Le tatouage est pratiqué depuis plusieurs milliers d’années dans le monde. Il peut être réalisé pour des raisons symboliques, religieuses ou esthétiques. Dans plusieurs civilisations, il est même considéré comme un rite de courage à cause de la douleur endurée lors de la réalisation du motif.
Le prénom d’un amour qui n’est plus à la page, un motif de mode dépassé, une folie de jeunesse qu’on veut oublier, un tatouage qui a mal évolué, des obligations professionnelles, une simple lassitude… Les raisons de regretter un tatouage sont nombreuses. Si on les dit « pour la vie », les tatouages peuvent en réalité être effacés, mais c’est loin d’être un acte simple. En effet, s’engager dans une opération de ‘’détatouage’’ est un long et délicat processus.
Pour l’un des meilleurs tatoueurs professionnels ivoiriens, Cheney Tatou, ‘’Le détatouage, ça existe en Côte d’Ivoire’’. Le terme ‘’détatouage’’ désigne l’ensemble des processus utilisés dans le passé ou de nos jours pour éliminer un tatouage permanent.
C’est une pléiade de techniques permettant de recouvrir ou d’effacer un tatouage. A Abidjan, la capitale économique ivoirienne, des gens y ont recourt depuis quelque temps.
Les raisons sont diverses. Souvent, c’est pour changer d’apparences. D’autres fois, ce qui est plus fréquent, c’est pour remplir les conditions posées à certains concours professionnels. En effet, le tatouage est devenu un motif de rejet de candidature à certains concours de la fonction publique.
Il est presque midi ce jour. Le soleil est déjà au zénith. Nous sommes à Angré Djibi, dans la commune de Cocody. Nous avons rendez-vous avec Cheney Tatou, jeune homme élancé au corps frêle tout recouvert de tatouages.
Ce tatoueur pro nous parle des diverses techniques utilisées pour le ‘’détatouage’’.
Le salon “Cheney Tatou” a une certaine originalité. Au sein de son cadre enchanteur, Cheney reproduit de belles figures. Il fait aussi du piercing.
Dermographe (Appareils servant à effectuer un tatouage) et autres matériels en main, il fait parler sa dextérité. Cela, au grand plaisir de sa clientèle. Une chose qui nous a marqué, c’est que le salon est interdit aux mineurs.
Le maître des lieux nous parle : « pour le détatouage, il est possible de le faire chimiquement ou via une machine spéciaisée. »
Le laser plus efficace
La technique la plus efficace et aussi la plus chère (on peut dépenser jusqu’à 50.000 F CFA pour une séance) pour effacer un tatouage est celle du laser dit picoseconde, venue succéder au laser nanoseconde (ou laser Q-Switched), ancienne référence en la matière. Cette nouvelle technologie, encore plus efficace, garantit des impulsions à un rythme beaucoup plus court, de l’ordre du millionième de secondes pour fragmenter les pigments d’encre du tatouage. Ces derniers sont ensuite évacués naturellement par l’organisme.
Une séance de laser picoseconde dure entre 5 et 15 minutes, en fonction des spécificités du tatouage en question. « Puis les séances doivent généralement être espacées de deux mois, le temps que la peau, fragilisée par les effets du laser, puisse complètement cicatriser, explique Monsieur Yao Phillip dit Cheney Tatou. Ce travail d’évacuation se fait progressivement au fur et à mesure des semaines, ce n’est pas instantané après la séance. »
Après chaque séance, un pansement avec une crème à base de vaseline est appliqué sur la zone détatouée. Le pansement doit être conservé 24 heures, puis de la crème doit être réappliquée quotidiennement jusqu’à ce que la peau soit redevenue normale. « Des petites croûtes peuvent se former, et le laser peut assécher la peau, un peu comme lors d’une épilation (enlèvement de cheveux) définitive », précise l’expert. Une étape qui peut durer une dizaine de jours.
Destruction par produits chimiques
Si le laser est une technique phare pour effacer les tatouages, d’autres méthodes existent, notamment le détatouage par destruction chimique (aussi appelé « détatouage sans laser »), qui consiste à injecter de l’acide lactique dans la peau pour expulser les pigments.
« Il ne s’agit pas d’une technique fiable et efficace », prévient le chirurgien de l’esthétique, petit surnom donné par ses clients qui sont satisfaits de son travail. « Souvent pratiqué par des faux esthéticiens qui ne sont pas habilités à le faire, cette pratique est dangereuse quand elle n’est pas suivie ».
Est-ce que ça fait mal ?
« Grâce aux nouveaux protocoles, une séance de détatouage n’est pas plus douloureuse qu’une séance de tatouage classique », assure le professionnel. L’application d’une crème anesthésiante, entre une à deux heures avant la séance, permet d’endormir la peau et de diminuer les sensations désagréables.
« C’est une sensation de chaleur, mêlée à des picotements, un peu comme un coup d’élastique », décrit Iness Adou, invitée spécialement par notre tatoueur pour nous parler de son expérience avec le détatouage. Et d’ajouter « Grâce à cette technique, je n’ai pas eu à faire plus de 4 séances. Car c’était rapide et fiable ».
Rappelons-le, effacer un tatouage au laser n’est pas une pratique simple. Il s’agit d’un acte médical : c’est pourquoi il est essentiel de se tourner vers un véritable professionnel. Ce sachant agira en parfaite connaissance de cause. Une consultation préalable avant tout acte de détatouage au laser est absolument nécessaire (nombre approximatif de séances, déroulé du parcours de soins, potentiels effets secondaires, tarif des séances…).
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Cédric Brayanne