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La route tue. Les causes des accidents sont diverses. Mais le taux de mortalité pour cause humaine est très élevé. Les campagnes de sensibilisation menées par le ministère de tutelle et les sanctions drastiques brandies semblent ne pas avoir d’effet.

Cette époque est loin où l’on rencontre un chauffeur conscient de sa responsabilité. Oui, le constat est désormais amer. Cela semble même un mirage. Pourtant, le souvenir est encore très frais dans notre tête. Il est rare de voir un chauffeur d’un car d’une compagnie de transport qui ne parle pas au convoyeur et dont ses mouvements semblent automatiques.  Et, son regard passé de manière alternative des rétroviseurs au-devant de la route.

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Bien sûr que cela ne signifie pas qu’un tel chauffeur ne peut pas faire un accident !

Aujourd’hui nos routes font peur. Les informations de chaque jour qui proviennent d’elles sont effrayantes. Les statistiques données par la sécurité routière montrent que le nombre des accidents en Côte d’Ivoire est passé de 12.061 en 2017 à 14.234 en 2021. Le nombre n’a fait qu’augmenter. En 2018 il était de 12.553, en 2019 il est passé à 12.862 et en 2020 on était à 12.876.

Causes

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En 2018, au lancement de la campagne de sensibilisation sur la sécurité routière, le ministre Amadou Koné sonnait l’alarme. « L’accident n’est pas une fatalité, mais une question de responsabilité. Cette hécatombe peut être stoppée, en agissant, notamment sur le facteur humain qui est responsable de 95% des accidents », avait-il révélé.

Selon le ministre des Transports, les principales causes des accidents de la route sont, entre autres, l’excès de vitesse, l’imprudence des automobilistes, les stationnements dangereux, la défaillance mécanique, la fatigue et la consommation d’excitants par des chauffeurs.

On lui donne raison. En mars 2022, nous sommes à Gagnoa, 270 kilomètres d’Abidjan. Sur le chemin de retour nous prenons le car de 16 heures, dernier départ de Gagnoa de cette compagnie de transport. Toutes les places assises sont occupées. A notre grande surprise, les gens continuent de monter et prennent place dans l’allée sur des tabourets. Même les marches au niveau des portières ne sont pas épargnées. Prétextant d’avoir oublié un document, nous descendîmes du car pour reprogrammer notre départ pour le lendemain matin.  Surprise. C’est à la même scène de la veille que nous assistons le lendemain.

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Soro Solo, ancien animateur de radio Côte d’Ivoire, a réagi autrement. Le père de l’émission « Le grognon » était à bord d’un car de transport pour Korhogo qui avait fait de la surcharge. Le chauffeur et son convoyeur en étaient responsables. A un barrage de contrôle, l’agent ne vérifie que les pièces du véhicule. Il ne jette même pas un coup d’œil dans le car. Mécontent, Monsieur « Grognon » descend et interpelle les forces de l’ordre sur le cas de la surcharge. Tous les passagers qui n’avaient pas de places assises ont été débarqués à ce poste de contrôle.

Que faire ?

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Que faire face à l’inconscience de nos chauffeurs. On se souvient de ces deux horribles accidents sur le tronçon Adjamé-Abobo par le zoo. Un soir, un chauffeur qui opérait un dépassement à vive allure, projette monsieur Soro et son frère, habitant du quartier Paillet, situé entre Williamsville et le zoo sur plusieurs mètres. Pourtant, ils étaient en bordure de route.

Un peu plus loin, au zoo, sous une pluie battante, le chauffeur d’un « gbaka » qui négocie un dépassement osé et voyant qu’il perdait le contrôle de son véhicule saute et s’enfuit ainsi que son apprenti. L’auto échoue avec les passagers dans le gros caniveau au niveau du zoo. Deux cas qui montrent l’irresponsabilité des conducteurs.

Que faire alors face aux excès. « La vitesse tue » lance toujours l’Office de sécurité routière, Oser. Et c’est vrai. En mai dernier, sur le tronçon Katiola-Niakara, un véhicule lancé à vive allure, malgré le signalement, est surpris par un barrage. A sa droite, la herse, à sa gauche, de gros tronc d’arbre et au milieu, un car stationné pour le contrôle. Incapable de freiner, il a préféré percuter le car en donnant son côté. Il est mort sur le coup. Sur le siège arrière, une vieille, une femme et un bébé s’en sortent sans aucune blessure.

Responsabilité

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Les chauffeurs font peur quand ils sont au volant. De nos jours, il est rare de voir un chauffeur mettre ses deux mains sur le volant. Une seule main leur permet de passer les vitesses et de faire toutes les autres manœuvres tandis que l’autre est perchée à leur vitre à demi-montée. Une mauvaise manière de conduire !

Les routes aussi font peur. Le manque de marcations. Notamment, les bandes blanches sur la route et les panneaux de signalisation. Cette situation est très dangereuse pour les voyages nocturnes. Surtout quand les véhicules roulent à vive allure. Mais aussi, de nombreux nids de poule foisonnent encore sur les voies qui obligent les chauffeurs à des manœuvres qui les exposent à d’éventuels accidents. A qui la responsabilité ?

L’Office de Sécurité Routière (OSER) a pour objectifs l’étude, la recherche et la mise en œuvre de tous les moyens destinés à accroître la sécurité des usagers de la route. Notamment, par des mesures de prévention des accidents, de formation des conducteurs de véhicules et par le développement des moyens, de l’aide médicale urgente. Grande responsabilité qui semble dormante.

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Sékongo Naoua

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