La filière coton fait partie des cultures importantes pour la Côte d’Ivoire. Confrontée à plusieurs situations, le coton n’a plus son rayonnement d’antan.
La Côté d’Ivoire est quatrième producteur d’or blanc sur le continent. La filière coton ivoirienne cumule les déboires. Déjà confrontée à la flambée du prix des engrais, elle a aussi subi les aléas climatiques au moment des semis de l’année dernière. « Durant les semis, il y a eu des problèmes de pluie car sur 85% du territoire, il y avait la sécheresse. On n’a donc pas pu semer comme on le souhaitait. Toutes les superficies prévues n’ont pas pu être préparées », raconte Kassoum Koné, le directeur commercial de la compagnie ivoirienne de Coton.
Et les mauvaises nouvelles se sont accumulées. La dernière en date s’appelle Jacyd, un parasite ravageur. Pourtant, les producteurs « ont pris le problème à bras-le-corps », explique M. Kone. « On a investi et acheté des pesticides pour lutter contre l’insecte. Mais les chercheurs nous ont dit que le Jacyd a connu une mutation si bien qu’il est plus résistant à l’insecticide avec lequel on le traitait avant », détaille le producteur qui précise que le Burkina et le Mali sont également touchés.
Résultat : la productivité et la production sont en baisse. Sachant que les producteurs empruntent pour pouvoir cultiver et le remboursement dépend des récoltes, cela pose une problématique.
« Dans la plupart des pays, ce sont les sociétés cotonnières qui achètent les intrants et les distribuent aux producteurs à crédit. Et, en fonction de la récolte, au moment de la commercialisation, la société cotonnière prélève la valeur des intrants. Aujourd’hui, les producteurs ne pourront pas rembourser la dette », précisait Youssouf Djimé Sidibé secrétaire exécutif de, l’Association des producteurs de coton africains (Aproca).
Face aux difficultés auxquelles la filière est confrontée, les acteurs de la filière coton d’Afrique de l’Ouest se regroupent. L’Organisation régionale des interprofessions du coton des États membres de l’Union économique et monétaire des États d’Afrique de l’Ouest (ORIC-UEMOA) a été créée ce mois de mars. Basée à Abidjan, elle regroupe des professionnels de la filière du coton du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso, du Togo, du Bénin et de la Côte d’Ivoire. Son but : défendre les intérêts des acteurs du coton et mieux les organiser.
Cette organisation est pensée pour refléter les avis de tous les acteurs de la filière coton, du planteur en passant par les transporteurs et les industriels. L’objectif est d’échanger des informations et notamment mutualiser les bonnes pratiques. Elle souhaite aussi s’occuper de la relance des activités après une campagne ternie par le Jacyd, un parasite qui a affecté une grosse partie de la production l’année dernière. « Nous avons besoin de partager nos expériences pour lutter contre ce parasite qui risque d’anéantir les efforts qui ont été faits, des années durant, pour la production cotonnière », explique Mathieu Adjovi, le président de l’ORIC-UEMOA.
La zone UEMOA produit chaque année en moyenne deux millions de graines de coton et 900 000 tonnes de fibres de coton une fois transformées à l’usine.
L’autre difficulté dans la filière est le marché international. Depuis plusieurs mois le marché du coton tourne au ralenti faute d’acheteur. La demande est désormais si molle que la baisse de production annoncée en Inde n’a pas eu d’impact sur les prix.
La demande évaluée pour l’année cotonnière en cours est de 110 millions de balles selon le dernier rapport du ministère américain de l’Agriculture (USDA), soit 6 millions de balles de moins que l’année dernière. Ces chiffres pourraient encore baisser au vu de la morosité du marché. L’USDA estime que les échanges mondiaux cette année sont à leur plus bas niveau depuis 6 ans.
Sékongo Naoua