Selon un rapport du Regroupement des acteurs ivoirien des droits de l’homme (Raidh), « sur 102 usagers de drogues (UD) mineures, 10 avaient l’âge compris entre 15 et 17 ans soit un pourcentage de 10,2% ». Une situation préoccupante alors que les vacances sont déjà entamées.

Fatim C, 16 ans fréquente un établissement de la commune d’Angré. Dépendante de la drogue, la jeune fille explique sa découverte. « J’ai commencé à toucher à la drogue à cause de mes fréquentations, surtout mon ex petit ami aussi dépendant. Il me disait qu’il adorait les filles Toxicomanes et que cela l’excitait davantage. A chaque rapport, il exigeait que je goûte un peu, pour stimuler ses envies. il me fournissait la dose », raconte-t-elle. Petit à petit la jeune fille est devenue dépendante. Séparée de ce petit ami qui lui fournissait, elle se rend dans les fumoirs pour se procurer ses substances désormais.

 « Au fumoir, il y en a de tous les prix. 250 FCFA, 500FCFA 1000FCFA… Pour les substances coûteuses, les usagers lèvent souvent des cotisations qu’ils appellent « asso » pour dire association et ils fument ensemble.  Il tire par exemple deux taffes (bouffées de fumée) chacun jusqu’à ce que tout finisse », explique César Z. Ex consommateur de drogue depuis bientôt deux ans. Le jeune homme de 18 ans à lui aussi connu la drogue de par son entourage. Il réside dans la commune d’Adjamé. « Lorsqu’on avait 15 ans, c’était pratiquement devenu la mode. On a commencé à fumer la cigarette ordinaire et par la suite, un ami qui avait des « vieux pères » très branchés est venu nous partager son expérience. Il avait goûté et trouvait cela tellement léger qu’il en vantait les mérites. On a décidé de faire comme cet ami et nous sommes tous devenu dépendants », s’en souvient-il. Les inconvénients de la drogue sont connus : la dépendance, la perte de poids, le manque d’appétit, le cancer…

 César appréciait tellement l’effet que cela lui faisait au point où il toucha à tout. « Comprimé, cocaine… la sensation est inexplicable. Non seulement ça te permet de bien bosser et tu as tendance à voir loin ».  Lorsqu’il décida d’arrêté définitivement, il en devient lui-même commerçant. « Avec cet ami qui nous a fait découvrir cette substance, nous avions décidé de nous faire des sous dans ce domaine puisqu’on connait tous, les réalités du pays. Notre fonds de commerce était de 50 000 FCFA. On faisait un bénéfice de 100% », témoigne-t-il.

 La distribution se faisait de façon discrète. « Puisque nous avons une large connaissance des consommateurs, on allait directement leur proposer et de bouche à oreille on écoulait facilement nos produits, dans le quartier. Dans les établissements il y avait toujours un point focal qui gagnait sa part en fonction de sa vente », dit-il. César vendait et stockait sa marchandise à la maison sans que ses parents ne s’en aperçoivent. Aujourd’hui, il a décidé de tout abandonner à cause de la dangerosité du milieu et des coups bas de son ami. « Il ne faisait pas le point des ventes comme il fallait. Vu qu’il avait plus de relation dans le milieu je n’ai pas voulu m’installer à mon propre compte par peur d’encaisser tout seul les dégâts que cela pourrait créer », explique-t-il.

Comme le témoigne César, les mineurs sont de plus en plus les relais des réseaux de drogues. Les dealers usent de toutes astuces nécessaires pour les recruter. Parfois ils vont jusqu’aux menaces. Ces dealers sont généralement des voisins, des amis…

Pour le Dr vasséko Karamoko , « En Côte d’Ivoire et précisément dans le milieu urbain dans lequel nous vivons, il y a un relâchement de la part des parents par rapport à l’éducation des enfants  donc il y a les modèles qui sont copiés à travers la télévision, et l’internet. La drogue est utilisée comme un moyen de pouvoir se reconstruire et se définir une nouvelle identité. »

Que doivent faire les parents en cette période où les enfants sont en vacances ?

–  Ils doivent être de plus présent dans l’éducation de leurs enfants. La communication doit dominer afin d’emmener les enfants à prendre beaucoup de distante avec la drogue. La société doit prendre en compte toutes les variables contribuant à amener les enfants à ne pas consommer la drogue. Le système sécuritaire national doit également contribuer à enrayer cela. La pression sociale doit faire en sorte que tout le monde s’en éloigne. L’état devrait renforcer son système sécuritaire à travers les différents ministères en vue de prendre des décisions rigoureuses par rapport à la drogue.

Approché pour en savoir davantage sur les signes qui pourraient alerter les parents dès la moindre consommation, le Dr Franck A, indique « c’est une affaire d’expérience cela n’a rien de médical ». Toujours est-il que les consommateurs présentent généralement des yeux rouge, des regards fuyants …

MK

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