Le pagne indigo est un des pagnes traditionnels. D’origine indienne, il fut importé dès l’antiquité. Aujourd’hui il est beaucoup utilisé en Afrique de l’Ouest.
Historiquement, l’indigo est une matière colorante bleu violacé extraite des feuilles et des tiges de l’indigotier, arbuste des régions chaudes. Le bleu foncé très profond et caractéristique qui en résulte a alors pris ce nom, « indigo ». Ce terme vient du latin « indicum » qui signifie « de l’Inde ». En effet, c’est d’Inde que fût tout d’abord importé l’indigo en Europe dès l’Antiquité. Mais en 2016, la découverte d’une cotonnade au Pérou a démontré que cette teinture, encore employée aujourd’hui, était déjà utilisée dans cette partie du monde il y a 6 000 ans.
Le processus de fabrication de la couleur indigo, de façon artisanale, est simple. Les feuilles sont récoltées à la fin de la saison des pluies, elles sont ensuite pilées, séchées et conservées à l’abri de l’humidité. Le produit obtenu est fait en petites boules. On les fait bouillir dans de l’eau avec de la potasse. Cette décoction sera conservée pendant plusieurs jours pour obtenir une fermentation. Un savoir-faire qui se transmet de génération en génération depuis des siècles parmi les familles teinturières. On peut aussi utiliser les feuilles fraîches et le résultat sera le même.
Si les procédés de la teinture indigo sont globalement similaires pour chaque région, on note des différences entre ethnies et même entre familles d’une même ethnie. Chacune d’entre elle détient son secret de fabrication, permettant de rendre leurs teintures plus subtiles et surtout uniques. En Afrique de l’Ouest, c’est des cotonnades qui sont principalement teintes, qu’elles soient importées ou tissées localement. Les tissus indigos unis sont magnifiques grâce à la puissance de leur couleur et à la diversité des bleus que l’on peut obtenir. Mais c’est surtout lorsque les étoffes s’ornent de motifs que l’on comprend toute la subtilité et la complexité des savoir-faire des artisans africains.
Techniques de fabrication
Cire, raphia, coquillages, coton, amidon. Tous ces éléments sont autant de matières utilisées pour « imprimer » de manière unique les étoffes. On peut distinguer 3 grandes techniques de teinture : par nœuds, par couture et par réserve de cire.
La première technique consiste à faire des nœuds sur les parties du tissu brut que l’on souhaite réserver, en ligaturant la base avec un fil de coton ou du raphia. Les poches ainsi créées peuvent être remplies de petits éléments, pour obtenir des motifs plus complexes. Tout un art.
Le tissu uni peut également être plissé pour former des réserves ensuite cousues, qui après la teinture révéleront des motifs particulièrement riches et esthétiques. Les Yorubas, une ethnie vivant majoritairement au Nigeria, sont reconnus comme les maîtres de cette technique et plus généralement comme les maîtres de la teinture indigo. Une variante de cette technique est celle de la broderie : le fil brodé en points très serrés dévoile, une fois enlevé, un motif blanc ou bleu clair.
La dernière de ces méthodes de création par réserve utilise donc de la cire ou de l’amidon. Cette technique, très commune, consiste à dessiner à la cire des motifs grâce à des pochoirs et des tampons. Le teinturier peut également dessiner librement à main levée ce qu’il souhaite. Une fois que la cire sera enlevée, les motifs et dessins apparaîtront en négatif.
Un tout autre procédé consiste à teindre des fils avant le tissage des étoffes naturellement dégradées.
Malgré la concurrence que constituent les colorants chimiques, qui permettent de faire des économies et d’accéder à une plus grande gamme de coloris, ces techniques ancestrales de teinture indigo se maintiennent notamment grâce au travail de différents créateurs africains. Ceux-là ont su valoriser ces savoir-faire et en sont aujourd’hui les ambassadeurs, participant à leur diffusion dans le monde entier.
Sékongo Naoua