Selon une étude menée par Multiple indicator cluster survey (Mics), l’on dénombre 1,6 millions d’enfants en Côte d’Ivoire, qui évoluent hors du système éducatif officiel.
Leurs âges varient entre 6 et 16 ans. Dans cet effectif, 327.476 enfants sont inscrits dans les Structures Islamiques d’Éducation (SIE), non reconnues par l’État. C’est à dire, dans les écoles coraniques, les médersas, les écoles franco-arabe et les écoles confessionnelles islamiques. Les jeunes filles, constituent 45% de l’effectif global des SIE. N’étant pas reconnus par l’État, les diplômes délivrés par ces établissements scolaires, souffrent d’une illégalité au regard de l’administration Ivoirienne. Parce que les SIE ne forment pas aux connaissances, à la compétence et à la culture attendue dans le curriculum scolaire national. Ce qui fait dire aux spécialistes de l’éducation que les SIE ne répondent pas aux normes éducatives conventionnelles.
École obligatoire
Face à cette réalité, le gouvernement a pris des mesures. Notamment la mise en œuvre de la Stratégie Nationale d’Intégration des Enfants des Structures Islamiques d’Éducation (SIE) dans le système éducatif formel (SNIESIE). Cette politique obéit aux exigences de l’école obligatoire, initiée par le gouvernement, en faveur des enfants de 6 à 16 ans, à l’horizon 2025. Depuis quelques jours, Vahama Kamagaté, enseignant chercheur à l’université de Korhogo et consultant en communication dudit projet, est en tournée à l’intérieur du pays. L’objectif étant de communiquer sur la SNIESIE, pour mieux la faire connaître auprès d’une certaine cible. À savoir, les parents d’élèves, les promoteurs des SIE, les leaders religieux et communautaires, les élèves des SIE. En passant par les acteurs des médias de la ville de Gagnoa, qui ont pris part, en début de semaine, à un atelier de renforcement des capacités sur la mise en œuvre de la SNIESIE.
Historique des SIE
L’universitaire a rappelé que jusqu’en 2005, les SIE, bien que n’étant pas des associations étaient rattachées au ministère de l’intérieur. « L’État, dans son rôle régalien a pris la décision. Ainsi, les SIE sont passées de la coupole du ministère de l’intérieur à celle du ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation. C’est un signal fort, afin que ces enfants puissent bénéficier du socle commun de connaissances et de compétences. Ils pourront participer aux examens scolaires au même titre que ceux de l’école officielle», a dévoilé l’enseignant chercheur, les enjeux de cette intégration. Il rassure les parents des enfants issus des SIE que l’intégration ne sera pas faite au détriment de l’enseignement religieux. «Il s’agira d’une relation de complémentarité qui n’est pas contraire aux principes religieux islamiques», a garanti le docteur. « Il faut pas développer une peur pour dire que l’un des deux systèmes va prendre le dessus sur l’autre. Il n’y a pas de répulsion entre ces deux écoles. Tout dépendra de l’offre de l’éducation», a fait savoir le communicateur. Commentant le plan de communication de la SNIESIE, d’où sont tirées les statistiques sus mentionnées, M. Kamagaté note que dans la perspective de l’intégration des SIE, le règlement de l’école sera conçu en privilégiant, non seulement l’intérêt des enfants, mais aussi, les valeurs républicaines. «L’intégration des SIE au système éducatif est une opportunité qui permettra d’ouvrir des horizons à nos enfants», a conclu le docteur Kamagaté, sous forme d’exhortation des populations à se mobiliser pour la mise en œuvre de la SNIESIE qui, faut il l’indiquer, coïncide avec la rentrée scolaire 2021-2022.
Alain Doua à Gagnoa