Depuis quelques semaines, l’eau ne coulent plus dans les robinets de certains quartiers au point où les populations crient souvent leur ras-le-bol. Pourtant les autorités compétentes s’activent pour remédier aux perturbations sur le réseau.
Ce matin du vendredi 7 mai 2021, la concession de D.M est assaillie par les voisins. Devant le forage personnel de ce fonctionnaire à la retraite, femmes, jeunes se bousculent pour remplir soit une bassine, un seau où un bidon… « Cela fait trois jours que nous n’avons pas d’eau », fulmine G.F, mère de trois enfants qui attend son tour dans la foule devant le forage de D.M qui débite le précieux liquide. Bruno, qui vient d’être servi se détache de la foule, tout soulagé. « Nous remercier notre voisin pour avoir mis à notre disposition son forage », confie Bruno, la mine réjouie, il regagne son domicile, avec son bidon jaune, qu’il transporte dans une brouette. Nous sommes au Groupement foncier de Yopougon.
Dans ce quartier populaire, comme dans de la plupart des communes d’Abidjan, les populations sont contraintes de multiplier les déplacements de ce genre pour obtenir de l’eau plus ou moins potable. La situation a suscité des mouvements d’humeurs dans certains quartiers. Ce mercredi 6 mai, des femmes d’Abobo et d’Anyama ont battu le pavé au niveau du quartier PK 18, pour crier leur ras-le-bol, face à la pénurie d’eau à laquelle elles sont confrontées. Elles avaient érigé des barricades sur la chaussée pour interpeler les pouvoir publics. « Cela fait cinq mois que nous n’avons pas d’eau. Nous sillonnons les quartiers à la recherche d’eau comme si nous sommes dans une zone sahélienne », lançait une jeune dame. Il y a un mois, le 9 avril dernier, des populations avaient barré la voie qui mène à Dabou, plus précisément au niveau de l’Institut pasteur, pour protester contre le manque d’eau dans les robinets.
Selon les experts, cette pénurie d’eau est la résultante de l’assèchement des barrages qui alimentent les installations de la Société de distribution d’eau en Côte d’Ivoire (Sodeci). On pointe du doigt, le changement climatique.
Pour le ministère de l’Hydraulique, cette perturbation de l’accès à l’eau potable est causée par « de nombreux cas de casses de conduite de distribution d’eau potable (tuyaux) lors des travaux de voirie, perturbant la desserte en eau potable dans plusieurs quartiers. A savoir Yopougon, Angré et Dokui (institut des aveugles, le quartier Gouro de Koweït, Djorogobité, Bessikoi, Angré CHU, Abobo Baoulé, Djibi 8ème tranche, Aboboté et Abobo Dokoui…). Il évoque également des « incidents techniques liés aux micros coupure d’électricité qui ont entrainé une instabilité de la production, perturbant la desserte dans plusieurs quartiers d’Attécoubé et Yopougon (Agban, Santé 3, Micao, Zone Industrielle, Cargill, Gesco…) ».
Vendredi, le ministre des Mines, du pétrole et de l’énergie, Thomas Camara, a fait savoir que ces coupures d’électricité pourraient atteindre, à partir du lundi 10 mai, 6 h par jour. Cela sur une période de trois mois. M. Camara fait remarquer que la situation est dû à « un problème conjoncturel et non structurel causé par une série d’incidents et à l’utilisation de l’électricité hydraulique pour compenser l’utilisation de l’électronique thermique qui à engendré cette situation de rationnement de l’électricité. ».
Le ministre de l’Hydraulique, Laurent Tchagba, ajoute à cela, l’urbanisation galopante comme c’est le cas à Ayama extension, à Attécoubé et plusieurs autres quartiers d’Abidjan. La fraude sur le réseau d’eau potable est également dénoncée comme une cause de cette pénurie. L’eau destinée aux abonnés est, en effet, souvent détournée par les fraudeurs. Ce mercredi 5 mai 2021, le Ministre Laurent Tchagba a convoqué une réunion de crise pour trouver « une solution urgente ». Il était composé d’experts l’Office national de l’eau potable (ONEP) et de la SODECI. M. Tchagba a demandé à ses experts de veiller à la sécurisation des sites stratégiques disposant de groupes électrogènes tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays. Cela de sorte que les coupures régulières d’électricité n’ait pas trop d’impacts sur leur fonctionnement et d’autres part de faire des propositions afin que les unités dépourvues de groupes soient pris en compte.
Il a annoncé l’acquisition de 20 camions citernes d’ici le 15 Juin 2021 qui viendront renforcer les 03 citernes existantes. Pour soulager les populations. Au sortir de cette rencontre, il a invité les populations au calme. « Tout est mis en œuvre pour garantir votre accès à l’eau potable », a-t-il rassuré. « On ne peut pas vivre sans eau. Il faut que le gouvernement nous aide », plaide Madelaine, résidente de la commune d’Abobo-N’Dotré.
Ténin Bè Ousmane