Gagnoa est reconnue pour son ambiance et son goût pour la mode. Malgré la crise sanitaire, la coiffure reste un centre d’intérêt pour les femmes de cette cité.
Grosses nattes, dreads locks, frange droite, épaisse ou effilée, bombée ou plate, perruques… A Gagnoa, c’est une gamme styles de coiffures que raffolent les jeunes filles et femmes de la cité. Les habitudes n’ont pas changé. De la petite fille à la grand-mère, le soin des cheveux semble une culture dans ce pays bété. Depuis la fermeture des salons de coiffure mi-mars, les femmes ne baissent pas la garde. Elles ont certes réduit leur fréquentation des salons de coiffures, mais les femmes ont toujours sous le foulard, une tête bien tissée, nattée…
Rencontrée dans son atelier, au quartier Dioulabougou , Changaye Rohou, la présidente des coiffeuses du Goh note avec satisfaction qu’à Gagnoa, les femmes n’ont jamais cessé d’entretenir leurs beautés et leurs cheveux. Et même de fréquenter les salons de coiffure, en respectant les mesures barrières. « Ce n’est pas par hasard qu’en son temps, la ville a été baptisée ‘‘petit Tahiti’’( ndlr en comparaison cette grande île de la Polynésie française réputée par la beauté de ses filles).
La coiffure à Gagnao, ça bouge
La ville abrite de nombreux salon de coiffure qui n’ont rien à envier à ceux des autres villes du pays, notamment la capitale économique Abidjan. Depuis deux ans, Changaye Rohou préside l’Association des coiffeuses et coiffeurs de Gagnoa. Elle a été élue pour un mandat de cinq ans. Un mandat qu’elle espère mettre à profit pour en rajouter à la créativité dans ce métier.
La métisse (elle est à la fois Peulh du Niger et Ivoirienne de Jacqueville) s’est fixée des objectifs bien précis. « Mon combat est d’obtenir un terrain où nous allons construire une cité pour les coiffeuses », révèlent la veuve et mère de trois filles et d’un garçon. A côté de cette ambition, ‘’la reine de la coiffure’’ rêve d’avoir un siège pour son Association. « Pour l’heure, nous n’avons pas de siège. Le projet est en cour de réalisation. Si nous l’obtenons, nous envisageons y créer un centre de formation. Parce que nous avons du talent à revendre. Nous avons beaucoup à apprendre aux jeunes filles qui voudront s’intéresser à la coiffure », explique-t-elle.
Pour la présidente Changaye, la coiffure est un secteur très rentable à Gagnoa à cause de l’intérêt que toutes les femmes accordent à la beauté. Aussi, encourage-t-elle la gent féminine à embrasser ce métier parce qu’il nourrit son homme. « On peut vivre du métier de coiffeuse. Je suis veuve, mais c’est grâce à ce métier que j’ai pu scolariser mes enfants. Aujourd’hui, il y en a qui travaillent », soutien la présidente des coiffeuses de Gagnoa. Une organisation forte de 300 coiffeuses et 250 coiffeurs.
Changaye dit avoir mal au cœur lorsqu’elle voit des filles qui n’ont pas
d’activité. « Que ces filles se tournent vers la coiffure plutôt que de rester
oisives. La coiffure leur permettra d’être à la longue responsables et
autonomes », a-t-elle conseillé. La seule fausse note, dira notre
interlocutrice, c’est l’apparition du Covid 19. Une maladie qui est venue
changer les données chez les coiffeuses. « Les clients sont devenus rares.
Aujourd’hui, nous gagnons le tiers de ce qu’on percevait avant la crise
sanitaire », se plaint la présidente. Elle promet que cette maladie ne passera
pas par les coiffeuses. « J’exhorte mes collaborateurs au respect des mesures
barrières dans les différents ateliers. Afin de briser la chaîne de propagation
du Covid-19 », s’est engagée la gardienne de la beauté. Dans le cadre de cette
campagne sanitaire, elle bénéficié de kits d’hygiènes pour le compte de son
association. Un don de la chambre des métiers du Gôh pour aider les coiffeuses
dans la lutte contre le Covid-19.
Alain Kpapo