Constitués des cotisations Coges, t-shirt, livrets, carnets de correspondance, photos, cotisations exceptionnelles…, les frais annexes ont longtemps été une charge de trop pour les parents d’élèves.
Le sujet est d’actualité. Il est déclaré déjà résolu. Mais la réalité est tout autre. La mesure du gouvernement de supprimer les frais annexes dans les établissements scolaires publics ne semble pas avoir été entendue par des écoles. Et ce depuis 2020.
Dans un communiqué qui avait été rendu public par ses services, la ministre de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, Mariatou Koné, a décidé de mettre fin à la crise liée aux frais annexes.
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La suite, on la connait. Une série de rencontres avec les Comités de Gestion des Etablissements Scolaires (COGES) a abouti sur un accord. Ces derniers se sont donnés comme mission de s’occuper de l’entretien courant des bâtiments, des équipements, à la sauvegarde du patrimoine et de contribuer à l’encadrement civique et moral des élèves et stagiaires. Mieux, les Coges affirment apporter un appui aux activités socio-éducatives de l’établissement et déclarent suivre l’évolution des effectifs des élèves et du personnel d’encadrement. Sur cette base, l’Etat a versé depuis le 1er septembre 2022, au profit des COGES, la somme de 16 milliards 731 millions 935 mille 329 Francs CFA. L’objectif étant de faciliter le fonctionnement des établissements scolaires.
Vieux réflexes
Que du vent. Nous sommes en compagnie de Tapé dans la commune de Cocody, au Plateau-Dokui. Il a son enfant dans une école primaire publique. « L’année dernière, j’ai refusé de payer les frais annexes qui étaient de 5 000f CFA. La maîtresse n’a pas donné les relevés de note de mon enfant. Sans m’associer à sa démarche, mon épouse a payé et les relevés lui ont été remis », se plaint le parent d’élève.
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Le sujet fâche. Ouattara qui a son enfant dans le même établissement, renchérit. « Mon enfant est venu m’informer que je dois payer 6 000f CFA, sinon il n’aura pas son classement. Je me rends au bureau de la directrice qui m’explique que ce ne sont pas des frais annexes, mais c’est pour les macarons, les t-shirts… » s’étonne-t-il. Mais qu’est-ce qu’on appelle frais annexes pour la première responsable de cette école ? Pourquoi de 5 000f CFA l’année dernière, on se retrouve à 6 000f CFA cette année ? Faut-il payer pour avoir le relevé de notes de son enfant ? La ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, le Pr Mariatou Koné, a donc prêché dans le désert.
Déviation
On apprend que certains parents d’élèves se seraient cotisé pour confectionner des table-bancs à leurs enfants afin qu’ils suivent les cours facilement. Kouadio, dont l’enfant est en classe de CM1 dans un établissement public du même quartier, explique que depuis le CP1, les apprenants se sont toujours assis à trois par table-banc. « Mon enfant m’informe qu’il y a une cotisation pour refaire les toilettes de l’école. En plus, le gardien, qui s’occupe aussi de l’entretien de l’école, n’a rien reçu comme salaire depuis plusieurs mois » se désole-t-il.
Autre lieu, autre son. Dans ce groupe scolaire public de la commune d’Adjamé, madame Sylla est toute confuse. Son enfant est au CP1. Il semble qu’à l’inscription de chaque enfant, la somme de 7 500f CFA est exigée aux parents d’élèves pour les « frais de composition ». Information que l’épouse de Sylla n’avait pas. Parce qu’elle a inscrit son enfant en retard. Après la composition du mois de novembre, elle se voit réclamer cette somme sous peine de voir son enfant exclu pour la composition de décembre 2022.
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Nous sommes dans la région du Gôh à une vingtaine de kilomètres de Gagnoa, sa capitale. Le toit de l’école primaire de ce gros village est à moitié enlevé. On nous informe que cela dure depuis deux ans. Plus au nord, à 70 kilomètres de Korhogo, l’école de cette bourgade n’a aucun aspect d’un lieu d’enseignement.
Dans ce sous quartier de la commune d’Abobo. C’est la récréation. Les écoliers envahissent le bureau de la directrice. Nous sommes surpris de constater que la première responsable de cet établissement scolaire publique est aussi et surtout une grande commerçante.
Finalement, à quoi servent les Comités de gestion des établissements scolaires (Coges) ? L’Etat a-t-il un regard sur leur gestion ? Et cette faramineuse somme versée par l’Etat à cet effet ? Elle sert à quoi ?
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Sékongo Naoua