Cette année, plusieurs villes de Côte d’Ivoire ouvrent des écoles inclusives où l’on peut trouver des enfants en situation de handicap et d’autres assis côte à côte, dans la même salle de classe.
Avez-vous autour de vous des enfants sourds, non-voyants, handicapés moteurs, albinos, bègues, de petite taille ? S’ils résident à Abobo, Port-Bouet, Koumassi, Gonzagueville, Agboville, Abengourou, Dabou, Toumodi, Yamoussoukro, Bouaké, Korhogo, ou Man, des écoles inclusives les attendent dans ces localités, assure Yédé Adama Sanogo, directeur exécutif de Society Without Barriers-Côte d’Ivoire (SWB-CI).
Après avoir suivi une formation en 2008 au Japon et en Thaïlande sur la question de la promotion des droits des personnes handicapées, M. Yédé Adama Sanogo, activiste sourd de 44 ans, a réalisé un diagnostic de la situation des personnes handicapées en Côte d’Ivoire. Ce qui l’a conduit à élaborer un plan d’action pour améliorer les conditions de vie des personnes handicapées de son pays. Depuis 2009, il se bat pour construire une Société sans barrière pour favoriser l’intégration sociale des personnes handicapées.
Le programme d’éducation inclusive qu’il conduit depuis ces dernières années fait la promotion de la langue des signes dans les écoles. Aujourd’hui, 22 établissements à travers le pays ont des enfants en situation d’ handicap et les autres « biens portants », tous ensemble dans les mêmes classes. « Dans ces écoles du primaire, la langue des signes est enseignée à tous les enfants », explique M. Yédié.
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A l’occasion de la Journée internationale de la langue des signes, le 23 septembre 2020, l’expert s’est réjoui de l’évolution de son projet. « Dans une classe inclusive, toute la classe comprend la langue des signes à cause de quelques enfants sourds qui s’y trouvent. Le maitre apprend à chanter à haute voix et en langue des signes à tous les enfants », se réjouit-il.
En Côte d’Ivoire, selon une étude du ministère de l’Éducation nationale réalisée en 2017, au moins 48 000 enfants en situation d’ handicap n’avaient pas l’opportunité de jouir de leurs droits à l’éducation du fait de multiples barrières constituant un frein à leur insertion dans les écoles dites ordinaires.
Pourtant en 2014, La Côte d’Ivoire a ratifié la convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées. L’article 24 de ce texte exige des États parties qu’ils « facilitent l’apprentissage de la langue des signes et la promotion de l’identité linguistique des personnes sourdes ».
La langue des signes officiellement utilisée comme médium est « la langue des signes américaines (ASI), adaptée aux réalités ivoirienne », ou « ASI signée à l’ordre des mots français ».
En 2010, dans une déclaration, lors du Forum pour la promotion des personnes sourdes, la Communauté des Sourds ivoirienne a choisi d’appeler cette langue : « Langue des signes d’Afrique francophone-Dialecte de Côte d’Ivoire (LSAF-CI) ».
« Dans toutes les localités il y a au moins une école inclusive où on peut scolariser les enfants en situation d’ handicap dans les différentes classes. Si dans la classe il y a des enfants non-voyant, l’enseignant travaille avec des note vocale. S’il y a des enfants sourds, l’enseignant travaille avec des signes. Imaginez une école où les enfants de la classe de CP1 au CM2 les enfants travaillent avec des signes. Après six années, les enfants mal-voyant, malentendants et sourdes vont arriver à se mettre ensemble et à vivre ensemble », fait remarquer le directeur exécutif de Société Sans Barrières.
Dans le but de promouvoir l’éducation inclusive, un droit fondamental pour tous les enfants, ce programme veut aménager d’ici deux ans, des écoles primaires pour recevoir un premier groupe de 500 enfants. « Nous sommes actuellement à 378 enfants inscrit et nous avons formé 157 enseignants compétents dans les cours de la langue des signes. Et pour atteindre l’objectif, une plateforme de l’éducation inclusive a été mise en place. Constituée des ministères de l’Éducation nationale, des Affaires sociales, et celui de l’Enfant.
Ténin Bè Ousmane