Les mesures barrières contre la propagation du coronavirus n’ont pas épargné le secteur de la coiffure. Clientes et coiffeuses tentent, non sans difficultés, à s’adapter, le temps de voir passer la tempête.
Comment arranger sa tête en ces temps qui courent ? Ce désir ardent chez les femmes est très éprouvé par la conjoncture imposée par le coronavirus. Depuis la fermeture des salons de coiffures à Abidjan, M.S. ne se sent plus tout à fait coquette. « Je voulais faire des tresses, se désole-t-elle, mais j’ai finalement renoncé ». Cette dame a, en effet, pensé au mode de contamination au coronavirus. Les tresses dont elle raffole exigent que les mains diligentes de sa coiffeuse parcourent son cuir chevelu, de fond en comble. Donc un contact direct, rendant impossible l’observation des mesures barrières contre cette maladie…
C.S, elle, ne craint pas à ce point le risque de contamination. Elle pense qu’il est bien possible de prendre ses précautions durant une séance de coiffure. Notamment en portant un masque et se lavant les mains avec de l’eau savonneuse avant de prendre place devant la coiffeuse, elle-même bien masquée. Pourtant, depuis deux semaines, cette dame n’arrive toujours pas à refaire ses dreads. « Je ne fréquente qu’un seul coiffeur. Malheureusement, il a fermé boutique, en respect aux mesures des autorités, dans le cadre de la riposte contre le covid-19 », explique C.S.
Depuis l’avènement du conci-19, la plupart des coiffeuses ont rangé peignes, ciseaux, mèches et autres !
Les conseils de Nadège Kouamé
Nadège Kouamé, propriétaire du salon de coiffure « Providence Coiffure », situé dans le quartier d’Adjamé-Agban-Village, livre quelques astuces pour maintenir les cheveux en cette période de confinement. La coiffeuse propose notamment de nombreux soins maison, faciles à réaliser. « Je recommande aux femmes qui connaissent leurs types de cheveux, d’utiliser un shampoing et un démêlant adapté. Elles doivent laver les cheveux une fois par semaine », explique-t-elle. Pour les femmes qui qui ont des cheveux gras ou des pellicules, Nadège Kouamé conseille l’utilisation d’un shampoing traitant. Et elles devront laver les cheveux deux à trois fois par semaine. Quant à la pommade, elle recommande le beurre de karité ou le beurre de cacao.
La patronne de « Providence Coiffure » oriente celles qui portent des dreadlocks vers les produits spéciaux. « Il existe des produits spéciaux pour leur entretien. Un conseil important : se peigner régulièrement les cheveux pour éviter les nœuds », conseille Nadège Kouamé.
Pour s’adapter à la situation, Nadège Kouamé, propose un service minimum. Le temps que la tempête passe. Mais les clients se font rares. « Certaines prennent rendez-vous avant de venir au salon. D’autres clientes demandent à ce qu’on se rendent chez elles à domicile », explique la jeune coiffeuse. Elle reçoit entre six et huit clientes par semaine depuis le début de la crise sanitaire. « Avant la crise du covid-19, on en recevait 20 à 30 clientes par semaine », se souvient-elle. Histoire de relever la rareté de la clientelle.
Face à l’invisible adversaire, où il faut respecter la règle de la distanciation, elle a réduit son personnel. « J’avais sept filles. Mais je les ai libérées au début des mesures. A présent, j’ai fait appel à l’une d’entre elles. Nous sommes maintenant deux », soutien la patronne de « Providence Coiffure ». « C’est très difficile. Il faut payer le loyer ». Le gouvernement avait proposé aux propriétaires de maison de faire preuve de souplesse avec leurs locataires. Mais les négociations ne sont pas toujours faciles. Et Nadège Kouamé n’a pas réussi à trouver un terrain d’entente pour le mois de mars. « Lorsqu’il est venu pour prendre son loyer, je lui ai dit que je n’ai pas eu l’argent à cause du confinement. Il m’a répondu qu’il me laissait une semaine pour payer. Une semaine après, je lui ai remis son argent. Ce sera très difficile pour ce mois de lui donner son argent parce que ça n’a été pas facile ».
En attente du soutien de l’Etat
Nadège espère le soutien du gouvernement. Elle a été déjà appelée dans ce cadre par le président des coiffeurs de Côte d’Ivoire. « Cela une semaine que je lui ai fait parvenir la liste. Mais je n’ai pas encore de suite. On espère qu’ils vont faire quelque chose », espère-t-elle.
Clémentine Silué