Traditionnellement, la fête sociale, culturelle et politique de l’Abyssa est célébrée chaque année par le peuple Nzema. Professeur titulaire Agbroffi Diamoi Joachim, titulaire d’un doctorat de 3e cycle sur l’Abyssa, proposée thèse d’État, compte tenu de l’importance du travail accompli, et l’un des membres de l’association des organisateurs, nous parle de l’Abyssa nzema.

Qu’elle est la signification de l’Abyssa ?

Sachez, d’entrée de jeu, qu’on n’écrit pas Abissa, ni Abisa ; mais soit Abiissa soit Abyssa. La langue nzema est une langue à tons. À chaque ton correspond un mot, un nom et en un mot un terme, à part. La fête qui se célèbre à Grand-Bassam, chaque année, fin octobre au début novembre de chaque année, s’appelle et s’écrit soit Abiissa soit Abyssa. Les gens font très souvent cette erreur dans l’écriture et dans la prononciation de l’Abyssa.

Abyssa vient du verbe nzema, ebizalè signifiant « demander, poser des questions » de manière critique et veut dire « demander ; poser des questions ; s’interroger, critiquer ». c’est ce verbe qui a donné le nom abiissa par ajout du préfixe a qui entre dans la formation d’un type de nom, en doublant sa lettre i et en changeant sa lettre z en deux ss pour répondre à des critères de demande, d’interrogation et de critique. Sur des principes de substantivation autre, c’est-à-dire de formation d’un autre nom, la lettre s n’est pas doublée. Le nom formé désigne une réalité  religieuse autre que celle qui se passe dans l’Abyssa. Les deux réalités contradictoires, opposées, qui s’excluent dans la gouvernance et la démocratie, existent dans la société nzema. L’Abyssa est une fête au cours de laquelle le Nzima s’interroge, pose des questions, critique. C’est une fête de bilan : bilan de tout ce qui se passe dans la société. Le Nzema critique la reine mère, le roi, le conseiller du roi, les chefs traditionnels ; il critique tout le monde.

Combien de temps dure la célébration de l’Abyssa ?

L’Abyssa dure trois semaines. La première semaine sert à la préparation des critiques. A la deuxième semaine porte sur la critique sur la place publique. La troisième semaine sert à faire le bilan des critiques et chacun réfléchit à ce qui lui a été reproché pour une amélioration pour l’année à venir. Si la personne ou personnalité en tient compte, l’année suivante, elle est félicitée. Si elle ne l’a pas fait, il lui est signifié qu’elle n’en a pas tenu compte. Ce peut être qu’elle l’a fait, mais pas assez ou maladroitement. Une personne, une personnalité est en train de se forger avec ou sans elle, et qui va déterminer les fonctions à assumer ou pas, plus tard. Si elle est déjà en fonction, elle peut conduit à sa révocation, à sa destitution et dans le cas contraire le maintenir à son poste ou le hisser.

Qui critique ?

La critique est pour tout le monde et tout le monde la fait. Personnes libres ou non libres, autochtones, allochtones et allogènes font toutes des critiques.

Cela veut dire que la reine elle-même et le roi lui-même peuvent critiquer ?

Conformément au principe démocratique (maamaamule) émanant de la constitution nzema suivant lequel, lorsque le peuple a un problème, il lui revient de prendre des décisions et de les faire exécuter par la reine mère et le roi ; de même, lorsque la reine mère et le roi ont des problèmes, il leur revient de le porter à la connaissance du peuple, à qui revient le droit de prendre des décisions à faire exécuter. Si le peuple prend une décision, étant donné que c’est le peuple qui a décidé, et considérant que la décision du peuple a l’autorité de la chose convenue, alors la reine mère et/ou le roi concernés peuvent la faire exécuter. Il faut savoir que la critique est dirigée vers ceux qui ont des postes de responsabilité. La reine mère et le roi sont à l’exécution des critiques ;  mais ils ne sont pas à l’expression même des critiques. Cette dernière partie ne fait pas partie de leur fonction exécutive.

Toute personne qui a un poste de responsabilité, est à l’exécution des décisions de ceux qui sont sous ses ordres. Le fait d’être critiqué, place, ipso facto, dans une position d’exécution, de correction, d’amélioration, de changement, d’avancement. La critique porte haut la personne qui est critiquée. Elle honore celui ou celle qui en est l’objet. Aussi, la personne ou personnalité critiquée récompense, séance tenante, celui ou celle qui l’a critiquée. Chez les Nzema, c’est une joie immense d’être critiqué. La critique sert essentiellement à faire avancer hommes et femmes dans d’exécution, la hiérarchie, la correction, l’amélioration, le perfectionnement, la réussite des missions, le changement, l’avancement.

Vous voulez dire que chez les Nzema chacun, chacune a une responsabilité et en est bien conscient (e) et s’attache à l’améliorer et à la bien assumer dans l’intérêt de tous ?

Il faut savoir que le peuple a, à sa tête, reine et roi. Les populations des villages ont à leur tête chefs traditionnels (femmes et hommes). Les familles ont leur chef de famille. Chacun, chacune a quelqu’un, quelqu’une au-dessus de lui ou d’elle. Quand quelqu’un épouse une femme, quand quelqu’un à des enfants, il sait que le mariage et l’enfantement lui confèrent des responsabilités. Ils ont tous des responsabilités. En retour, ceux et celles sur qui s’exercent la responsabilité ont aussi des responsabilités connues et à assumer. Chacun, chacune doit se soumettre à son responsable, le moment venu. Et ceux qui sont sous la responsabilité de quelqu’un, de quelqu’une, ont droit à la parole, à la critique, à la participation aux prises de décisions. C’est un droit, un devoir. Donc l’Abyssa a été instituée pour permettre à ceux qui sont gouvernés de pouvoir dire à ceux qui les gouvernent : « vous ne gouvernez pas conformément à la constitution (maamèla nu maamèla) ». Chez les Nzema, la constitution existe et on l’appelle, en langue nzema, « Maamèla nu maamèla ». Les lois (maamèla) et autres normes (mèla) qui en découlent touchent tout le monde. Chacun, chacune peut dire à son responsable, tu n’es pas responsable, conformément aux lois (maamèla) et autres normes (mèla) qui découlent de la constitution. Le Nzema cherche à savoir si l’agir, le penser de chacun, de chacune, à son poste de responsabilité, est conforme à la constitution (maamèla nu maamèla) dans son vaste et subtil ensemble.

Qui organise l’Abyssa ?

C’est le peuple qui organise l’Abyssa. C’est une fête politique de nature populaire. C’est le peuple qui l’organise pour critiquer ceux et celles qui exercent le pouvoir et, partant de là, tous ceux et toutes celles qui assument des responsabilités. C’est pour cela qu’une semaine avant la célébration de l’Abyssa, le peuple retire sa souveraineté et les prérogatives liées à la reine mère et au roi. Donc les deux deviennent des simples citoyens comme vous et moi, à la différence qu’ils ont leurs tenues de fonction exécutives, apparats et ils bénéficient à vie de leur titre fonction exécutive, même destitués. Il y a aussi que lorsqu’un peuple a fait une personne, une autorité exécutive, il ne doit pas la faire petite, même si elle-même elle s’est fait petite. Une ancienne reine mère, un ancien roi demeurent toujours, respectivement, reine mère et roi, mais anciens.

Quelle est l’origine de l’Abyssa ?

L’Abyssa a deux noms : Abyssa et Kundum. Le terme Abyssa est spécifiquement nzema ; le terme Kundum ne l’est pas. Les Nzema ont, en partage, Kundum avec le monde arabe, turc et chinois. Par honnêteté intellectuelle, les Nzema disent que Kundum est un emprunt culturel. Sur un billet de 100 lirasi türk, vous trouvez deux tambours jumelés, dénommés kundum. Au Tibet, un Dal hima a pris pour nom Kundun. Le nom edomgbole ou domgbole est aussi un emprunt culturel. Chez les Nzema, il désigne le grand tambour de l’Abyssa. Ailleurs, notamment en Turquie, c’est le rythme critique de Kundum, qui est dénommé Kundum.

On voit que vous n’êtes pas de père nzema pourtant vous faites partie du comité d’organisation. Qui participe à l’Abyssa ?

Quand on fait l’Abyssa c’est tout le monde qui est concerné. Tout le monde peut faire partie du comité d’organisation de l’Abyssa.

A quel moment se passe la critique ? Nous ne voyons que le côté festif.

Il y a deux critiques : la critique verbale et la critique non verbale. Les habits que les gens portent, qu’ils soient neufs ou haillons, sont des critiques. Il en va de même des objets tenus à la main. La manière de danser fait partie de la critique. Tout est critique dans l’Abyssa. Donc il y a la critique verbale c’est-à-dire orale et la critique non verbale qui s’exprime par l’habillement, les haillons, le déguisement, la gestuelle, la mimique et la manière de danser ou de marcher.

Est-ce qu’il y a un jour spécial pour la critique verbale ?

La critique verbale se passe tous les jours jusqu’à la fin de l’Abyssa. Pour faire la critique verbale on vient chanter devant la reine mère et le roi pour qu’ils entendent les critiques. La critique non verbale s’exprime par la manière de danser, de marcher et de s’habiller. Elle est regardée par les Autorités traditionnelles y compris la reine et le roi.

On peut donc dire que l’Abyssa n’est pas une fête de génération ?

Chez les Nzema, la génération n’existe pas. Ils sont d’une société matrilinéaire. Dans la société matrilinéaire, il n’y a pas de classes d’âge. Dans le grand groupe Akan, il y a ceux qui sont matrilinéaires et ceux qui sont patrilinéaires. Ce sont ceux qui sont patrilinéaires qui font la fête de génération. Les Akan matrilinéaires comme les Agni, les Baoulés ou les Nzema n’ont pas de classes d’âge.

Prenons le cas de quelqu’un qui n’a aucun lien avec le peuple Nzema. Est-ce qu’il peut faire l’Abyssa ?

Quand on fait l’Abyssa tout le monde critique. Tu peux venir d’une autre localité et procéder à la critique, si tu as quelque chose à dire contre un Nzema, tu le fais. Il suffit de voir les poètes chanteurs pour la faire.

Donc la danse en elle-même est une critique ?

Les pas de danse qu’on exécute est une façon de parler. La manière dont on marche est aussi une façon de s’exprimer.

Vous arrivez à lire les messages des pas de danse ?

Oui par le pas de danse nous savons le message qu’il y a derrière. Tout est parole.

Est-ce qu’il y a un thème dans la célébration de l’Abyssa ?

L’Abyssa est organisé pour faire des critiques. Mais si on constate qu’il y a un problème qui est récurrent dans la société, en ce moment-là, on peut décider de mettre un accent particulier sur ce problème. Si constate par exemple qu’il y a moins de mariages, on peut décider de mettre l’accent sur le mariage. Aujourd’hui, à chaque célébration, il y a un thème.

Est-ce qu’au-delà de la critique, de la danse et autre il y a d’autres actions ? Actions sociales par exemples.

Normalement l’Abyssa devrait permettre des réalisations concrètes. N’oublions pas que les hommes font des critiques. Les femmes font également des critiques. Les enfants à ne pas oublier, font des critiques. Tout le monde fait la critique. Après l’enregistrement des critiques le roi et les gouvernants ont un an pour apporter des solutions. Normalement dans ce qu’on appelle solution il devrait avoir des réalisations visibles, tangibles.

Vous savez que l’Abyssa génère beaucoup d’argent. Après la célébration il y a toujours un fonds qui reste. Logiquement ce fonds devrait pouvoir faire des réalisations visibles, palpables. Malheureusement ce n’est pas assez souvent, le cas, tant les problèmes sont nombreux. Là où tous pouvaient gagner c’est au niveau des activités qui se mènent lors de la célébration de l’Abyssa. Là encore, les problèmes ne sont pas absents. Toutefois, un problème peut exister sans qu’il soit une difficulté, un obstacle pour les personnes qui le vivent. Avançons.

Comment s’opère le choix de la date de l’Abyssa ?

Dans la société Nzema il y a deux années. C’est comme en français où on parle d’année comptable et de l’année civile. Chez les Nzema, avant l’arrivée des Blancs, il y avait l’année culturelle sociale et critique dont la fin est fin octobre (siane bulu) et le début de la nouvelle année, novembre (siane bulu nee ko) ; et l’année civile qui se termine le 31 décembre (bolonyia siane ; ewile èbolo nyèma èbolo siane) de chaque année. La fin de l’année culturelle se situe entre fin octobre et début novembre. Donc c’est dans cette période qu’on célèbre l’Abyssa. L’Abyssa est célébrée depuis avant le VIIe siècle après Jésus-Christ.

L’Abyssa est-il célébrée, ailleurs, autre lieu qu’à Bassam ?

L’Abyssa se célèbre à Tiapoum (Tiapoum, Ebouenda, Nguiémé…) et au Ghana, dans plusieurs villages et villes. Partout où il y a les Nzema, l’Abyssa se célèbre à la même période de fin octobre au début novembre, mais de façon successive, du Ghana vers la Côte d’Ivoire. Grand-Lahou nzema a célébré une fois l’Abyssa. Le chef des poètes chanteurs, Monsieur Amon avait fait des critiques trop acerbes, et qui ne respectaient pas tous les principes de la critique de l’Abyssa. Pour cette raison, l’Abyssa n’a plus été célébrée. Si tel n’était pas le cas, Grand-Lahou serait la dernière ville à célébrer l’Abyssa.

Est-ce qu’il arrive que la même date soit retenue pour la célébration de l’Abyssa dans des localités différentes ?

Non, les localités fêtent les unes après les autres. C’est un enchaînement depuis le Ghana jusqu’à Bassam. A partir d’octobre.

Est-ce que les localités se font représenter quand l’une d’entre elles organise l’Abyssa ?

Oui. Il y a toujours des délégations qui se déplacent pour représenter leur localité. Cela permet de s’imprégner des problèmes dans le peuple Nzema. N’oubliez pas que l’Abyssa permet de faire la critique de la gestion de la chose publique.

Est-ce que les critiques de chaque célébration de l’Abyssa sont relevées ?

La langue nzema s’écrit. Les critiques qui ont été faites, sont conservées. Par exemple, nous avons eu un roi du nom de Kakou Aka, de 1830 au 29 décembre 1849, qui a été dictateur et même tortionnaire. De Toutes les critiques qui lui avaient été faites lors des célébrations de l’Abyssa, une a été retenue. Beaucoup d’autres ont été retenues. Beaucoup d’écrits et même des thèses de doctorat existent sur les critiques faites au Ghana. C’est en Côte d’Ivoire que la question de devoir de mémoire des critiques faites se pose. Toutefois, L’Abyssa de Grand-Bassam est celle qui attire le plus de monde et dont la relève ne pose aucun problème.

Dans la célébration de l’Abyssa, est-ce qu’il y a d’autres pratiques intéressantes non abordées dans la critique et dans la danse ? On pense au côté traditionnel de la chose.

L’Abyssa est une fête publique. C’est pourquoi, quand la fête arrive, les Nzema retirent à la reine et au roi la souveraineté et les prérogatives liées qui leur ont été données. Donc pendant l’Abyssa les deux sont des citoyens ordinaires, mais tout de même des autorités sans souveraineté ni prorogatives liées. C’est différent. C’est une affaire qui se passe entre les citoyens et des autorités, des responsables.

Une personne qui fait une critique, bénéficie de l’immunité critique qui n’existe que chez les Nzema et pas même dans un aucun État moderne. Cette immunité critique est différente de la liberté de la presse dont le prolongement est la liberté d’opinion. Lors de la célébration de l’Abyssa, il y a la vacance judiciaire, la vacance de pratique magico-religieuse, retrait de souveraineté et prorogatives liées. L’appartenance à la fois à la matrilinéarité, à la patrilinéaire et à la bilinéarité. L’autorité clanique, parentale, matrilinéaire, conjugale est réduite afin de libérer la parole pour une convivialité plus accrue, un vivre ensemble plus harmonieux. Personne n’est inquiété pour une critique faite.

Pendant l’Abyssa il y a vacances judiciaire. Personne ne peut porter plainte contre quelqu’un, ni pendant ni après l’Abyssa. Il y a vacances magico-religieuses et vacance du pouvoir. Aucune vie n’est, ni menacée, ni attentée. Donc tout se passe pour le bonheur de la vie de tout le monde.

La seule chose à noter est qu’à la fin de l’Abyssa, le dimanche, la reine-mère et le roi rencontrent les religieux et religieuses traditionnelles « les Komian ». A cette rencontre, certains d’entre eux, religieux, tombent en transe. C’est normal, l’Abyssa a pris fin. Les Komian eux-mêmes et la reine mère et le roi savent très bien et de manière répétée que les pouvoirs sont séparés chez les Nzema.

Vous voulez dire que ce n’est pas une activité de l’Abyssa ?

L’activité religieuse n’est pas comptabilisée dans la célébration de l’Abyssa. L’Abyssa prend fin la nuit du samedi à dimanche avant le lever du jour. La membrane d’Edomgbole, le grand tambour, est enlevée et jetée très tôt le matin ; la caisse de résonance est mise renversée. La rencontre religieuse se fait après, à partir de 9h.

Qui sont les religieux ?

Ils sont généralement habillés en blanc. Au cours de l’Abyssa ils exécutent la danse de l’Abyssa dans leurs tenues de fonction. Mais attention, au moment où ils dansent, ils ne pratiquent pas leur religion parce que l’Abyssa est une fête non religieuse. La laïcité a existé chez les Nzema avant que la France ne l’a adoptée qu’après 1789.

Quels sont, dans la même veine, les autres avantages de l’Abyssa ?

Les Nzema ont l’immunité critique qui n’existe nulle part ailleurs. Chez eux, la souveraineté et les prérogatives liées ne se donnent une fois pour tout. Les pouvoirs sont séparés. La critique fait honneur et elle est récompensée. Elle assigne un progrès, une avancée décisive.

Elle ne conduit jamais au licenciement, ni à l’emprisonnement, ni à l’arrestation, ni aux crimes ; ni aux menaces. Au contraire, elle les éviter. Les critiques modernes peinent à avoir l’immunité critique nzema,  vieille de plus de 16 siècles. Un passé peut bien être l’avenir certain d’un présent imparfait.

De quel pan de la société sortent les religieux ? 

Tout le monde peut devenir religieux. Un matin une femme peut se lever et dire qu’un génie lui est apparu et commence à faire des pratiques. Elle est ainsi devenue religieuse.

Qui donne le statut de religieuse ?

Le statut de religieux s’obtient par la pratique. Une personne qui entre en transe et commence à faire des révélations, à prédire des choses et à se donner des pouvoirs devient religieuse. Elle est formée auprès des praticiennes, praticiens chevronnés. Elle est consultée pour tel ou tel problème. La constitution Nzema tolère la pratique de la religion comme un pouvoir à part entière. Les religieux ont un pouvoir invisible ; les autres ont un pouvoir visible. Le pouvoir religieux n’a pas de lien avec le pouvoir exécutif, ni avec les autres.

D’où viennent les moyens que génère la célébration de l’Abyssa ?

Les moyens viennent essentiellement des sponsors, des donateurs,  des cotisations par villages et de tous ceux qui associent leur image à l’évènement.

Y a-t-il un comité d’organisation pour l’Abyssa ?

Oui. Une association pour l’organisation et la célébration de l’Abyssa a été créée. Je fais partie du comité d’organisation de cette association. Toutefois, elle a vraiment du travail qui ne peut bien se faire que par beaucoup de connaissances analytiquement approfondies. La lenteur dans ces connaissances entrave certaines initiatives entrepreneuriales des fils et filles nzema et bien d’autres. Mais en attendant, l’association abyssa est à féliciter pour la bonne marche et pour la question de relève, de mobilisation des participants et de fonds qui ne se pose pas à Grand Bassam.

Qui choisit les membres du comité d’organisation ?

Pour être membre du comité d’organisation, il faut avoir une connaissance approfondie de Abyssa, connaître la constitution Nzema et être dévoué (e) pour la cause de l’Abyssa et du peuple nzema. Les avantages de l’Abyssa, institution de critique sociale dépasse les frontières nzema. Toutes les bonnes volontés, sincères et volontaires sont attendues. L’Abyssa peut aider les États modernes. Qu’ils viennent aider en s’aidant.

À qui le comité d’organisation rend compte ?

Normalement, le comité d’organisation devrait rendre compte de tout, au peuple. Il le fait dans une certaine mesure le dimanche après-midi. Effectivement, cela se fait déjà ; mais cela peut mieux se faire et doit se faire davantage dans l’intérêt bien compris de tous, s’ils le veulent sur un fondement hautement culturel. La connaissance analytiquement approfondie de l’institution abyssa, de la constitution akan matrilinéaire nzema, de la constitution, de la démocratie et de bien d’autres réalités dont la culture (maandeè) et de leur contribution certaine aux civilisations modernes ne sont pas à la portée de tous, faute de la perte de la langue nzema, du manque d’efforts, de temps et de moyens.

Interview réalisé par Sékongo Naoua

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