Communément appelé ‘’encens’’ en français, le ‘’houssounan’’ en bambara ou thiouraye en wolof, est une association de plantes aromatisée. Cette résine d’Afrique est très appréciée par les femmes de l’Afrique de l’Ouest.
Le ‘’houssounan’’ est souvent utilisé comme arme de séduction. Les effluves de ce parfum sont connus pour éveiller le désir et les sens de l’homme.
Le « houssounan » est aussi utilisé à la maison et sur le corps. Les secrets de fabrication de ce parfum sont jalousement gardés et transmis à la jeune fille au moment du mariage comme le voudrait la tradition.
Nous étions aux préparatifs du mariage de Mariam S., épouse Touré. Notre équipe de reportage a été instruite des bienfaits du « houssounan ». On nous informe qu’il a plus de vertus que le ‘’Baya’’ déjà connu de tous.
Séduire par l’odorat
Pour retenir leurs maris à la maison, certaines femmes africaines, surtout en Afrique de l’Ouest, ont plusieurs tours dans leurs sacs. Le « houssounan » reste un secret bien gardé par nos mamans. C’est le ‘’Secret de femmes’’.
‘’Mon mari est excité quand il sent le doux parfum de mon houssounan’’, confie Maïmouna Kanté, femme au foyer. Selon elle, le houssounan a un pouvoir magique sur son mari qu’elle parvient à séduire quand elle ‘’veut’’.
‘’Avant notre mariage, il m’avait confié qu’il aimait le baya. Mais j’ai remarqué que quand je mets le houssounan, il perd tous ses moyens’’, ajoute-t-elle. Depuis, elle ne cherche plus loin. Elle utilise ce secret de femme pour retenir son mari à la maison.
« Le houssounan est utile pour une femme mariée », affirme Ténin Konaté, fabricante et vendeuse de cet encens depuis 20 ans.
Selon la professionnelle, sentir bon est recommandé même dans la religion musulmane. C’est là que le « houssounan » entre en jeu.
Bruit de tam-tam et de calebasse se faisaient entendre au mariage de Mr et Mme Touré. C’est des ‘’Puissanci Mariam Puissanci à magnideh’’ qui se font entendre. En quoi Mariam est puissante ? N’est-ce pas la référence faite au secret de femme : le houssounan ?
Un secret de grande mère
L’encens est utilisé en Afrique depuis des siècles. Ténin explique qu’il y a ‘’plusieurs variétés d’encens’’ avec des utilisations différentes : il y a ce qu’on appelle ‘’le guéni blema’’, utilisé pour parfumer la maison, ‘’le guéni fima’’, utilisé pour parfumer la jarre, ‘’le mognokissaini’’, utilisé par les femmes nouvellement mariées. Elle est supposée parfumer le corps, surtout la partie intime de la jeune mariée.
‘’Le babi’’, utilisé comme boisson, humidifie la partie intime tout en la parfumant. Cette variété aide le corps à ne pas transpirer. Le ‘’gongon mougou’’ est utilisé pour parfumer les aisselles et les serviettes. Le ‘’djekalani’’ et le ‘’saraka danai’’ sont utilisés uniquement la nuit pour sentir bon tout au long de l’acte sexuel.
Elle ajoute que l’encens était un secret bien gardé de nos grandes mères africaines. « Mais de nos jours, il est vendu sur le marché à des prix qui varient entre 2000 FCFA et 15000FCFA », se désole-t-elle.
Nous sommes maintenant chez Awa Sanogo (grande mère de la mariée). Cette septuagénaire (82 ans) nous explique comment utiliser le « houssounan » selon la tradition. La mémé nous instruit que pour mieux bénéficier du parfum de son encens, il est conseillé́ d’y mettre plus de cendres auxquelles on ajoute quelques braises de feu pour ensuite y déposer l’encens.
Se mettre au-dessus de l’encensoir, après chaque bain ou avant d’aller au lit en vue de se parfumer le corps. Composé d’arômes veloutés le « houssounan » est également utilisé par les femmes pour retenir les conjoints à la maison.
En plus de ses vertus de séduction, cet encens est par ailleurs utilisé pour chasser les moustiques et les mauvaises odeurs de la maison.
Ténin regrette le fait que les femmes ont tendance à abandonner l’encens au profit des parfums de luxe. « Les parfums sont faits pour les jeunes filles et les hommes », dit-elle. Toutes les femmes qui connaissent les valeurs et surtout l’histoire du houssounan ne l’abandonneront jamais au profit des parfums industriels ».
Elle précise que seules les femmes mariées doivent utiliser l’encens, car une jeune fille qui l’utilise s’expose au risque de ne pas pouvoir avoir un mari, selon certaines croyances populaires.
Cédric Brayanne