Savoureux, à la fois lourd et doux, le miel est une substance naturellement sucrée produite par l’abeille. Mais celui du Nord reconnu par son goût naturel semble avoir une particularité. Pour qu’il soit consommable, quelle est la procédure que ce miel subit. Des travailleurs du secteur miel du département de Dianra nous en disent plus sur ce processus.
La plupart du temps, la récolte du miel se fait la nuit. Et le matériel est apprêté d’avance.
Un processus minutieux
Le matériel qu’utilise les producteurs de miel sont la paille, une boite d’allumette ou un briquet, une échelle, une torche au minimum, des récipients, une hache, une machette et un bidon.
Selon M. Koné Drissa, l’un des récolteurs de Dianra, lorsqu’une ruche d’abeille est découverte, une étude est menée au préalable pour prendre tous les contours de l’affaire. « Lorsqu’on aperçoit que les bordures du trou dans lequel sont les abeilles est noir, c’est que les cires d’abeilles sont mûres pour contenir du miel. Dans le cas contraire, elles ne contiennent pas encore le liquide idéal », précise-t-il. Puis, ces récolteurs de miel de façon artisanale, informe-t-il, regardent d’abord le lieu, la forme du tronc d’arbre où se trouve l’essaim d’abeille, l’emplacement des ruches….
La récolte du miel s’étend sur une période bien déterminée, partant du mois de mars jusqu’en mai. Il est récolté par des groupes de jeunes fondés sur l’amitié ou la fraternité.
Après cette étude, quand les récolteurs sont certains que le produit est prêt à être extrait, ils utilisent une échelle pour accéder à l’essaim ou ils grimpent à l’arbre, s’il s’avère nécessaire. Ensuite ils allument la paille pour repousser les abeilles afin d’accéder aux ruches. Si les cires d’abeilles se trouvent dans un trou où la main ne peut rentrer, la machette est utilisée pour agrandir le trou. « Mais parfois, nous sommes obligés d’abattre l’arbre », fait noter M. Yacouba Sanogo, un cultivateur. Qui précise que « les cires obtenues sont transportées dans les récipients au village ».
Quête de qualité
Une fois à la maison, il y a tout un processus pour rendre le miel accessible aux consommateurs d’où viennent ses différentes qualités.
Pour monsieur Ouattara Bakary cultivateur, « arriver au village, nous cherchons une grande cuvette trouée dans laquelle nous mettons les cires d’abeille bien couvertes. Après quoi, nous appuyons par un objet les cires pour recueillir le miel dans une autre cuvette superposée en dessous de celle aux trous. Ce miel obtenu est appelé le miel non brûlé. Cette qualité peut être conservée jusqu’à 10 ans et plus sans problèmes. Après ce processus, les mêmes cires sont récupérées une seconde fois, mélangées avec les braises de feu pour obtenir le miel brûlé qui ne peut être conservé plus d’un an. Ce sont ces deux qualités que nous connaissons au village », indique-t-il.
Après tout ce travail, le miel est bien filtré et renversé dans les bidons de 20 à 25 litres. « Mais la qualité et la couleur du miel peut dépendre de sa durée de vie », souligne M. Ouattara.
Un produit rentable
Récolté autrefois pour l’alimentation, le miel est devenu aujourd’hui un produit générateur de revenus substantiels pour les populations rurales.
« Quand on finit de mettre dans les bidons, nous vendons sur la base de 1500 F par litre le miel non brûlé et de 750 F à 1000F le miel brûlé. La plupart de nos clients viennent des grandes villes telles que Bouaké, Abidjan », informe Djabaté Djakaridja.
Madame Ouattara Bintou, une commerçante de miel à Adjamé (Abidjan). Depuis plus de 20 ans, elle commande les bidons en gros avec les jeunes au village et elle les vend en détails à partir de 3000F le litre. « Je ne vends que le naturel, c’est-à-dire le non brûlé et le brûlé », clame-t-elle.
Quant à M. Coulibaly Bakary, un revendeur, il a la chance d’avoir fait le village. Il sait donc distinguer le vrai du faux. « A Abidjan, nombreux sont ces vendeurs qui mélangent le miel naturel avec l’eau et le sucre. Cela fait que la majorité des consommateurs se méfient », avoue-t-il. C’est le cas de Mlle Touré Barakissa, une cliente qui n’achète pas le miel partout. « J’achète le miel avec une vieille dame que je connais depuis dans ce domaine. Pour ces vendeurs ambulants, je m’abstiens », dit-elle, méfiante.
Notons que les abeilles de ce département se nourrissent de liquide de différentes plantes telles que le néré, l’anacardier, le karité, le manguier… d’où la qualité de leur miel.
Yahafe A. Ouattara (stagiaire)