Depuis le 25 novembre, journée internationale de la lutte contre les Violences basées sur le genre (VBG), le monde entier est en croisade contre ces violences. En Côte d’Ivoire où la majorité de ses violences sont enregistrées à la maison, ses 16 jours d’activisme se déroulent sous le thème : « Zéro violence domestique : Je m’engage ».
Le vendredi 27 novembre 2020, à Tabou, la directrice du complexe socio-éducatif, Soumba Coulibaly révèle des chiffres qui donnent froids dans le dos. Dans cette petite ville du sud-ouest du pays d’environ 40 000 habitant et situé à 450 km d’Abidjan, 99 cas de violences basées sur le genre ont été enregistrés en 2020. Il s’agit essentiellement des viols, d’agressions physiques, de mariages forcés, de violences psychologiques et de cas de déni de ressources constatés sur le terrain ici… « Concernant les viols, ce sont au total 14 cas qui ont été enregistrés dont 11 commis sur des filles mineures » …. Au plan national les chiffres ne sont pas fameux. Et le résultat des enquêtes sur ces VBG exercées sur les femmes, établissement que 67% de ces ont lieu dans le cercle familial. L’an dernier, en 2019, sur 3.184 cas de VBG pris en charge, 2.168 étaient des cas de violences domestiques.
Violence domestique et Covid-19
En Côte d’Ivoire, la crise sanitaire de la Covid-19 a contribué à l’augmentation de ces agressions. « La crise liée au COVID-19 a, explique Jean-Bosson, sociologue, expert en gestion de conflit, augmenté les niveaux de violences perpétrées contre les partenaires intimes, en raison de l’imposition de restrictions de mouvement. Ce qui augmente l’exposition aux partenaires violents ». Dans son dernier rapport intitulé : « Responsabilité partagée et solidarité mondiale : gérer les retombées socioéconomiques de la Covid-19 » le secrétaire général de l’ONU note que « La crise s’est accompagnée d’une hausse subite des cas signalés de violences domestiques, au moment même où différents services de justice, de santé et d’accueil sont réaffectés à la lutte contre la pandémie ».
C’est donc dans un contexte particulier que la 31e édition des 16 journées d’activisme se déroule. Si au niveau international elle est intitulée « Tous unis » 2020 : « Orangez le monde : financez, intervenez, prévenez, collectez ! », elle est conduite sous le thème : « Zéro violence domestique : Je m’engage », au bord de la lagune ébrié.
Dans la déclaration du gouvernement ivoirien, lue ce jeudi 25 novembre, la ministre de la Femme, de la Famille, et de l’Enfant, a déploré la persistance de ces violences dans le cadre familiale. « Le cercle familial qui devrait être le cadre le plus sûr pour le développement harmonieux de la mère et de l’enfant », a regretté Ly-Ramata Bakayoko, avant d’inviter toutes les composantes de la société à s’impliquer dans la lutte contre les VBG. « Nous devons faire face à ces violences avec plus de détermination. Elles portent préjudices aux droits de la femme et de la fille à la vie ».
L’autre raison de la persistance de ces violences reste les croyances locales basées sur une certaine perception sur le statut, le rôle de la femme ainsi que de la fille dans la société en général et dans les ménages en particulier. « Cette campagne des 16 jours d’activisme revêt une importance capitale car, elle donne l’occasion de porter un regard critique sur les conditions des femmes et des filles dans leurs rapports avec leurs conjoints, leurs familles, leur entourage et avec la société en général », a-t-elle signifié.
Elle a exhorté particulièrement les forces de défense et de sécurité, les travailleurs sociaux, les professionnels de la santé, les acteurs judiciaires, les professionnels de la communication, les organisations de la société civile à s’impliquer activement dans l’organisation de ces 16 jours d’activisme contre les violences qui ont commencé le mercredi 25 novembre. « Le gouvernement, à travers le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, continuera de travailler de façon synergique avec tous les partenaires nationaux et internationaux de sorte à apporter les réponses nécessaires pour que cessent les violences à l’égard des femmes et des enfants. C’est ensemble que nous constituerons le socle de prévention des violences à l’égard des femmes et des filles », a assuré Prof. Bakayoko-Ly.
Ouverte le 25 novembre dernier par la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, elle s’achève le 10 décembre prochain lors de la Journée des droits de l’homme. Créée en 1991 par des activistes du premier Institut international pour le Leadership des femmes, sa coordination est chaque année relayée par le Centre pour le Leadership global des femmes. Son rôle est stratégique et permet à des particuliers, à des institutions et à des organisations du monde entier qui appellent à la prévention et à l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles de s’organiser.
Ténin Bè Ousmane