Les traditions africaines sont considérées comme sources de valeurs des civilisations. Un africain baptisé appartient à la religion tout en restant bien souvent profondément marqué, dans son identité, par sa culture africaine, voire par sa tradition. Le samedi 19 février 2022, l’Association des Jeunes de la Sous-préfecture de Napié (Ajesna) au cours de leur retrouvaille annuelle dénommée « festival tchanga » a évoqué le sujet.  D’où l’importance de revenir aux sources traditionnelles, pour mieux s’orienté. L’occasion a été donnée au Dr. Soro Doba, conférencier, d’étayer cet aspect qui reste flou pour des croyants de religions révélées telles que ; l’Islam, le christianisme, et le catholicisme.

Que révèle la culture senoufo ?

Gardant l’aspect en culture senoufo, le Dr. énumère les caractéristiques d’un senoufo accompli au détriment des religions « La culture senoufo se caractérise par cette identité, l’attitude d’équité et d’intégrité, que la plupart savent. » fait-il savoir, ajoutant qu’il est vrai « qu’aujourd’hui avec l’influence politique on assiste à un ensemble de mutation. Mais il y a la racine qui demeure. C’est-à-dire les caractéristiques réelles et fondamentales. Il y a l’attitude conservatrice qui est lié à nos traditions. La transmission au nom de la vie de tout un ensemble de valeur qui est proche et intrinsèque à la culture senoufo, notamment le Poro ». Dans son entendement, ces caractéristiques demeurent un tournant inévitable en pays senoufo. Le Poro, qui valorise la culture se voit à l’épreuve des religions et ne font pas l’unanimité des uns et des autres. Il évoque tantôt pour clore ces caractéristiques, le respect des ainés, respect de la pyramide de la production social. « Tout ce qui est respect des ainés, respect de la pyramide de la reproduction social. Ces éléments sont les caractéristiques fondamentales du peuple senoufo et le senoufo lui-même. L’usage de la langue et tous les autres aspects sont de la culture et non la tradition », apprend-t-il. Le baptême d’un adulte ne fait pas disparaître dans l’eau bénie toute la culture qui le constitue dans son être d’homme et d’Africain. Appréhender le rite d’entrée à la religion pour ce dernier, conduit à parler d’une double identité ou d’une double appartenance.  

Les religions, une conquête des territoires

« Les religions révélées sont l’islam, le christianisme, et le catholicisme. L’objectif de ces religions révélées c’est la conquête des territoires. Ils sont importés et ont eu leur manière de célébrer ou de louer Dieu », déclare le conférencier. Les spécialistes disent en effet avec assurance que l’islam-arabe est bien différent de l’islam-noir.  L’explication est bien connue, une différence qui s’explique par la réalité des cultures africaines et leur fonctionnement, bien spécifiques, en comparaison du monde arabe. Ce même mécanisme ne se retrouve pas dans l’évangélisation chrétienne, tourné entièrement vers les rites religieux. Une marge des chrétiens, reconnaît moins la nécessité des cultures et tradition africaines. L’islam a trouvé, à travers les siècles, une identité spéciale qui fait qu’un Sénégalais ou un Malien musulman vit pleinement sa religion, tout en étant imprégné de sa culture négro-africaine.

Faire la différence entre la culture et la tradition

Nombreux sont ces personnes qui peinent à établir une différence entre la culture et les traditions « Nous confondons beaucoup ce qui est culture et tradition. Egalement ce qui est processus pour ses religions révélées d’atteindre Dieu. Le port du boubou, c’est un aspect culturel. Pour ceux chez qui certaines religions sont nées la culture c’est juste des comportements ce n’est pas une tradition. Il y a notre manière de voir Dieu et il y a la manière de le célébrer. Je ne connais aucune tradition qui ne connaissent pas l’existence de Dieu. C’est la manière dont nous définissons Dieu qui fais la distinction.  C’est ce qui cause fondamentalement le problème », confie le Dr Soro. La majorité de religieux enfreint sans faire à attention aux règles de bases de la société « Aujourd’hui nous faisons de nos pratiques un aspect ambiguë.  Quand les Africains prennent les livres saints il est bon de regarder ces pratiques avec les lunettes. Si vous êtes un chrétien, musulman prenez la Bible ou le Coran et regarder à travers. Qu’est-ce que cela représente fondamentalement ? L’une des choses la plus importante c’est le respect des ainés.  Avec les pratiques religieuses on jette carrément cette question. »

Sur la question des médicaments traditionnels qui ne font pas l’unanimité chez des chrétiens, le Docteur Soro Doba évoque une négligence absolue. « Les médicaments qui soignent sont de nos traditions. Nous devons pourvoir utilisés nos cultures, les promouvoir pour aller de l’avant. Nous ne devons pas jetez nos traditions au détriment du fait que nous partons à l’église. Car, toute médecine nait des racines africaines dans nos forêts. Sinon un peu plus tard il n’y aura rien de nos cultures », rappelle-t-il. 

Pour différencier tout un chacun, le regard est moins porté sur la tenue vestimentaire. Pour ce faire, c’est à travers les valeurs que toute distinction est possible.

« A travers votre comportement et votre manière de faire. Il sera facile de reconnaitre, pour autrui votre appartenance ethnique. Utilisons notre authenticité pour adorer et élever Dieu », exhorte-t-il.  

Bekanty N’ko

1 Commentaire

  • par Doba SORO
    Publié mars 1, 2022 12:39 am 0Likes

    Merci pour la qualité du compte rendu. 👏👏

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