Le Poro est un rite initiatique en pays sénoufo. Il se déroule sur une période de 7 ans. Cette initiation se fait à l’extérieur du village, dans le bois sacré. L’initiation est divisée en plusieurs étapes dont le ‘’Kafôh’’ qui marque la fin du rite initiatique.

Chez le peuple sénoufo, selon les us et les coutumes, Dieu appelé « kolochôlô » a crée l’homme en ne l’achevant pas. Le Poro vise ainsi à parfaire l’adolescent enfin de le rendre poli et serviable pour mieux affronter les difficultés sociales.

Un rite obligé et important

Le mois de décembre 2021, a marqué la fin de l’initiation au Poro, dans la sous-préfecture de Napié, précisément au quartier Sorikaha.

Très important, le ‘’Kafôh » est l’étape au cours de laquelle les vieillards et anciens initiés déterminent les adolescents qui ont retenus les différents enseignements du Poro et qui sont aptes à passer à l’étape d’adultes. « A la fin de cette ultime étape l’adolescent est apte à affronter la vie et a le droit de pouvoir fonder une famille. Il pourra aussi donner son point de vue lors des concertations familiales », affirme Sekongo Gnenema. Quant aux critères d’éligibilité, ils sont définis et constituent un secret que seul les initiés détiennent.

Le ‘’Kafoh’’ une fête…

Le jour du ‘’Kafôh, dans les concessions des initiés, c’est un autre décor qui se plante. Bâches, chaises et appareil de sonorisation sont installés. Les initiés sont attendus par leurs parents et amis pour déterminer ceux qui sont aptes à rentrer dans la vie active. Retranchés encore dans le bois sacré pour l’accomplissement des derniers rituels, les vieillards et les initiés se font désirer. Le suspense reste entier. « Pour l’instant, on ne peut pas se réjouir car, on ne sait pas ce qui se passe dans le bois sacré », affirme sagement Diarrassouba Tchalagnon, sœur d’un initié.

C’est à 16 heures que prend fin le suspense. Afin, voilà le retour des initiés du bois sacré. Disposés en file indienne, les initiés font leurs sorties du bois sacré avec à la main, chacun, une lance et une queue de cheval. Ils sont vêtus de boubou et soigneusement coiffé laissant voir deux lignes parallèles tracées du cou vers le front.

« La lance et la queue de cheval caractérisent la force et la puissance. Les deux droites parallèles représentent le chemin déjà parcouru. Quant au boubou, il symbolise la sagesse », informe Sekongo Gnenema.

A la vue des initiés, parents, amis et connaissances accourent vers eux pour les féliciter. Cette apparition annonce ainsi le début de la fête.

Les initiés, heureux de faire partie entièrement du peuple Sénoufo, entonnent des chants dans lesquels ils expliquent leurs parcours durant tout le processus d’initiation. Seules les personnes ayant été initiées au Poro peuvent décrypter ces chants transmis dans un langage codé.

Le ‘’Kafoh’’, un ‘’examen’’ !

Ils ne sont pas tous revenus avec une lance et une queue de cheval à la main. Certains jeunes parmi eux ont échoué à cet examen initiatique qu’est aussi le Poro. Ils n’ont pas pu franchir l’étape du ‘’Kafôh’’. Ils seront reconduits avec la nouvelle génération pour les sept prochaines années. Histoire qu’ils maitrisent bien les leçons de cette formation. De cette école de la vie.

On peut donc l’affirmer, loin de ce que certaines personnes pensent, le Poro, plus qu’un rite traditionnel, ancestral…est une éducation, une école de vie.

Silue N’Gana

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