Parfois considéré à tort comme un mythe par le monde médical, le déni de grossesse est un phénomène méconnu qui concernerait les femmes de tout âge. Nous sommes avec le professeur Adjobi Roland, gynécologue au CHU de Treichville afin d’en savoir plus sur cette pathologie.
Qu’est-ce qu’un déni de grossesse ?
Le déni de grossesse est un trouble psychiatrique. C’est une défaillance de tout ce qui est perception au niveau des individus. Il est lié au fait que la patiente ne reconnaît pas inconsciemment la présence d’une grossesse. Cette grossesse n’est ni protégée par la patiente ni une grossesse prévue ou désirée par celle-ci.
Le test de grossesse est-il positif lorsqu’une femme fait un déni de grossesse ?
Bien sûr que le test est positif parce que dans le déni de grossesse la femme est enceinte. En temps normal, quand une femme est enceinte, elle a des signes comme la tension des seins qui deviennent plus lourds, l’absence des règles. Elle a des nausées matinales et elle se sent fatiguée. Donc à partir de ses signes, la femme sait qu’elle est enceinte. Dans le déni de grossesse, elle ne perçoit pas tous ces signes. Elle n’a aucune idée qu’une grossesse se développe en elle. Le Test de grossesse peut être négatif, car il n’est pas fiable à 100 %. Il faut au moins deux tests pour être sûre que c’est vraiment une grossesse. Donc un test négatif n’exclut pas forcément la présence d’une grossesse.
Quelles sont les causes du déni de grossesse ?
Une femme qui fait un déni de grossesse, c’est une femme qui a subi un traumatisme. Elle a eu peut-être des influences au niveau de sa famille, ou ils ont peut-être parlé de la grossesse comme quelque chose de négatif. Ou bien, elle a été victime d’attouchements ou de violences sexuelles. Ça peut être aussi parce qu’elle a observé une grossesse qui s’est mal terminée et elle vit ça comme un stress si bien que son organisme n’est pas trop préparé à recevoir une grossesse. Dans ce cas, c’est un psychiatre qui peut vraiment expliquer cela parce que dans le déni de grossesse la personne ne s’en rend pas compte. Elle ne sent pas de changement. C’est peut-être quelqu’un qui lui dira qu’elle est enceinte.
Existe-t-il différents types de déni de grossesse ?
Il y a deux modèles de déni de grossesse : Le déni de grossesse partiel et le déni de grossesse total. Pendant le déni partiel, la patiente, au cours de la grossesse, va finir par se rendre compte qu’elle est enceinte à partir du troisième trimestre. Dans la forme totale, la femme se rend compte qu’elle est enceinte seulement au moment de l’accouchement.
La femme peut-elle voir ses règles pendant le déni de grossesse ?
La femme ne peut pas avoir ses menstrues pendant cette période. Elle ne pourra même pas sentir les mouvements de l’enfant.
Quelles sont les conséquences du déni de grossesse ?
La première conséquence est l’infanticide. Une femme qui ne sait pas qu’elle est enceinte et qui finit par accoucher risque d’abandonner l’enfant ou de l’étrangler. Les conséquences peuvent être désastreuses pour la survie de cet enfant. C’est un enfant qu’il faut retirer de chez la mère parce qu’elle n’a pas prévu avoir cet enfant.
Où est logé l’enfant dans l’organisme dans la situation de déni grossesse ?
L’enfant reste dans le ventre, mais c’est difficile à expliquer. Au cours du déni de grossesse, l’utérus ne se développe pas comme dans une grossesse normale. Ce qu’il faut savoir dans le déni de grossesse, c’est que la personne n’a pas les signes extérieurs de la grossesse. On se dit donc que ce n’est pas une grossesse parce que la personne n’a pas de signes annonciateurs. Si la femme découvre la grossesse avant trois mois, alors on dit que ce n’est pas un déni de grossesse. Le déni de grossesse est inconscient. La femme ne se rend pas compte qu’elle est enceinte. Dans le déni de grossesse, l’enfant n’a pas de retard de croissance, il n’a pas de troubles qui se développent. Par contre, la femme n’a pas conscience qu’elle est porteuse d’une grossesse. On peut penser que son esprit protège l’enfant. Malgré la forme du ventre, le bébé qui naît n’est pas prématuré, il est normal.
Quelles sont les conséquences sur l’enfant et sur la mère ?
Chez une femme qui fait un déni de grossesse donc qui ne s’est pas faite consulter, il peut avoir des pathologies qui peuvent menacer la vie de l’enfant. Il s’agit du paludisme et d’autres maladies. L’enfant est donc gravement en danger parce que sa mère n’a pas fait les soins nécessaires pour protéger sa vie. Le déni de grossesse peut augmenter le taux de mortalité périnatale. En fin de grossesse, l’enfant peut mourir parce que la mère n’a pas pris suffisamment de fer. L’enfant peut aussi faire une anémie, un paludisme grave peut l’emporter. La mère peut être exposée à une infection pendant la grossesse.
Que faire face à un cas de déni de grossesse ?
L’enfant née d’un déni de grossesse doit être suivi. Si la grossesse est détectée avant l’accouchement, la femme enceinte doit être soumise à un traitement. On commence par lui prescrire des vitamines pour donner plus de chance à la grossesse pour se développer. Par insuffisance de progestérone, la femme peut perdre son enfant parce que la progestérone est l’hormone qui maintient la grossesse. Lorsqu’une femme fait des fausses couches à répétition, on lui met de la progestérone, du fer, de l’acide folique.
Le déni de grossesse est-il très souvent observé en Côte d’Ivoire ?
Le déni de grossesse n’est pas fréquent en Côte d’Ivoire. Pour le déni de grossesse on gagnerait à l’expliquer dans nos lycées pour sensibiliser les collégiens et les lycéens. Il est important de faire attention à leur corps parce qu’il y a des cas assez particuliers. Il y a des situations telles que les pressions familiales, le stress dans les communautés. Si on y prend garde, ceux-ci peuvent favoriser le déni de grossesse. Les jeunes filles qui sont régulièrement martyrisées et les jeunes filles à qui on donne une éducation trop stricte sur l’éducation sexuelle. Il serait plus intéressant d’en parler dans les forums de jeunes pour que ça donne une ouverture d’esprit sur ces phénomènes sans toutefois effrayer les gens.
Syntyche Dié (Stagiaire)