Perles, marques, objets rares, elle en fait un bijou atypique. Mimish Labish découvre son talent et sa créativité en fabriquant des bijoux à l’âge de 12 ans lorsqu’elle allait aider sa mère, qui était designer de sac et de vêtements. Après avoir traversé de nombreux obstacles pour s’exprimer dans son univers de perles, Zékré Mireille ou encore Mimish Labish est aujourd’hui l’une des accessoiristes ivoiriennes qui compte et qui fait parler de ses œuvres à travers le monde. Elle raconte son parcours dans cette interview accordée au magazine Voiedefemme.net.
Comment avez-vous appris à faire des bijoux en perles ?
Bon, je ne l’ai pas appris, c’est inné. Ma maman avait dans le temps un magasin, dans l’ancien grand marché de Cocody qui a brûlé. Elle faisait les designs sur les sacs, et moi, j’y allais après mes cours pour l’aider. C’est de là qu’est né mon amour pour les perles, marques, et tout ce qui est rare.
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D’où est venu le déclic qui vous a propulsé dans cet univers ?
J’avais 12 ans quand j’ai acheté avec mes économies faites sur mon argent de poches, des perles à 5 000 FCFA pour commencer. Et dans le temps, il y avait une cliente à ma mère qui recherchait un bijou rare pour une cérémonie. Ce jour-là, ma mère a dit à la dame que sa fille pouvait lui proposer quelque chose qu’elle allait aimer. Rendez-vous a été pris et deux jours après la dame est venue au magasin et elle a été émerveillée par ma création. C’était un collier, une bague et un bracelet. Elle m’a remis une belle somme pour l’ensemble. C’est par cette première belle commande que tout est parti. J’ai commencé à confectionner des accessoires pour mes amies de l’école.
Comment vous vous approvisionnez en perles ?
En Côte d’Ivoire, les perles fabriquées sont peu variées. Je m’approvisionne dans tous les pays d’Afrique. Du Tchad, Nigeria, Ghana, Burkina Faso etc. Chaque pays à son originalité et sa touche particulière. Je voyage beaucoup et quand je ne peux pas le faire, j’ai également des fournisseurs.
Est-ce que vous rencontrez des problèmes dans l’approvisionnement ?
Oui surtout au début de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Cette période a beaucoup impacté nos affaires. Mais cela était valable pour tous les secteurs.
Quelle est votre cible ?
Ma cible, c’est tout le monde. De 5 ans à plus, toute femme, homme et enfant aimant les bijoux en perles et les pièces rares. On avait des ateliers à l’Hôtel Ivoire où on apprenait à des enfants à confectionner des animaux en perles.
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Vous travaillez avec combien de personnes ?
Je travaille avec 7 filles.
Dans votre parcours, avez-vous a été confrontée à un problème au point de vouloir abandonner ?
Après la crise de 2010-2011, j’ai pris un gros coup qui m’a donné l’envi de tout laisser tomber. Parce qu’au départ, je ne vivais que de mon art. Suite à la crise, tout s’était arrêté. Les clients avaient quitté le pays et plus rien ne marchait. J’ai dû profiter de cette période difficile pour suivre des cours de comptabilité et marketing qui m’ont permis, aujourd’hui, de pouvoir gérer mes ressources financières.
Avez-vous des clients parmi les artistes ?
Au niveau international et national, j’ai habillé de nombreuses personnalités. Les artistes ivoiriens, dernièrement nous avons travaillé avec l’artiste Josey dans son dernier clip. On lui a confectionné une tenue en perles. Il y a une belle collaboration entre elle et nous. Il y a 2boys, Aminata Bamba, la Slameuse, la web humoriste, Ariane Céleste. A l’extérieur, il y a l’artiste Loko du Cameroun qu’on a habillé pour son avant dernier clip.
La plus grosse commande de Mimi ?
On ne parle pas de grosse commande, mais dans la semaine on peut avoir une commande de 100 bracelets. Tout dépend de la clientèle. Nous confectionnons aussi des bijoux pour les mariages, les défilés, les soirées etc.
Avec quelle matière travaillez-vous ?
On travaille les perles, l’os, les cornes, les verres, le cuir, le fil, le caoutchouc, l’ivoire …
Combien de temps vous faut-il pour confectionner un bijou ou une tenue ?
Cela dépend de la pièce commandée. Il y a des pièces qui sont faites en quatre jours, d’autres en une semaine. Parce que la confection demande beaucoup de créativité. Il faut faire le dessin du produit puis monter avec les éléments qui vont avec et tous.
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Propos recueillis par Mam Ouattara