L’inceste, ou les pratiques sexuelles entre individus de même parenté est totalement rejetée dans toute société humaine. Malheureusement le phénomène est souvent constaté et les enfants issus de ce type de relation n’honore guère.
Daniel et sa sœur Binta ont surpris le quartier ! Issus de la même fratrie, ces deux adolescents entretenaient des relations intimes à l’insu de leurs parents dans ce quartier populaire d’Abidjan… Les deux parents seront mis au courant par Binta, alors en grossesse d’à peine trois mois. Pressée de question le jeune avait fini par avoué que l’auteur n’était autre que son grand frère… biologique ! Daniel avait déjà quitté la concession… Dès sa naissance l’enfant de Binta lui est retiré. « Il est confié à une autre famille pour en assurer l’éducation. Il ne doit pas savoir qu’il est le produit d’une telle union », confie Diomandé Laciné, responsable de centre social. Selon ce fonctionnaire à la retraite, ces cas d’enfants issus de relations entre frères et sœurs ou pères et filles existent bien en Côte d’Ivoire. « Il faut dire que l’inceste n’est accepté par aucune culture en Côte d’Ivoire. Et ceux qui s’adonne à ces pratiques le font dans la plus grande discrétion et quand un enfant nait de ces relations, la mère peut l’attribués à un autre homme. D’autres préfèrent abandonner l’enfant devant des centres sociaux où des orphelinat », explique-t-il.
L’inceste est un fléau encore tabou et concerne tous les milieux sociaux en Côte d’Ivoire. Bien qu’il n’existe aucun chiffre, les enfants issus de ces relations tabous existent bien. Dans des familles d’adoptions, des orphelinats ou autres centres sociaux.
Des enfants réhabilités ?
Au-delà de l’opprobre qui accompagne ce fléau, la loi interdit le mariage entre des individus issus de la même parenté. Notamment entre frère et sœur, père et fille, mère et fils… Selon certains spécialistes, la conséquence de cette interdiction sociale rend le statut de l’enfant issu d’une telle relation très délicat.
En Côte d’Ivoire, la dernière de 2019 sur la filiation a quelque peu permis de réhabilité ‘‘ces enfants cachés’’. Selon ce texte tous les enfants sont sur le même pied d’égalité, qu’ils soient légitimes, adultérins ou incestueux.
Un an après l’adoption de ce texte, le jeune juriste Arielle Déhi avait dénoncé une injustice à l’endroit de ces enfants qui sont plutôt victimes des fautes de leurs géniteurs. « La loi n°64-377 du 7 octobre 1964 relative à la paternité et à la filiation, subordonnait la reconnaissance d’un enfant né d’une union incestueuse au mariage ; selon les dispositions de cette loi, un enfant né d’un « commerce incestueux » c’est à dire né à partir de relations sexuelles entre une femme et un homme liés par un degré de parenté, ne peut être reconnu hormis toutefois en vue de sa légitimation si le mariage de ses auteurs a été autorisé » avait dénoncé me juriste dans une tribune sur village-juriste.com.
Ne pas stigmatiser
« Le législateur ivoirien doit alors revoir sa position sur cette question. Je préconise donc qu’il n’y ait aucune autorisation quant à la reconnaissance de ces enfants et que leur avenir ne soit pas greffé à une simple question de mariage », avait-il plaidé.
Pour le sociologue Jean-Bosson, l’inceste ne peut être accepté dans la société ivoirienne. Aussi tout doit être mis en œuvre pour décourager ces relations qui ‘’ qui causent tant de tort’’ aux enfants issus de ces relations. « Au-delà de la question relative à la socialisation de ces enfants, il y a les risques de maladies génétique qu’ils encourent. C’est prouvé par la science que les enfants nés de ces types de relations peuvent causer bien de maladies à ces enfants innocents », fait remarquer M. Bosson. Mais le sociologue plaint surtout les enfants nés de ces relations incestueuses. « Quand ils sont déjà nés, la société et l’Etat doit éviter de stigmatiser ces enfants. Ils sont innocents, ils devraient être protégés comme tous les autres enfants », plaide le spécialiste. Mais Jean-Bosson espère que la pratique de l’inceste ne soit pas pour autant encouragée.
Ténin Bè Ousmane
Photo :crédit NetAfrique.net