Hortense Beniet épouse Kacou, originaire d’Arrah précisément d’Assalé-Kouassikro est mère de quatre enfants. Titulaire d’un brevet de technicien supérieur en marketing, elle a occupé successivement les postes de commerciale et responsable commerciale dans un quotidien de la place. Contaminée par le virus des médias, elle est depuis 2014 patronne de presse. Dans cette interview, elle explique comment elle est parvenue aujourd’hui à être patronne de presse tout en mettant l’accent sur les difficultés rencontrées par les femmes dans le monde des médias.

Comment êtes-vous arrivée dans le monde des médias ?

J’y suis rentrée après l’obtention de mon Brevet de technicien supérieur. Je ne suis pas certes une journaliste de formation mais, il faut comprendre que dans un organe de presse le moteur de la rédaction c’est le commercial.

Comment est née en vous l’idée de devenir patronne de presse ?

C’est vrai on écrit un article. Mais combien fait rentrer cet article dans les caisses de l’entreprise ?  Pourtant, une seule publicité peut faire rentrer la valeur de plusieurs mois de tirage pour l’entreprise. Partant de là, j’ai compris que le commercial est indispensable à tout organe de presse. Je me suis donc demandé pourquoi ne pas me mettre à mon propre compte. C’est comme ça que la chose est venue. Vous savez, quand vous exercez dans un milieu avec le temps, il y a une passion qui naît.  A la suite, cette passion suscite en vous de grands rêves. En ma qualité de responsable commerciale dans ce quotidien, je suis tombée amoureuse des médias.  Avec le temps, l’idée de créer un journal a progressivement germé dans mon esprit. J’ai ainsi pris la décision de créer une entreprise de presse. Par la suite, faire d’un journal en ligne comme activité phare de mon entreprise a submergé mon esprit. C’est ainsi que je me retrouve aujourd’hui patronne de Mehielinfo.net. A côté de la presse, il y a une entreprise que je chapeaute. J’ai un groupe qui fait du coaching des journaux papier. Je fais le suivi au niveau de l’impression jusqu’à la distribution sur le terrain et au retour (les ventes et les invendus), chanodi contrôle et distribution.

Mehiel info ?

 Mehiel fait partie des 72 anges de notre seigneur. Mehiel c’est l’ange qui gère tout ce qui est intellect dans le monde spirituel. Que ce soit maître ou journaliste. Tout ce qui concerne les œuvres de l’esprit. C’est notre saint patron comme on le dit chez les chrétiens. C’est pour cela que j’ai donné le nom Mehiel parce que j’estime que ce que je fais rentre dans les œuvres de l’esprit.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?

Le milieu de la presse est dominé par les hommes. Et quand une femme vient à ce métier les hommes ont tendance à les frustrer, à les minimiser. A peine ils te considèrent comme patron de presse. Les réelles difficultés sont les frustrations qu’il faut d’abord pouvoir gérer et surmonter. Ensuite, viennent les réalités du terrain. Pour une femme le terrain est vraiment dur. Pour le financement, recevoir de l’aides c’est extrêmement difficile pour une femme. Dans ce milieu, les hommes ne voient pas la femme en tant que collègues mais ils la voient en tant que concurrente, adversaire. Donc recevoir un financement c’est un parcours du combattant. Si tu n’as pas un époux qui te soutient c’est quasiment impossible d’y résister. Je profite pour rendre hommage à tous nos époux. Parce que si nous avons pu tenir jusqu’ici c’est en partie grâce à leurs soutien financier et moral. À cela s’ajoute le droit de cuissage.

Comment réagissez-vous face au droit de cuissage ?

Quand le travail prime, celui qui est en face est obligé de te donner ce qu’il doit te donner. Il faut juste travailler avec abnégation de sorte à te rendre indispensable. Ton travail doit l’obliger à te donner ce qu’il doit te donner. Il ne faut jamais céder.

Quel combat menez-vous pour les femmes de la presse en tant que membre de l’Union ?

On se bat contre les hommes pour avoir notre place. Il faut le rappeler c’est des frustrations que nous vivons au quotidien. Nous essayons donc de nous battre pour avoir notre place dans ce milieu. Je pense que nous y arriverons. Un jour viendra où les hommes se sentiront obligés de nous accepter parce que tout comme eux nous avons des qualités requises pour exercer ce métier.

Patronne de presse, quelles sont vos attentes en faveur de la femme de la part de l’Agence de Soutien et de Développement des Médias (ASDM ) ?

J’aimerais dire merci au président de l’Asdm d’avoir appelé une femme auprès de lui. Aussi, j’aimerais qu’il sache que nous les patronnes de presse avons le regard fixé sur lui. Nous espérons qu’il nous mettra sur le même pied d’égalité que les hommes. Tant sur le plan financier que sur le plan affectif.

Nominé aux Awards de la presse, comment vous sentez-vous ?

Certes je n’ai pas remporté le grand prix. Mais le fait d’avoir été nominée est déjà une grande victoire et une motivation de plus pour moi. Il faut dire que quelques années en arrière j’ai remporté le prix Samba Koné de la meilleure entreprise de presse.

Un message à la jeune fille qui voudrait faire comme vous

J’ai envie de dire à toutes ces jeunes désireuses d’être patronne de presse que pour travailler dans les médias il faut déjà aimer ce secteur. Aimer le métier qu’on désire exercer. Parce que si l’argent est la priorité, on ne verra pas la qualité de ton travail. On n’y vient certes pas pour être riche mais, la signature est la plus grande richesse du journaliste. La signature est une marque déposée à vie. Le journalisme c’est un métier passionnant. Être patronne de presse l’est encore plus. Donc. Jeune fille, il faut déjà que tu saches que ce métier n’est pas exclusivement un métier d’homme. Aussi parlant de droit de cuissage, tu n’es pas obligé d’aller avec un homme pour qu’il te rende le service qu’il doit te rendre. Mais ton travail doit l’obliger à te donner ce qui te revient de droit. Donc tant que tu as ça à l’esprit tu vas y arriver. Il faut rêver grand et il faut voir grand.

Quels messages aux hommes en faveur de la gent féminine ?

Que les hommes arrêtent d’être complexer. Les hommes n’ont qu’à comprendre que nous ne venons dans le métier pas pour les dominer. L’homme à sa place d’homme que la femme, quel que soit son titre, quel que soit sa casquette, doit respecter. Mais dans le domaine du travail ils doivent pouvoir comprendre que Dieu nous a doté tous de la même intelligence. On peut donc opérer dans les mêmes secteurs au même titre qu’eux.

Grace Djaze

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