Certaines femmes commerçantes accusent du retard important en termes d’épargne et d’emprunt auprès d’institutions bancaires ou même de microcrédits. En claire, entre les banques et les femmes, c’est une affaire de « je t’aime, moi non plus’’. Pourquoi sont-elles si réticentes ? En voici quelques raisons selon les femmes…
De nombreuses femmes, surtout celles qui font de petits commerces, ont recours à d’autres systèmes d’épargne traditionnels et informels qui, souvent, les exposent à toutes sortes de risques. Or, elles refusent à aller vers les banques, mieux sécurisées.
L’analphabétisation, la première cause…
« La plupart des femmes qui font le commerce ne savent ni lire ni écrire », souligne Madame Sidibé, propriétaire d’un magasin de bijoux. Comme première cause du taux très bas de bancarisation des femmes, cette dame évoque l’illettrisme. Et surtout le manque d’information qui fait que ces femmes ne manifestent aucun intérêt pour les banques.
Pour exemple, Madame Sarry, vendeuse de Robe. Elle a abandonné son compte bancaire à cause d’une simple signature. « Je n’arrive plus à reproduire la signature avec laquelle j’ai ouvert mon compte, parce que je ne suis pas allée à l’école. J’ai dû abandonner le compte pour toujours », a-t-elle lâché. Depuis lors, elle n’a plus voulu d’une banque. Comme elle, beaucoup de femmes analphabètes tournent le dos aux banques pour les histoires de paperasses à remplir. « Nous ne savons ni lire ni écrire », soutiennent-elles. Ce n’est pas tout !
Un problème de financement…
Pour Madame Doumbia, les banques ne sont pas solidaires envers les commerçantes. « Je ne garde pas de l’argent à la banque parce qu’elle ne nous aide pas en cas de besoin », reproche-t-elle avant d’ajouter que : « puisque les banques refusent de financer nos projets, il sera injuste de leur confier nos économies ». Pour elle, il est insensé de « prendre crédit avec les micros finances et aller garder cet argent à la banque ». « Il faut que les banques pensent à nous aider si elles veulent nous avoir comme clientes », lance-t-elle. Elle n’est pas seule à le souhaiter…
Un système de gestion agaçant…
Nombreuses sont ces femmes qui ont peur du système de gestion bancaire. À l’image de madame Keita qui n’est pas d’accord avec les commissions bancaires. « Quand vous mettez votre argent à la banque, vous ne pouvez plus tout retirer », a-t-elle révélé. Quant à mademoiselle Flora, ce sont les nombreuses formalités à remplir pour les transactions qui sont un frein pour elle. « Pour faire un retrait ou un dépôt, vous êtes obligés de remplir pas mal de papiers », se plaint-elle en évoquant un problème de temps. « Notre travail ne nous permet pas d’aller passer des heures à la banque pour une histoire de retraits ou dépôt », tranche la commerçante.
Un manque de confiance…
« A la banque, il arrive parfois qu’on n’arrive pas à utiliser son compte à cause du problème de réseau. Et pourtant, nous sommes toujours en train de faire des transactions », a évoqué madame Kouyaté. Qui, par précaution, préfère prendre ses distances avec les banques. « Je ne fais pas confiance à leur système de gestion. Pour une affaire de virgule ou de caractère, vous pouvez toute suite perdre votre compte », a-t-elle ajouté.
A les entendre parler, elles détestent par ailleurs, le système bancaire. C’est pour cela qu’elles ont privilégié les systèmes d’épargne collective, comme les associations d’épargne et de crédit différé (tontines), les carnets journaliers…
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Yahafe A. Ouattara (stagiaire)