Côte d’Ivoire : Les logements sociaux trop chers pour les personnes à revenus modestes

Un logement social, dit-on, est un logement destiné, à la suite d’une initiative publique ou privée, à des personnes à revenus modestes, qui auraient des difficultés à se loger. De nombreux projets destinés à cette catégorie de personnes à aboutir, in fine, à exclure ces personnes. Les coûts et les critères d’acquisition étant hors de leur porter. De ce fait les plus nantis se sont accaparés ces maisons au détriment de ceux à qui elles étaient naturellement destinées.

A qui la faute ? Les gouvernants ou les opérateurs économiques ? Les personnes à revenus modestes pourront-elles se loger? …Autant de questions auxquelles notre équipe de reporters à tenter de trouver des réponses…

En côte d’ivoire le déficit de logement est estimé à environ 500.000 logements. Le besoin est particulièrement marqué dans la zone du grand Abidjan.

En 2012 l’Etat de Côte d’Ivoire a initié le Programme Présidentiel de Logements Sociaux (PPLS) qui avait pour objectif la construction de plus de 75 000 logements à Abidjan, dont 60 000 logements sociaux.

Pour atteindre cet objectif, l’Etat, avait pour rôle d’identifier des parcelles, de purger les droits coutumiers et de les mettre à la disposition des promoteurs privés pour la réalisation de ces logements. Les promoteurs, eux, avaient pour missions : la construction des logements en privilégiant les immeubles collectifs avec un minimum de 60% de logements sociaux ; les logements achevés sont commercialisés aux acquéreurs préalablement enrôlés.

A travers ces programmes l’objectif de l’Etat de côte d’ivoire était de faciliter l’accès aux logements sociaux pour répondre aux attentes des populations.

La procédure à suivre

Au ministère de la Construction, à la Tour D, au Plateau, M.Christian B, chargé des logements sociaux nous informe que la procédure à suivre pour l’acquisition d’un logement social commence par se rendre sur un site de construction de ces logements pour voir le logement qui vous sied. « Sur place, indique-t-il, la personne pourra discuter avec les commerciaux ou agents des différents promoteurs immobiliers. Après discussion, la documentation d’acquisition vous sera soumis afin de commencer proprement les démarches d’acquisition d’un logement social ». « C’est mieux de s’assurer que la maison est sortie de terre, et qu’elle est disponible. Comme ça vous pourrez souscrire. C’est encore mieux d’aller sur le terrain pour voir s’il y a des maisons disponibles », conseille-t-il avant d’ajouter que : « C’est quand vous êtes prêt à pendre le logement alors, le promoteur vous fera signer un contrat de réservation ». Voici donc la procédure officielle d’acquisition d’un logement social en Côte d’Ivoire.

Une procédure dont l’arbitre serait le centre de programmation des logement sociaux (Cpls) initié par le gouvernement pour trouver une solution aux probables litiges entre l’acquéreur et le promoteur. Pour toute démarche de logement sociaux, nous invitons toute personne à rentrer en contact avec ce centre.

Montant à débourser…

Ce projet présidentiel qui consistait pour l’Etat à fournir des logements de qualité à un prix modeste de 5 millions de FCFA s’est buté à de nombreux obstacles pratiques.

En 2015, bien après que les entreprises privées et publiques aient démarré les travaux, le coût d’achat du logement social s’est avéré difficile à tenir. Les promoteurs se sont ravisés. Désormais, le prix pour acquérir un appartement social est compris au minimum entre 12 et 15 millions de FCFA. Un montant en hausse contrairement aux exigences fixées au départ par les autorités. Raison principale évoquée : l’augmentation des coûts des matériaux de construction.

En réalité, en Côte d’Ivoire, les prix des logements varient et dépendent de la situation géographique de la maison et du nombre de pièces. Pour en savoir plus sur les sites de construction de ces logements dits sociaux, nous appelons une commerciale d’une société immobilière.

« Les logements sociaux disponibles sont à songon (périphérie d’Abidjan, sur la route de Dabou.). Nous avons les 3 et les 4 pièces. Les 4 pièces sont à 23 millions. Et les 3 pièces dépendent des modèles. Les modèles inachevés qui sont sans porte, ni carreaux et sanitaire, au 1er et 2e étage coûtent 12.500.000 Fcfa. Au rez-de-chaussée cela vous revient à 15.000.000 Fcfa avec une cour arrière. Pour le modèle achevé, au 1e et 2e étage, le coût est à 15.700.000 Fcfa. Au rez-de-chaussée, cela revient à 17.000.000 Fcfa », décline-t-elle. Toujours selon la commerciale, pour réserver il faut verser, pour les 4 pièces, 10% du montant total de la maison sans frais de dossier. Le délai de versement est de 24 mois. « Il faut souscrire avant de s’acquérir du logement. Au fur et mesure que vous payez nous faisons la construction. On finit la construction, quand vous avez fini de payer. Vous récupérez les clés de la maison. Et finalement vous vous acquittez des frais du notaire », fait-elle noter.

Accès difficile, manque de service de base…

Il est à constater que la plupart des logements sociaux, sont difficilement accessibles et offrent des conditions précaires avec le manque d’accès aux services de base. Surtout, ils sont très éloignés des bassins d’emplois situés dans la capitale économique, Abidjan. Reste à savoir si les ménages aux revenus modestes pourront en fin de compte souscrire à ces logements dit « sociaux » au regard du coût et des exigences des promoteurs à qui l’Etat à laisser le libre choix de fixer les prix et les critères d’acquisition. 

Bekanty N’Ko (Stagiaire)