Le port du masque rendue obligatoire à cause de la crise sanitaire du coronavirus s’est généralisé. Et il n’est pas rare de voir certains en faire une tenue de style. Chez le couturier, en plus des vêtements, on confectionne de plus en plus de masques. Chacun selon son style. Le styliste Pathé’O n’y est pas en reste d’autant plus qu’il propose dans ses tout une gamme de cache-nez. Il s’est ouvert à VoixVoie De Femme ce vendredi 18 juin 2020 à Abidjan-Treichville.
Les stylistes et couturiers se sont visiblement reconverti dans la confection de masque (cache-nez). Pourquoi ce déclic ?
Les gens, au dernier moment ont compris que le cache-nez tel qu’on le fait, est le plus solide. Pourtant le cache-nez médical n’est pas solide. Il faut juste le porter pendant 3 heures de temps. Ce que nous faisons est réutilisable et lavable. Vous l’avez pour le mois. Le tissu est solide et puis doublé. Du coup les clients se sont rendu compte qu’on n’a pas besoins d’aller dans une pharmacie pour en prendre.
Quels types de matière utilisez-vous pour la fabrication des caches nez ?
Nous utilisons du coton pour la fabrication des caches nez. le tissu se fait à la main. Il provient du Burkina. Tous nos masques sont doublés, et réutilisables.
Combien de cache-nez vendez-vous par jour ?
Plus de 5000.
Vous les vendez à combien l’unité ?
Ça dépend, il y a des caches nez de 10 000 F CFA, de 1000F CFA aussi. En fait nous participons à l’élimination de la Covid-19. C’est un moment ou tout le monde participe à la solidarité. C’est pourquoi les prix sont bas.
Vous en faites assortis avec les vêtements ?
C’est lorsque les clients demandent, nous le faisons. Mais la demande est forte du côté des dames. Les hommes prennent plutôt des chemises assorties avec les cache-nez.
Parmi les vêtements assortis avec les cache-nez quels sont les types de modèles prisés ?
Chez les dames, il y a les robes, les ensembles, les tuniques avec pantalons. Quand elles le souhaitent, on utilise le reste des tissus pour en faire. Elles veulent toujours avoir une couleur assortie.
Que pensez-vous du cache-nez associé à la mode ?
Je crois que sa encourage les gens à être moins angoissés. Quand vous le portez et qu’on l’apprécie, c’est plus encourageant. On est tous obligé de le porter. Avec la mode sa devient moins angoissant et encourageant. La maladie est vue sous un autre angle. C’est pourquoi ils choisissent les cache-nez assortis à leur tenue.
A Paris des stylistes se réunissent et choisissent les tendances de couleurs, les styles, les tissus pour les périodes. Avez-vous des actions dans ce sens ?
A Abidjan c’est difficile. Il y a une telle diversité, des couleurs, des formes et des motifs. C’est très difficile qu’on décide ensemble malgré l’association. Cela aurait été bien, mais c’est difficile parce que chacun essaye de se positionner comme il peut.
Que faites-vous à votre niveau ?
Quand vous arrivez ici, il y a toujours une tendance. Après deux ou trois mois on change de couleur, la forme de tendance, les modèles…
Quelles tendances utilisez-vous dans les différentes saisons ?
Lorsqu’il fait très chaud, nous faisons des vêtements très Légers comme des chemises en voile, nous sommes plus dans les manches courtes. Lorsqu’il fait frais on essaye de changer aussi les tissus pour être dans le temps. Actuellement on reste quand même dans les couleurs vives, même en chemisé les couleurs sont vives.
Quelles sont les actions que vous menez pour la formation des jeunes ?
On parle avec les jeunes couturiers et beaucoup aussi viennent vers nous. Il n’y a pas longtemps, j’ai reçu une vingtaine de couturiers venus de Tiassalé. Je leur ai montré comment je travaille. Je leur ai aussi donné des conseils parce qu’il y a aussi le savoir-faire et le savoir-faire ce qui plait. C’est deux choses différentes. Il faut savoir faire ce qui plait. Là on entre dans les tendances les couleurs, dans les motifs…
Quelles sont les difficultés persistantes dans ce milieu ?
Les difficultés se situent au niveau de la formation. Lorsqu’on fait les recrutements on constate que ces personnes ne sont pas bien formées. Nous avons du mal à avoir des personnes compétentes. L’autre difficulté, c’est que nos marchés sont inondés de tissus venant de l’extérieur, de la pacotille. Les femmes s’habituent à choisir ces vêtements. Aussi les Africains veulent qu’on se développe, en même temps ils vont aller s’habiller ailleurs. Tous ceux qui ont les moyens veulent aller s’habiller en Europe. C’est un complexe.
Comment adaptez-vous à la situation ?
Nous continuons de créer des choses bien, tout en pensant qu’ils vont finir par voir que ce que nous faisons vaut la peine d’être porter.
Que pensez-vous de l’atmosphère de la mode en Côte d’Ivoire ?
En ce moment il y a quand même la crise sanitaire de la Covid-19 qui a ralenti les mouvements. Notre clientèle à l’extérieur, lorsqu’elle se rendait à Abidjan allaient acheter nos vêtements dans mes boutiques. Aujourd’hui, tout est bloqué. Donc l’atmosphère chez nous est au ralenti parce qu’on n’a que la clientèle locale.
Quel message à l’endroit des jeunes stylistes pour clore l’entretien ?
Je dis d’abord aux jeunes d’être patients. De travailler plus, parce qu’il n’y a pas mieux… Malgré mes 50 ans d’expérience, je continue d’apprendre, je continue de créer, je continue de chercher. La meilleure façon de rester soi-même, c’est créer plus, de continuer à anticiper, prévoir et innover.
Réalisée par Mk, coll Aman Achille