Plusieurs coutumes attachent du prix au sel dans la célébration des mariages.

Le sel sert, au-delà de la cuisine, dans certaines coutumes en Côte d’Ivoire. Chez les Baoulés, les Attiés, les Agnis, c’est un élément incontournable dans le mariage. Chez ces peuples Akan, le sel joue un rôle hautement symbolique dans dot.

« Chez nous, le sel est exigé dans la dot. Il représente le ticket d’information », révèle Kedjebo Marthe Irène épouse Ouattara, Baoulé Agba de Dimbokro. Pour cette femme bien instruite dans la tradition, le sel de la dot est particulièrement réservée aux tantes de la future mariée. Une façon de leur dire : « Votre fille est désormais marié », explique Mme Ouattara.

Dans le partage de ce sel de la dot, la mariée n’en a pas droit. « En donner à la mariée signifierait qu’on l’invite, elle aussi à son mariage. C’est comme lui donner une carte d’invitation.

Chez les Baoulé, la quantité de ce condiment renferme un sens. Et cette quantité peut varier d’une famille à une autre.

« Sans le sel, la dot n’est pas complète chez nous », soutien Mme Ouattara.       

Une autre femme baoulé, en dit plus : « Le sel est symbolique chez nous ». Selon elle, après la dot, ce sel qui est destiné à être partagé à tout le monde doit être accompagné d’un message invariable : « A partir d’aujourd’hui, telle (nom de la fille, ndlr) est mariée, elle est chez quelqu’un d’autre ».

« Le sel dans la dot est obligatoire parce que c’est notre coutume. Si le sel manque, il sera exigé aux parents du prétendant. Le mari peut donner le sel en argent.  Mais avant de faire la dot le sel doit être acheté », explique-t-elle. Mais il faut noter que cette exigence est relative chez certains Baoulé, comme le témoigne Evody épouse David. 

« Lors de ma dot, le sel n’a été demandé car nous n’accordons pas trop d’importance au sel », se souvient Evody épouse David, Baoulé Ayahou de Bouaflé.

Chez les Attiés, il est Inimaginable de faire un mariage sans sel.   Assi Assi Martial Attié d’Akoupé affirme : « Le sel est exigé en pays attié. Le sel a une saveur. On utilise le sel dans la dot pour lui donner une saveur », explique-t-il.

Selon M. Assi, les Attiés ont choisi le sel dans la dot à cause de sa saveur. Et elle est considérée comme incomplète si la dot ne contient pas de sel.

En cas d’oubli du sel, le prétendant peut donner de l’argent.

Au cours de la réception de la dot, les parents de la mariée trouvent les mots souvent paraboliques pour s’assurer que le prétendant n’a pas oublié le sel. « Où se trouve notre truc, notre petite chose ?», réclament-ils.

Chez les Agnis, on est également attaché à ce condiment d’assaisonnement.

« C’est une exigence en pays Agni», confie dame Aman Amélie. « Depuis toujours le sel fait partie des éléments de la dot. Il n y’a pas d’histoire liée au sel en pays Agni. Chez nous c’est la coutume. Pour faire la dot il faut forcement du sel. Parce que le mariage est fondé sur la cuisine. Sans sel, la cuisine comme le mariage, perd son sens », fait remarquer Mme Aman Amelie. Après tout le cérémonial, la fille dotée partage son sel à sa famille. Une façon de dire : « voilà ce que les parents de mon mari sont venus présenter. Aujourd’hui je suis mariée ». Le sel permet d’informer la communauté que la fille est désormais mariée, selon Mme Aman.

Audrey Apie

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