La culture de l’anacarde est devenue l’une des principales cultures de rente de la région des savanes de la Côte d’Ivoire. Encore appelée « l’or brun » l’anacarde représente un espoir pour les populations du grand Nord et pour le rayonnement du pays en matière d’agriculture au plan international.
L’anacardier, de son nom scientifique Anacardium occidentale, ou pommier-cajou, est une espèce de petits arbres originaire d’Amérique tropicale et cultivé en zone tropicale pour sa production de noix de cajou (ou anacarde) et de pomme de cajou.
Avec la noix de cajou, on peut obtenir des amandes qui servent à fabriquer de la pâte, de l’huile, des produits utilisés en apéritif, du savon. Quant à la pellicule entourant l’amande, elle est brûlée comme la coque pour faire un complément d’alimentation pour le bétail.
Le fruit de l’anacardier est particulièrement riche en vitamine E et en cuivre, des antioxydants ultra-efficaces pour lutter contre les dégâts des radicaux libres. Ces derniers sont effectivement responsables de ce que l’on appelle la dégénérescence cellulaire, première étape du développement des cellules cancéreuses.
Bien que tout cela ne soit pas encore totalement exploité, la Côte d’Ivoire a fait de la culture de la noix de cajou une priorité. Un moyen de lutte contre la
déforestation. Son développement rapide ces dernières armées en fait la deuxième source de revenus des régions Nord, Est et Centre, à côté du coton.
Il y a un an, le 16 février 2022, à l’occasion de l’ouverture conjointe de la 7ème édition de la Convention et Exposition mondiales du cajou et de la 4e édition des Journées nationales des exportateurs de cajou de Côte d’Ivoire (JNEC-CI), le Premier Ministre Patrick Achi se voulait plus clair. « En Côte d’Ivoire, l’anacarde s’affirme au fil des années comme un socle stratégique majeur pour notre agriculture, mais plus largement pour notre économie nationale. La noix de cajou représente en effet aujourd’hui notre 2ème produit d’exportation agricole, aussi bien en volume qu’en valeur derrière le cacao », a déclaré le Premier Ministre.
Les innovations
Le potentiel de cette filière, selon Patrick Achi, a véritablement pris son essor avec la mise en œuvre de la réforme engagée dans le secteur agricole, et notamment dans la filière anacarde. « Il s’agit d’accroître radicalement le taux de transformation locale de nos matières premières », avait déclaré Patrick Achi. Se faisant, le gouvernement à lancer depuis quelques années une vaste campagne d’encouragement à la transformation locale de la matière première.
Pour le premier des ministres, cela permettrait de créer plus de revenus pour les braves paysans, plus d’emplois pour la jeunesse talentueuse et plus de richesses pour tout le peuple ivoirien. C’est dans cette optique que la plus grande unité de transformation de noix de cajou à Toumodi dans la région du Bélier, dénommée « Dorado Ivory » a été mise en service le 08 juillet 2022. Plusieurs ont aussi vu le jour. Déjà le 04 mars dernier, la Ministre de l’Éducation nationale et de l’alphabétisation, Mariatou Koné, premier magistrat de la commune de Boundiali était sur le site de l’usine d’anacarde annoncée comme la plus grande d’Afrique de l’Ouest. Elle est implantée dans sa commune et son ouverture est annoncée pour très bientôt.
En outre, la création du Centre d’innovation et des technologies de l’Anacarde permet à la Côte d’Ivoire de disposer d’un outil performant de formation et d’assistance technique, aussi bien aux unités déjà installées qu’aux promoteurs de nouveaux investissements.
« L’environnement favorable ainsi créé par ces mesures nous permet de dire avec fierté et enthousiasme que la Côte d’Ivoire devient un « eldorado » pour la transformation des noix de cajou », s’est réjoui le Chef du gouvernement ivoirien. C’est donc à juste titre que le taux de transformation locale est passé de 10 à 21%, plaçant la Côte d’Ivoire au 3e rang mondial des pays transformateurs et fournisseurs d’amandes de cajou après le Vietnam et l’Inde.
Vigilance
C’est sur ce constat d’espoir que l’ouverture de la campagne 2023 a été faite par le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani. C’était au cours d’une conférence de presse tenue vendredi 03 février 2023 à Abidjan-Plateau. Le prix bord-champ plancher obligatoire du kilogramme de noix brute de cajou est fixé à 315 FCFA pour la campagne de commercialisation 2023 contre 305 FCFA en 2022, soit une hausse de 10 FCFA. Marge assez intéressante qui ne profite pas pour le moment aux producteurs. Sur les lieux d’achat des noix de cajou c’est une autre réalité. Que ça soit à Bouna dans la région du Boukani, à Ferké chef-lieu de la région du Tchologo. A Tafiré dans le Hambol, à Napié dans le Poro ou à Boundiali dans la Bagoué. Le constat est le même. Le prix d’achat est de 250 Fcfa chez le planteur. Au mieux il reçoit 300 Fcfa pour un kilo de noix de cajou.
Cette réalité doit être un enjeu pour le gouvernement. Comment garantir que le prix bord champs fixé devant les caméras du monde entier soit celui pratiqué sur le terrain d’achat des noix. Quelle politique est à mener pour que le cultivateur puisse ressentir les effets des efforts faits par l’Etat. Telle est la problématique qui se pose chaque année dans la filière anacarde.
Sékongo Naoua