Selon le Dr Niamien N’da, spécialiste de la dyslexie, cette maladie toucherait 5 à 15% des enfants et 5% de la population. Tous les enfants dyslexiques ne présentent pas tous les mêmes troubles. Quels sont ces troubles ? Comment peuvent-ils être pris en charge ?

La dyslexie est un déficit durable et significatif du langage écrit qui ne peut s’expliquer par une cause évidente.

Il s’agit donc d’un trouble de l’apprentissage de la lecture survenant principalement chez les garçons, en l’absence de troubles neurosensoriels, de difficultés socio-culturelles et ce, malgré une scolarisation adéquate. Le patient présente ainsi une difficulté à identifier les lettres, les syllabes ou les mots.

La maladie est plus fréquente dans des pays où la langue est plus difficile.

50% des dyslexiques ont des antécédents familiaux rendant l’hypothèse génétique plausible cependant la maladie est certainement multifactorielle. Pour le spécialiste, Dr Niamien, la dyslexie est un dysfonctionnement des circuits cérébraux impliqués dans la phonologie, c’est à dire, dans la représentation et le traitement des sons de la parole. Il peut s’accompagner d’autres troubles comme : la dysphasie (difficulté de mise en place du langage oral), la dyspraxie (trouble de la réalisation du geste), la dyscalculie (trouble du raisonnement, de la logique ou de l’utilisation du nombre), la dysorthographie (trouble pour l’apprentissage des règles de grammaire), la dysgraphie (trouble de la forme de l’écriture), des troubles de la concentration et de l’attention.

Ce qu’il ressent  

Un enfant dyslexique présente un retard significatif de l’apprentissage de la lecture comparé à des enfants de sa classe d’âge. Il a de grandes difficultés à identifier les mots, ce qui rend la lecture et l’orthographe imprécises.

L’enfant peut commettre plusieurs types de fautes de lecture comme : confusions auditives : l’enfant perçoit difficilement la différence entre les sons proches p/b, f/v, r/l, m/n, confusions visuelles : l’enfant différencie difficilement des formes proches: f/t, m/n, n/r, p/q, b/d, défaut de mémoire visuelle de travail : l’enfant retient peu ou mal la forme et l’ordre des lettres alors qu’il doit effectuer une tâche de conversion de celles-ci en sons, défaut de mémoire auditive de travail : l’enfant retient difficilement les sons entendus à l’intérieur d’une phrase, des omissions : ajouts ou inversion de lettres (pote= porte; arbustre= arbuste), une lecture partielle d’un mot, fusion des mots (féduski = fait du ski), un mauvais découpage des unités, des éléments lus.

L’enfant a ainsi une lecture plus lente, il a du mal à lire un texte long et dense. Il existe des signes précoces d’alerte qui doivent alerter les professionnels concernés :

En maternelle : 

  • Parole : l’enfant ne prononce pas certains sons composant un mot, ne les prononce pas dans le bon sens, prononce des sons en trop.
  • Langage : les phrases ne sont pas correctes, il manque des mots.
  • Mémoire auditive : l’enfant mémorise avec difficulté les comptines et poésie.
  • Mémoire visuelle : l’enfant n’arrive pas à 5 ans à écrire son prénom avec un modèle.
  • Psychomotricité : l’enfant est maladroit, il coordonne difficilement ses gestes.
  • Organisation temporo-spatiale : l’enfant à des difficultés à se situer dans le temps et l’espace.
  • Fatigue : liés à l’activité de lecture.
  • Motivation : l’enfant est motivé pour apprendre, ses faibles performances ne sont pas dues à un manque d’intérêt.
  • Lenteur : la lecture et l’écriture sont laborieuses. 
  • Performance oral/écrite : bonnes performances à l’oral mais l’enfant est gêné dans la compréhension des questions posées par écrit.
  • Nombreuses ratures : reflet d’une volonté de bien faire, ses productions écrites apparaissent peu soigneuses alors qu’il fournit de réels efforts pour bien faire.
  • Difficultés d’attention : cela peut être dues à la fatigue ou à un trouble de l’attention.
  • Changement de comportement : l’enfant se renferme, semble fatigué, manque d’envie et de dynamisme en classe.

La présence d’un de ces signes doit faire alerter la famille afin qu’elle consulte rapidement les professionnels concernés.

Quels signes ?

Pour parler de dyslexie, il faut qu’il y ait un retard d’au moins 18 mois entre l’âge réel et l’âge de lecture et que les difficultés ne touchent que le domaine de l’écrit.

L’objectif du bilan est de rechercher et de traiter d’autres causes de troubles du langage qui peuvent apparaître en cas de :

  • Retard de parole et de langage liés à une immaturité ou carence éducative
  • Surdité transitoire ou chronique
  • Scolarisation irrégulière ou inadaptée
  • Trouble visuel non corrigé
  • Incompréhension des mécanismes et buts de la lecture
  • Manque d’envie d’apprendre à lire
  • Immaturité intellectuelle et affective
  • Trouble psychologique ou psychiatrique
  • Déficience intellectuelle

Un diagnostic de dyslexie ne pourra être posé qu’en l’absence de toutes ces causes.

Quels examens ?

Ce bilan peut être réalisé dans un centre de référence spécialisé qui associe plusieurs professionnels de santé.

Il associe plusieurs spécialistes et comprend :

  • Un bilan orthophonique permet d’examiner le niveau de langage oral et écrit. L’orthophoniste fait le bilan des compétences et des difficultés de l’enfant concernant ces deux domaines.
  • Un bilan psychologique établit le quotient intellectuel. Chez l’enfant dyslexique, le QI est normal voire supérieur à la moyenne. Le bilan aura aussi pour objectif de faire le bilan des compétences de l’enfant notamment la mémoire. Il peut aussi être complété par un bilan comportemental ou psycho-affectif.
  • Un bilan neuropédiatrique est utile pour déterminer les fonctions mentales de l’enfant (mémoire, attention, motricité…), si besoin, il peut réaliser une imagerie cérébrale en cas de doute avec une lésion cérébrale.
  • Le bilan psychomoteur détermine les difficultés de coordination motrice pouvant entraver les mouvements dans l’espace et les gestes graphiques de l’enfant.
  • Un bilan ORL est impératif pour détecter des troubles de l’audition et traiter une éventuelle otite séreuse.
  • Un bilan ophtalmologique sert à évaluer la vision de l’enfant, proposer une correction appropriée si nécessaire ou adresser l’enfant auprès d’un orthoptiste.
  • Le bilan orthoptique évalue les capacités motrices des yeux de l’enfant qui en cas de mouvement désordonnés et involontaires des yeux altère les repères de l’enfant sur son travail.

Quels traitements ?

Tous les enfants dyslexiques ne présentent pas tous les mêmes troubles, le projet thérapeutique de l’enfant doit être personnalisé, multidisciplinaire et s’appuyer sur les observations du bilan initial de l’orthophoniste, du psychologue, du pédiatre, du médecin scolaire et de l’enseignant.

Il doit sans cesse être réajusté en fonction des progrès réalisé, des difficultés persistantes, de l’état psychologique de l’enfant et des objectifs pédagogiques de la classe. Cela nécessite un partenariat étroit entre les différents acteurs.

La rééducation s’attache à fournir une aide personnalisée pour chaque enfant et un projet bâti sur des objectifs à court, moyen et long terme. Des bilans d’évolution objectivent les progrès et les incapacités persistantes.

L’enseignant a un rôle important dans la façon de faire participer et travailler l’enfant (interroger au maximum à l’oral, choisir des méthodes d’évaluation positive, les leçons doivent être aérées avec un plan logique et des couleurs pour s’y repérer…).

L’orthophoniste intervient en dehors de l’école et fait travailler l’enfant sur les erreurs qu’il commet lors de la lecture et de l’écriture après avoir défini le type de dyslexie dont souffre l’enfant.

La prise en charge s’organise aussi autour des troubles associés (dyscalculie, dysorthographie…) et fait intervenir différentes spécialistes selon les besoins de l’enfant (psychologueorthoptiepsychomotricien, ergothérapie…)

Il existe des méthodes alternatives : occlusion d’un œil, rééducation intensive de l’audition (par la musique par exemple), rééducation de l’équilibre, traitement nutritif basé sur les acides gras essentiels, traitement de la déficience posturale, capter l’attention …

Quelles spécialités sont concernées ?

L’enfant est pris en charge de façon pluridisciplinaire par plusieurs spécialistes : pédiatre, neuropsychiatre, neuropédiatre, orthophoniste, psychologue, médecin scolaire.

On rappellera l’importance du rôle des parents et de l’enseignant dans l’accompagnement de l’enfant dyslexique.

Djolou Chloé

Source : Passeportsanté

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