Depuis plusieurs années, en Côte d’Ivoire, les élèves particulièrement ceux de certains lycées et collèges de la place s’adonnent à des comportements peu orthodoxes. En effet, certains élèves ont décidé de défier l’autorité de l’Etat en prenant sur eux de perturber les classes et même les écoles dans le but de faire arrêter les cours avant la date fixée des congés scolaires. Ce phénomène est en train de faire des émules dans le secteur éducatif au point où il gagne du terrain dans toutes les régions de la Côte d’Ivoire.  De nombreuses écoles subissent à l’approche des congés scolaires des violences avec leur lot de jets de pierre, de casses, de course-poursuite, de blessés, etc. Face à ce fléau, les autorités qui ont décidé de passer par la sensibilisation pour amener les élèves à cesser cette attitude, constatent que la mayonnaise ne prend pas. Que faire ?

L’argument avancé par les élèves

De nombreuses raisons sont évoquées par les élèves pour justifier leurs actes. Pour les uns, comme Kouassi Yves, élève en classe de 1ère A, au lycée d’Andokoi, dans la commune de Yopougon, l’argument principal réside dans l’écart entre l’arrêt des notes et le départ des apprenants en congé. « Chaque fois que les congés approchent, nous sommes confrontés à ce genre de comportement. Il faut dire que cela arrive quand les professeurs et l’établissement décident d’arrêter les notes une semaine avant la date officielle des congés. En ce moment, les élèves n’ont plus de devoirs ni d’interrogations à faire. Les calculs de moyennes qui s’en suivent, sont le lieu de beaucoup de distractions inutiles. Nous ne sommes plus obligés de venir en classe alors qu’on se considère déjà en congés. Et pour ne pas être seul à arrêter les cours, nous décidons de déloger les autres établissements pour réclamer tous les congés », explique-t-il sans convaincre.

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En effet, pour ces élèves, le temps entre l’arrêt des notes, le calcul des moyennes et la date fixée des congés est considéré comme du « temps perdu ». Ils estiment dès lors, selon une logique dont ils sont les seuls à détenir les clés, qu’ils ne peuvent attendre plus longtemps pour aller en congé. Un argument que soutiennent la majorité des élèves rencontré ce jour dans cet établissement de la plus grande commune d’Abidjan.

Pour d’autres, comme Koné Aicha, cet argument ne tient pas. « Ce comportement montre la barbarie et la violence qui ont gagné la vie scolaire. Et cela, malgré les nombreuses sensibilisations sur le sujet de nos éducateurs », s’insurge-t-elle.

Les raisons de cette forme violence

Dire que le problème « des congés anticipés » ne préoccupe pas, c’est se voiler la face. Autorités, enseignants, éducateurs, parents… sont tous inquiets. Mais, les parents d’élèves sont les plus inquiets face à la montée de ce phénomène qui expose et les élèves et les écoles à la violence. M. Claude Kadio Aka, président du Collectif des associations des parents d’élèves et étudiants de Côte d’Ivoire, totalement agacé par cette situation, fait des révélations sur l’organisation de cette pratique. « Le phénomène des congés anticipés est une forme de violence instauré par certains élèves qui ne désirent pas aller à l’école. Également, par des personnes qui n’ont pas de relation avec l’école. Ces derniers vont troubler l’école. Ils se constituent en groupe et crée des mouvements de foule à leur suite, ils vont d’école en école pour déloger leur camarade. Donc c’est un esprit de violence, qui nait sur ce plan. Cet esprit vient de l’entourage hors du cadre scolaire», explique-t-il, irrité.

D’autres raisons profondes comme le manque de respect des apprenants vers leurs formateurs, l’esprit de groupe qui prévaut dans le milieu et la manipulation de certains professeurs du public des élèves…expliquent ces perturbations scolaires. « L’école est une institution sociale qui est régie par des lois. Elle a donc ses exigences, auxquelles tout citoyen désireux d’acquérir du savoir, devrait se conformer», informe, Patrice Gnamba, un employé des Douanes qui pense que l’école est devenue une « jungle » dans laquelle les plus forts (les élèves) font la loi sur les plus faibles (responsables, éducateurs et enseignants). « Il faut mettre fin à cela », tranche-t-il, sans solution.  

L’appel des parents d’élèves

En Côte d’Ivoire, l’école n’est plus forcément le lieu par excellence de production des compétences et de promotion du mérite. La violence et le non-respect de l’autorité prennent le pas, à l’approche des congés, sur les bonnes relations entre enseignants et enseignés. Les répercussions divergent et créent un grave ralentissement des programmes scolaires. « C’est un problème sérieux, c’est un phénomène sérieux qu’il faut absolument combattre. L’école c’est le lieu de la formation, des élites de demain. Il faut s’organiser pour éradiquer cela. Les conséquences sont graves sur la formation, lorsqu’on perturbe l’école et qu’on veut très tôt aller en congé, on ne termine pas les programmes. Et c’est sûr que cela va agir sur le programme de fin d’année. Nous voulons avoir une nouvelle vision de l’école et du système éducatif. Nous souhaitions que ce phénomène s’arrête, pour que nous puissions aller vers l’école de qualité dont nous souhaitons», propose M. Aka.

Au niveau du ministère de l’Education national et de l’Alphabétisation le slogan « Zéro congé anticipé, touche pas à mon calendrier scolaire » pour sensibiliser les élèves à mettre fin à cette situation fait son chemin sans grand effet.

Bekanty N’ko

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