les bars et les maquis. Je ne fais que lui parler. Quels types de conseils je ne lui donne pas ? J’en suis fatiguée. Je ne sais plus quoi faire », témoigne tristement la jeune dame qui réside dans la commune d’Abobo. Elle croit dur comme fer que le comportement de sa progéniture provient de ses fréquentations.

Comme elle (Djeneba), Ambé Christian aussi père d’un adolescent en vacances, avoue qu’il n’a plus le sommeil profond depuis le début des vacances scolaires 2021. Son jeune garçon de 18 ans, lui présente désormais, une autre facette. « Il fréquente des personnes qui aiment le gain facile, les soulards. Il a même commencé à boire. Il n’écoute plus personne. Quand on l’interdit de revoir ses amis. Il le fait en cachette. Lorsque je les surprends, ils se dispersent tous, comme s’ils avaient vu un lion. Je ne sais pas comment défaire mon fils de ses amis. ça m’embête beaucoup. D’où mon inquiétude et l’insomnie », confie Ambé, tout dévasté.

Le mois dernier, en juillet, John A, jeune étudiant avait été invité à célébrer avec ses amis, l’anniversaire de naissance d’un des leurs. « Sur place, il a demandé à boire une boisson sucrée. Après l’avoir bu, il s’est endormi, puis réveillé à un carrefour obscur, non loin de notre maison. Il était 23 heures. Pendant ce temps mes parents et moi étions à sa recherche. On essayait de le joindre au téléphone, ses amis décrochaient et indiquaient un lieu contraire. Il était même injoignable pendant un moment. On a visité plusieurs bars, et maquis jusqu’à 22 heures. A 23 heures, mon petit frère m’a lui-même appelé et a demandé de venir le chercher. Je suis allée vers lui, il était ivre. Il n’arrivait pas à marcher. Il ne savait même pas comment il était arrivé au carrefour de la maison. Il pense avoir été drogué à son insu », s’en souvient Evelyne A, la sœur ainée du jeune homme.

Selon la Psychopédagogue et spécialiste des questions liées aux enfants Odile Pohann, « Au début, les adolescents ne se retrouvent pas pour faire de mauvaises choses. C’est au fur et à mesure que cela arrive. S’ils ont des adultes pour les encadrer, ils ne vont pas arriver aux mauvaises conduites ». voir (Pohann Odile: « les parents ont besoin d’une éducation parentale » – VOIXVOIE DE FEMME S’ENGAGE)

Conscients de cette situation particulièrement pénible pour bons nombres de parents, des organisations de la société civile, tentent tant bien que mal, à travers plusieurs activités de sensibiliser les jeunes concernés, ainsi que les parents eux-mêmes. C’est le cas de l’ONG Actes-De-Vie (A-D-V), une ONG naissante, qui, pour ces vacances scolaires 2021, a produit deux guides pratiques (pour les adolescents, et les parents), afin de permettre aux vacanciers de passer des vacances saines. Il s’agit du guide de l’adolescent parfait et du guide pratique des parents.


« Les occuper sainement pendant les vacances, c’est éviter les grossesses précoces, les maladies sexuellement transmissibles… »

«Le guide de l’adolescent parfait s’adresse directement aux jeunes de 13 à 18 ans, et leur donne des astuces pour des vacances saines. Celui des parents s’adresse aux parents des enfants qui sont entre 4 et 19 ans pour la même cause. Nous nous adressons aux parents et aux jeunes parce qu’il faut une réelle communication pour le bon déroulement des choses. Si la communication est établie, l’enfant fera de son parent son confident au lieu de se référer à ses amis. Il faut que le cadre familial soit propice à cela», , insiste la Présidente de l’ONG A-D-V Marina Kouakou.

Selon elle, «les jeunes perçoivent les vacances comme une période de distraction. Ils passent beaucoup de temps entre amis et peuvent s’attacher à de mauvaises fréquentations sans s’en apercevoir».

Ce qui peut avoir des conséquences négatives sur leur vie. «Ils découvrent l’alcool, le tabac, la drogue, le sexe… Les occuper sainement pendant les vacances, c’est éviter les grossesses précoces, les maladies sexuellement transmissibles… C’est aussi un moment pendant lequel il faut leur donner des aptitudes susceptibles de les forger, afin de faire d’eux des adultes accomplis.
Aujourd’hui, nul n’est susceptible d’exercer le métier pour lequel il a été formé. Cette période peut aussi servir à apprendre de petits métiers, mais à perfectionner les dons des enfants. Ils peuvent dépendre financièrement de cela plus tard. Il faut aussi leur apprendre le goût du travail bien fait… »

Elle poursuit: « Ce moment, les parents pourraient l’utiliser pour mieux se rapprocher des leurs, faire des activités familiales pour créer un cadre d’assurance, d’amour, et rebâtir l’esprit communautaire ».

Pour ce faire, la journaliste web et bloggeuse propose toute une série d’activités par l’entremise des guides disponibles qu’elle et son équipe distribuent depuis plus d’un mois. « 
Les parents peuvent déjà initier leurs enfants (les plus petits, et jeunes), filles, et garçons, à la réalisation des travaux ménagers. Il ne s’agit pas de leur donner des tâches et de se retirer. Ils doivent aussi les faire avec eux, pour plus de motivation. En fonction des choix d’un enfant, on peut l’inscrire au sport, lui acheter des livres pour l’inciter à lire.
On peut amener les jeunes à participer aux activités des ONG, des groupes de jeunes qui ont des objectifs précis, afin de leur permettre aussi de prendre des décisions, de se rendre compte qu’ils peuvent aider plus d’un, et contribuer au développement.

On peut leur permettre de faire des stages pour se former un peu plus. Il faut aussi renouer avec la culture, leur permettre de visiter des musés, faire un tour au village… Faire de l’éducation aux médias afin qu’ils ne soient pas des diffuseurs de fausses informations, qu’ils ne soient pas à la portée des arnaqueurs sur les réseaux sociaux, et qu’ils évitent aussi d’intégrer des groupes virtuels à caractère sexuel créés pour jeunes… » détaille, la première responsable de l’ONG A-D-V, dont l’objectif est de faire la promotion du genre, de l’autonomisation des jeunes filles et des femmes africaines par l’éducation.


« L’oisiveté engendre de mauvaises choses »

Le Club la maison des jeunes, une association qui agit dans le social, l’éducation civique des jeunes et leurs autonomisation depuis l’année 2017 n’est pas resté en marge. L’ essentiel de ses activités pendant ces vacances, est axé sur la sensibilisation des jeunes pour la bonne utilisation des réseaux sociaux. « L’oisiveté engendre de mauvaises choses. Il vaut mieux les occuper sainement. De toutes les façons les réseaux sociaux sont à leur portée. Nous les avons éduqué sur les bonnes pratiques des réseaux sociaux, à travers des capsules vidéos et des rencontres terrain dans les quartiers. Les gens aiment beaucoup les interdit. Nous avons également initié la lecture de façon hebdomadaire avec les enfants », révèle la Vice-présidente en charge de la promotion de la jeune fille de cette association de jeunes bénévoles qui a déjà formé plus de 10 000 jeunes depuis son existence, Fatima Coulibaly.


« Un parent qui ne connait pas les amis de son enfant doit être inquiet »


A en croire la Psychopédagogue,  » l’adolescence est un âge de conduite à risque ». Pour elle,  » Un parent qui ne connait pas les amis de son enfant doit être inquiet ». Son conseil:  » il faut exiger à l’enfant de venir présenter ses amis. Il ne faut pas attendre que les fréquentations de l’enfant le détruisent. Parfois, les parents refusent que les jeunes s’épanouissent. Ce n’est pas la solution, il faut juste les encadrer. Si le parent permet la visite et se rapproche des amis de l’enfant, il peut facilement corriger les comportements malsains qu’il observe chez ces amis et son enfant. Au cas où ces derniers refusent de changer, l’enfant comprendra le parent et retiendra que ses amis n’ont pas été réceptifs aux conseils ».

Audrey Assi

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