Son objectif majeur, « Rapprocher les produits alimentaires des consommateurs », mais surtout des produits bio et de qualité. Comment s’y prend-elle ? Eléments de réponses.
On y trouve un peu de tout. De la pâte d’arachide au poisson en passant par la farine, les épices, le plantain, l’igname, la viande… Au grenier du Djomi, nom du quartier Djomi d’où il est situé, la majorité des produits vivriers provient de Korhogo. « Nous produisons tout ce qui est poudre et pâte. La pâte d’arachide, la pistache, le soumara (fruit provenant du Néré)… Cela nous permet de mettre à contribution nos sœurs, nos tantes, avec qui nous prenons des produits et qui nous aident pour la transformation. En retour, elles ont des pourboires. En ce qui concerne la tomate, les oignons, nous gardons le même fournisseur depuis l’ouverture du magasin », explique Mariam Coulibaly, la première responsable de ce petit marché installé au quartier Djomi sis à Angré Mahou.
Tout commence en l’an 2006. Etant déjà en exercice dans une banque de la place, dame Coulibaly, la quarantaine révolue, récent fortement le besoin d’approvisionner son quartier. Elle débourse donc la somme de 300 000 FCFA pour commencer. Aujourd’hui, elle est à au moins 1050000 FCFA de chiffre d’affaire mensuel.
« Il faut dire que tout est parti de l’étal d’un commerçant qui, quelle que soit la période de tomate ou pas vendait la tomate à 50FCFA. Pourtant, l’offre doit être en fonction de la période. Ce sont des produits saisonniers. Quand il y en a, il faut bien servir les clients. Ce que nous faisons en ce moment. », détaille-t-elle.
Entre le boulot et cette activité parallèle, il lui faut trouver du temps et une organisation personnelle pour atteindre son objectif majeur. Celui de faire consommer des produits bio et de qualité à sa clientèle. Une situation difficile, mais gérable pour elle. « Quand on a commencé on s’est rendu compte de la rareté des produits bio. Nous mettons tout en œuvre pour que nos produits soient différents. En fait ce magasin, c’est mon amour, c’est comme si je n’avais aucune autre activité.
Je dis à tout le monde que ce magasin est mon sixième enfant. Quand vous aimez une activité naturellement vous vivez cela. Nous avons des cahiers. Chaque soir, les deux filles avec lesquelles je travaille présentement me font le point. S’il y a des achats à faire. Elles font la liste. Avant que la personne chargée de l’approvisionnement ne partes au marché, je me réveille très tôt entre 4 heures et 5 heures. Je fais un tour au magasin pour voir si la liste d’achats est exhaustive ou s’il y a des produits qu’on peut encore vendre avant de se réapprovisionner… », fait savoir la comptable qui compte grandir son activité et vendre ses produits en gros.
A l’instar des autres secteurs activités, plusieurs difficultés refont surface. La plus grosse difficulté que rencontre dame Coulibaly est celle ‘’du capitale humain’’. « Le capital humain, c’est le plus difficile. Mais je suis en train de résoudre le problème. Au début, je travaillais avec un personnel non qualifié. J’ai décidé de travailler maintenant avec des caissiers, des gens qui ont fait la caisse ou ont le niveau 5e. nous sommes en train d’informatiser. Le logiciel est prêt, mais la codification, c’est moi qui doit l’adapter à ce qu’on a, nous avons des produits de 100 FCFA, de 500 FCFA, 1000 FCFA. Ceux qui ont travaillé sur le logiciel ont fait une codification juste pour mettre le prix de l’article. Il me faut détailler », indique la ressortissante de Sinématiali (localité du nord de la Côte d’Ivoire, un département dans la Région du Poro).
Selon elle, cette activité nourrit son homme à condition d’y consacrer le temps nécessaire. « Si tu en fais ton affaire. Tu peux devenir riche. Mais je n’en fais pas ma fonction principale donc c’est difficile. Les filles sont libres de déclarer ce qu’elles veulent. Ce sont des produits périssables. Si tu n’as pas des employés sérieux et rigoureux tes denrées vont pourrir », prévient-elle.
Puis conseille : « Les ivoiriens ont besoin d’entreprendre. Il y a de la place pour tout le monde. On n’a pas forcément besoin de 300 000 FCFA pour entreprendre. Ce n’est pas l’argent qui fait l’entreprise ».
Marina Kouakou