La question devient de plus en plus une préoccupation récurrente, un défi, depuis que l’UNFPA-ONU a annoncé que la population mondiale a atteint 8 milliards de personnes depuis le 15 novembre 2022. Cette interrogation est donc sur toutes les langues : comment atteindre les objectifs de développement durable, en respectant les droits de l’homme et en ne laissant personne de côté ?
En atteignant 8 milliards de personnes, le monde signale des améliorations majeures de la santé publique qui ont réduit le risque de décès et augmenté l’espérance de vie. Mais le moment est aussi un appel au clairon pour que l’humanité regarde au-delà des chiffres et assume sa responsabilité partagée de protéger les personnes et la planète, en commençant par les plus vulnérables. Pour le secrétaire général de l’ONU, António Guterres : « Si nous ne comblons pas le gouffre béant entre les nantis et les démunis du monde, nous nous préparons à un monde de 8 milliards d’habitants rempli de tensions et de méfiance, de crises et de conflits ». En l’affirmant, António Guterres attire l’attention des dirigeants de ce monde sur le continuel « honteux » déséquilibre entre les riches et les pauvres.
La Directrice exécutive de l’UNFPA, Dr Natalia Kanem ne dit pas autre chose. Pour elle, se concentrer uniquement sur les chiffres détournerait le monde du véritable défi auquel il est confronté. À savoir : garantir un monde dans lequel le progrès peut être apprécié de manière équitable et durable.
C’est vrai qu’un monde de 8 milliards est une étape importante pour l’humanité. D’ailleurs, c’est le résultat d’une durée de vie plus longue, une longue lutte pour la réduction de la pauvreté et d’une baisse de la mortalité maternelle et infantile. Mais selon Dr Natalia Kanem, « Nous ne pouvons pas compter sur des solutions uniques dans un monde où l’âge médian est de 41 ans en Europe contre 17 ans en Afrique subsaharienne. Pour réussir, toutes les politiques de population doivent être centrées sur les droits reproductifs, investir dans les personnes et la planète et reposer sur des données solides ».
Offrir une bonne qualité de vie…
La population mondiale va croître et atteindra sûrement environ 10,4 milliards dans les années 2080. Or, le taux de croissance global ralentit. Le monde est de plus en plus diversifié au plan démographique. Malheureusement, les pays confrontés à des tendances démographiques radicalement différentes, passe de la croissance au déclin. De nos jours, 2/3 de la population du monde vivent dans un contexte de faible fécondité. Au même moment, la croissance démographique se concentre dans les pays les plus pauvres du monde, notamment en Afrique subsaharienne. Dans de telle condition, la communauté mondiale doit veiller à ce que les pays soient équipés pour offrir une bonne qualité de vie à leurs populations. Mais aussi, qu’ils puissent élever et autonomiser leurs populations les plus marginalisées.
… et accélérer les efforts pour atteindre les ODD
C’est vrai que la croissance démographique rapide rend plus difficile l’éradication de la pauvreté, la lutte contre la faim et la malnutrition et l’augmentation de la couverture des systèmes de santé et d’éducation. Mais la multiplication des efforts pour atteindre les ODD, en particulier ceux liés à la santé, à l’éducation et à l’égalité des sexes, contribuera à réduire la croissance démographique mondiale.
« Nous devons accélérer nos efforts pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris ainsi que les ODD », a déclaré Li Junhua, secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales. Pour lui, il faut un découplage rapide de l’activité économique de la dépendance excessive actuelle à l’égard des énergies fossiles, une plus grande efficacité dans l’utilisation de ces ressources, et en faire une transition juste et inclusive qui soutienne ceux qui sont les plus laissés pour compte.
En effet, pour que 8 milliards de personnes prospèrent, il faut chercher et trouver des solutions éprouvées et efficaces pour atténuer les défis du monde et atteindre les ODD, tout en donnant la priorité aux droits de l’homme. Surtout, un investissement accru des États membres et des gouvernements donateurs est nécessaire dans les politiques et les programmes qui contribuent à rendre le monde plus sûr, plus durable et plus inclusif.
Rappelons qu’il a fallu environ 12 ans pour que la population mondiale passe de 7 à 8 milliards.
Silué Fatogoma